Cette semaine les informations en provenance d’Alep
sont insupportables. Aucun homme ne peut accepter ce qui s’y passe : corps
morts d’enfants, de femmes, de vieillards au milieu des ruines, longues files
d’hommes hagards portant quelques maigres bagages, fuyant un enfer de chaque
instant. Bombardements continuels tuant jours et nuits, sans distinction,
combattants et civils.
On sait depuis toujours que le Régime de Damas est
prêt à tout, prêt à commettre les pires crimes pour rester en place. Il le
montre chaque jour et depuis toujours.
Plus rien dans ces ghettos assiégés ne doit rester
debout, ni vivant. Jusqu’à ce qu’un silence de mort y règne. La machine de
guerre en marche depuis des années atteint son paroxysme. L’impensable se
réalise.
Face à cette guerre, les citoyens que nous sommes
crient leur indignation, leur répulsion.
Pourquoi le reste du monde ne peut-il rien faire pour
sauver les vies, pour régler ce conflit qui dure depuis si longtemps ?
Au début de la guerre, en 2012 et 2013, je me souviens,
le clan Assad, pressentant la fin de son règne, voulait négocier une paix lui
permettant de sauver son Régime. La communauté internationale, c’est-à-dire
principalement la France, l’Europe et les Etats-Unis, refusèrent absolument
toute forme de négociation avec ce régime de dictature, alors que de multiples
associations pacifistes, connaissant bien la situation en Syrie, réclamaient
une paix négociée avec le Régime en place. Pour ces associations
internationales la seule solution était la négociation. Je pense principalement
à la communauté Sant’egidio.
Mais les grandes puissances ont refusé absolument
toute négociation avec Damas. Elles ne voulaient pas en entendre parler,
pensant vaincre militairement le dictateur. Notre ministre de l’époque, Laurent
Fabius était parmi les plus va-t-en guerre au monde. Les grandes puissances
occidentales en lien avec le pouvoir dictatorial d’Arabie saoudite, étaient les
faiseuses de guerre. Elles ont armé les terroristes islamistes qui éliminèrent
en premier lieu les forces démocratiques syriennes. Les démocrates Syriens sont
maintenant quasi inexistants. Les forces démocratiques syriennes ont été décimées
par la famille Assad, avant les printemps
arabes avec la complicité des pays occidentaux, puis lorsque l’Arabie
saoudite est entrée en guerre contre le Régime syrien, ce furent les islamistes
qui terminèrent le travail.
Aujourd’hui depuis l’entrée de la Russie aux côtés
d’Assad, cette même communauté internationale, réunie autour des Etats-Unis et
de la France, n’a plus du tout la maîtrise de la situation, alors qu’en 2012 et
2013, elle pensait vaincre et chasser Assad par une guerre totale. La situation
s’est renversée. Le rapport de force a changé de camp.
Poutine ne défend que les intérêts de la Russie, comme
la France et les Etats-Unis ne défendaient que les leurs. Dans cette affaire,
les peuples n’ont rien à gagner, au contraire : pour eux ces guerres, ces
conflits d’intérêts ne pourront se solder que par la mort. Pour les populations,
rien ne change, et les réfugiés par millions quittent les zones de combats
quand ils n’y meurent pas.
Dans ces conditions, la responsabilité de la communauté
internationale, France en tête, est immense : En Syrie, c’est une longue
liste d’erreurs qui un jour devront être rappelées, analysées.
Être le terrain de jeu des grandes puissances ne peut
mener qu’à la ruine des Etats et des peuples qui y vivent.
Jamais les grandes puissances n’ont œuvré en faveur de
la paix et des droits de l’homme, qui ne sont la plupart du temps que des
prétextes pour maintenir leur propre puissance, leur domination. Les nations
ont toujours raisonné en terme d’avantages, de rapports de force et d’intérêts
à sauver ou à conquérir.
Tant que les relations internationales seront fondées
sur les puissances et les intérêts, il y aura la guerre. La tragédie actuelle
du monde se situe exactement là.
Cette tragédie qu’Alep aujourd’hui symbolise, se solde
par la désolation, la ruine et la mort.
Soit l’homme accepte d’être dominé par la puissance
avec toutes les conséquences dramatiques, soit l’homme dit non à ce monde et
s’engage pour un autre monde. Jamais les armes n’arriveront à régler un conflit
entre des intérêts. La victoire d’un camp alimentera toujours une guerre future.
François Baudin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire