La
violence survenue au cours des derniers jours dans les rues, comme l’évacuation
musclée par la police des places publiques où se déroulaient les Nuits debout, sont les signes que
quelque chose ne va plus dans notre pays.
Le
climat délétère, le pourrissement d’une situation tendue ne pouvant mener qu’à
la répression sont-ils des objectifs que le gouvernement souhaite installer
dans les esprits de chacun d’entre-nous ?
Il
est évident que la violence minoritaire opérée par quelques individus ne va pas
dans le sens d’un élargissement de ces mouvements. La violence est même
nuisible à l’ouverture démocratique que ces mouvements pacifiques souhaitent
mettre en œuvre.
A
cette violence de quelques-uns, l’Etat naturellement de par sa nature même,
répond de façon identique : par la violence et la répression. Or il faut
savoir que la violence revêt toujours deux aspects : un premier considéré
comme illégal mais qui peut sembler légitime pour quelques-uns dans des
situations données, et l’autre aspect légal lorsqu’il est le fait d’un Etat,
mais qui peut paraître illégitime, antidémocratique et répressif.
Il
faudra toujours se rappeler que l’Etat dans n’importe quel région du monde et à
toutes les époques a toujours le monopole de la violence. Ce monopole de la
violence par l’Etat n’a véritablement jamais été questionné, n’a jamais été mis
sous le feu de la réflexion critique, ou alors toujours de manière partisane.
Quel que soit le parti pris, la réflexion sur la violence n’a jamais abouti
qu’à des prises de position unilatérale qui laisse chacun d’entre-nous avec sa
conscience.
La
réponse actuelle du gouvernement, est de mettre en avant et donc de légitimer
son action en se fondant sur l’Etat de Droit.
Mais
justement les manifestants nombreux contre la loi El Khomri, ou les
manifestants des Nuits debout, se
réclament aussi de l’Etat de Droit. Que veulent-ils : ils veulent plus de
Droit, de démocratie, plus de fraternité, plus de dignité, plus de
considération face à un monde violent, inégalitaire et faussement démocratique.
Il
faut se sortir de cette impasse dans laquelle la violence (celle de l’Etat
comme celle de minorités), nous enferme. Et rappeler qu’en maintes
circonstances, les vrais problèmes sont cachés par la violence lorsque celle-ci
est mise en avant. C’est même parfois son objectif : recouvrir les vrais
problèmes d’un voile tissé par la peur que toute violence produit ; peur
qui vient pervertir notre besoin de paix, de tranquillité, de fraternité et de
justice.
Les
vrais problèmes seront-ils cachés par les événements récents violents ?
Il
ne faut pas le souhaiter, et même il faut continuer de dénoncer pacifiquement
et le plus massivement possible la situation difficile vécue par tant de
personnes dans le monde : exclusion, précarité, rejet et abandon de pans
entiers de la société, de régions entières, même de pays.
Aujourd’hui
dans le monde, ce sont des milliards d’individus qui n’ont rien, absolument
rien. Des millions d’hommes, de femmes d’enfants sont en errance sur les routes,
dans des bateaux, fuyant la misère et les guerres multiples. Au même moment une
centaine de personnes à peine possèdent l’équivalent en richesse de plus de la
moitié de la population mondiale.
En
France la situation n’est guère différente. Des millions d’individus sont
laissés pour compte, des régions entières s’appauvrissent, des banlieues dérivent
en proie au chômage de masse.
Ces
inégalités terribles ne peuvent que produire de la violence. Et elles en
produiront encore si on ne vient pas y remédier. Cela tout le monde est en capacité
de le comprendre.
Les
manifestants contre la loi El Khomeri ou les gens rassemblés sur les places,
les Nuits debout le disent pacifiquement. Il faut les écouter. Il y a va de
notre avenir commun.
François
Baudin