vendredi 27 mars 2015

Rien ne va ! Le temps est hors de ses gonds.


Aujourd’hui, dans maints endroits du monde les minorités nationales, ethniques, religieuses, sont inquiètes. Par exemple en Inde depuis l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite représentée par le Parti du peuple hindou, les Musulmans et les Chrétiens dénoncent les tensions croissantes et les exactions nombreuses dont ils sont les victimes et qui ont déjà provoqué la mort de milliers de personnes.
Les attaques meurtrières contre les minorités se multiplient dans le sous-continent indien. Un sentiment de peur et d’inquiétude se développe à juste titre parmi les populations. Le caractère séculier de la constitution indienne est mis à mal depuis un bon nombre d’années. La liberté religieuse tant prônée par le Mahatma Gandhi, est oubliée depuis des décennies.
Au Pakistan, pas une semaine sans apprendre la mort de Chrétiens victimes d’attentats et d’exactions. La situation de cette minorité religieuse est dramatique et l’abandon international et même l’oubli médiatique dont ils sont victimes renforcent encore le sentiment d’injustice. La détresse des minorités pakistanaises est grande et notre responsabilité internationale évidente.
Au Proche et au Moyen Orient, les minorités religieuses sont en train d’être éradiquées. Hier vendredi, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a porté la question des Chrétiens d’Orient devant l’ONU.
Cette région du monde bascule inexorablement dans la violence, la destruction, et la persécution de son prochain sous prétexte qu’il est différent. La réélection récente de Netannyahou en Israël est annonciatrice de lendemains funestes.
Situation incandescente de cette région, dont on ne connaît pas l’issue.

En France même, pays pourtant animé par un idéal laïque et démocratique fondé sur la citoyenneté, l’égalité de tous et la liberté, il est difficile aujourd’hui d’être musulman, et de pratiquer sa religion en toute quiétude. Les attaques, les caricatures de toutes sortes, les amalgames xénophobes et racistes dont les Musulmans sont victimes, créent parmi cette minorité un climat d’inquiétude. Suffit d’aller discuter avec des Musulmans français pour s’en convaincre.
Pour ce qui concerne nos pays démocratiques, il faudra toujours rappeler qu’une liberté d’expression mal employée peut blesser la dignité des personnes en offensant leurs convictions les plus intimes. Ces blessures répétées depuis des années à l’encontre d’une partie de la population française le plus souvent exclue, sème la violence. Rappelons que s’il existe un droit de critiquer, il n’existe pas de « droit d’offenser ».
La liberté d’expression qui est un droit fondamental, implique une obligation de responsabilité. Cette responsabilité de celui qui a la possibilité et la chance de pouvoir s’exprimer publiquement, doit toujours s’accompagner d’une vision du bien commun. La liberté d’expression ne doit pas être mise en oeuvre dans un but d’offenser et de faire rire aux dépens de celui qui n’a pas les moyens de répondre. Chacun a le droit d’être respecté dans son être et dans ses convictions.
La coexistence dans un monde pluraliste est une obligation pour tout le monde.

Aujourd’hui on a le sentiment que le temps est sorti de ses gonds.

« Ô sort maudit » répète Hamlet dans la pièce de Shakespeare, rien ne va ! Le temps est hors de ses gonds.
Et l’homme juste pense qu’il doit et qu’il peut le rétablir dans ses attaches, c’est-à-dire dans son sens, dans sa direction.
L’indignation de l’homme face à l’injustice, à la violence, est un moteur essentiel de accomplissement du monde dans lequel nous vivons.
L’indignation ne peut être sans l’entente du sens que le monde nous livre quotidiennement, de sa courbure et de sa désarticulation.

Le désir de rétablir une droiture, une justice, est celui de combler une différence, de la résoudre. Elle nécessite l’écoute de son prochain, de son cri et de sa souffrance.


François Baudin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire