L’homme est dans l’erreur lorsqu’il se croit
indispensable, lorsqu’il se considère comme l’éternel faiseur de miracles,
comme celui qui maîtrise la destinée de populations entières, lorsqu’il se voit
l’exception, l’élu, quelque chose d’incomparable, le grand réformateur, celui
grâce à qui tout va changer, l’unique, le sauveur suprême ; celui qui
nomme son histoire personnelle, l’histoire universelle. Vanitas vanitatum homo.
La décision jeudi dernier de François Hollande de
renoncer à renouveler son mandat présidentiel, est probablement la plus grande
des décisions que cet homme n’ait jamais prise.
Même si le président Hollande ne pouvait guère faire
autrement, car sans soutien dans son propre camp, et surtout sans celui des
Français sondés et resondés qui ne veulent plus voir cet homme à la tête du
pays, tenir les manettes de nos destinées.
Rarement un homme a été aussi impopulaire.
Le Président était littéralement dans une
impasse : il ne pouvait plus rien faire, chaque décision pouvait se
transformer en catastrophe.
Réduit à l’impuissance, il ne pouvait aussi plus rien
promettre.
L’élection est basée sur une promesse le plus souvent
non tenue. Comment était-il possible qu’un homme, qui ne pouvait plus rien
promettre, puisse à nouveau se présenter au suffrage des Français ?
Pourquoi un nouveau mandat ? Pour quoi faire et avec qui ?
Il ne pouvait plus rien promettre, car aucune de ses
promesses précédentes n’avait été tenue. Mais est-ce le sort des promesses
électorales ne pas être tenues ? Le sort des hommes politiques n’est-il
pas de trahir ?
Mais même pour ceux qui n’avaient pas attendu
grand-chose de l’élection de Hollande en 2012, il y a eu une grande déception.
Hollande faisait le plus souvent l’inverse de ce pour quoi il avait été élu.
Jeudi soir, tout le monde a jugé le président digne,
ému, humain. Pour une fois il est devenu ce qu’il nous avait promis il y a cinq
ans : être un homme normal.
Nous l’avons écouté avec un peu de pitié : celle
qui nous dit qu’on ne tire pas sur un homme blessé.
Il n’y aura pas d’hallali pour Hollande, et c’est tant
mieux. Au moins il aura évité cette indignité.
Alors dès jeudi, l’espoir d’autre chose est revenu
dans les esprits de beaucoup. Une page est tournée, et soudain pour un grand
nombre l’horizon s’est dégagé.
Méfions-nous maintenant des discours, des promesses,
des sauveurs suprêmes. Les promesses au cours des semaines à venir, nous allons
en entendre quotidiennement !
Le système démocratique fondé sur l’élection de nos
représentants remplit une fonction essentielle : celle de nous demander de
démissionner de nos propres responsabilités et de notre souveraineté, et de
nous en remettre à un homme providentiel le temps d’un mandat sans contrôle
démocratique et sans obligation de faire ce qui a été promis.
Aujourd’hui la démocratie telle qu’elle est mise en
œuvre est une démocratie de basse intensité.
L’élection du Président de la République au suffrage
universel direct est tout à fait insuffisante pour qu’on puisse dire que nous
vivons dans une vraie démocratie.
Ensemble, nous devons créer des institutions
collectives et associatives permettant de participer aux décisions, de contrôler
les élus et de les obliger à réaliser les programmes promis.
Aujourd’hui la démocratie reste encore à inventer.
François Baudin
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