Ecoute téléphonique et enfumage de printemps
Tel un tour de prestidigitation,
l’opposition a réussi cette semaine à transformer en affaire Taubira, les
multiples malversations dont l’ancien président Sarkozy est accusé.
Plaçant ainsi l’actuelle Ministre
de la Justice dans l’obligation de se défendre face à des attaques qui si on y
réfléchit bien, sont des écrans de fumée.
Ecrans que la Garde des
Sceaux a contribués à dresser par ses oublis successifs, ses hésitations et ses
petits mensonges.
Mais la question de savoir si la
ministre Taubira était au courant des écoutes, ou bien si elle les ignorait et
jusqu’à quelle date elles avaient été mises en place, n’a pas du tout la même
importance que de pouvoir enquêter en toute indépendance sur les actes délictueux
qui pèsent actuellement sur l’ancien président.
Signalons au passage que ces
écoutes ont été diligentées légalement à la demande du juge d’instruction.
Ajoutons enfin le fait que Nicolas
Sarkozy a utilisé une fausse identité pour ouvrir une ligne téléphonique ; celle
d’un certain Paul Bismuth qui existe réellement et n’était pas au courant.
Cette usurpation d’identité est digne de la mafia et indigne d’un homme qui
fut le premier magistrat de France.
La liste des malversations dont
Nicolas Sarkozy est soupçonné est maintenant si longue qu’on en oublie les
détails : trafic d’influence, abus de bien sociaux, financement occulte de
la campagne électorale de 2007 par Kadhafi, affaire Tapie qui s’est vu octroyé après
la décision d'un tribunal arbitral, la somme
de 403 millions d'euros (243 millions d'euros de
dommages, 115 millions d'euros d'intérêts,
et 45 millions d'euros de préjudice moral).
La polémique à l’encontre de la
Ministre Taubira ne pourra pas cacher et nous faire oublier l’essentiel de
l’affaire. La ficelle est trop grosse.
Actuellement notre pays traverse
de grandes difficultés sociales et économiques. Comment se sortir de cette
longue nuit et regarder l’avenir avec espérance ?
Cette période sombre que nous
vivons tous, touche aussi la politique.
Nous nous trouvons devant une
crise du politique qui a des conséquences éthiques évidentes. Et à terme c’est
la vie démocratique de notre pays qui pourrait en être affectée.
A travers ces multiples affaires,
comment faire pour que la politique au sens grec de la «polis » dans sa dimension à la fois sociale, politique et morale,
puisse encore avoir un sens dans l’esprit de nos concitoyens ?
Cette perte des vertus civiles,
cette perte de l’ethos qui touche notre personnel politique, risque de nous
emmener vers l’aventure comme l’histoire nous l’enseigne.
Aujourd’hui le terrain est
fertile à la démagogie. La politique semble irrémédiablement dévalorisée et
délégitimée aux yeux de nos compatriotes.
Nous ne pouvons pas assister
passivement à cette dissipation de la vie publique, de la vie démocratique, à
la disparition du bien commun et aux pertes de valeur.
L’engagement politique est une
vocation et non une profession où certains s’enrichissent
« La politique, tant dénigrée,
écrit le pape François, est une vocation très élevée, c’est une des formes les
plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun ».
Exigeons d’avoir des hommes
politiques qui soient à la hauteur de leur mission et aient vraiment à cœur le
bien de tous.
François Baudin