Aujourd’hui, dans maints endroits
du monde les minorités nationales, ethniques, religieuses, sont inquiètes. Par
exemple en Inde depuis l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite représentée par
le Parti du peuple hindou, les Musulmans et les Chrétiens dénoncent les
tensions croissantes et les exactions nombreuses dont ils sont les victimes et
qui ont déjà provoqué la mort de milliers de personnes.
Les attaques meurtrières contre
les minorités se multiplient dans le sous-continent indien. Un sentiment de
peur et d’inquiétude se développe à juste titre parmi les populations. Le
caractère séculier de la constitution indienne est mis à mal depuis un bon
nombre d’années. La liberté religieuse tant prônée par le Mahatma Gandhi, est
oubliée depuis des décennies.
Au Pakistan, pas une semaine sans
apprendre la mort de Chrétiens victimes d’attentats et d’exactions. La
situation de cette minorité religieuse est dramatique et l’abandon
international et même l’oubli médiatique dont ils sont victimes renforcent
encore le sentiment d’injustice. La détresse des minorités pakistanaises est
grande et notre responsabilité internationale évidente.
Au Proche et au Moyen Orient, les
minorités religieuses sont en train d’être éradiquées. Hier vendredi, le
ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a porté la question des Chrétiens
d’Orient devant l’ONU.
Cette région du monde bascule
inexorablement dans la violence, la destruction, et la persécution de son
prochain sous prétexte qu’il est différent. La réélection récente de
Netannyahou en Israël est annonciatrice de lendemains funestes.
Situation incandescente de cette
région, dont on ne connaît pas l’issue.
En France même, pays pourtant
animé par un idéal laïque et démocratique fondé sur la citoyenneté, l’égalité
de tous et la liberté, il est difficile aujourd’hui d’être musulman, et de
pratiquer sa religion en toute quiétude. Les attaques, les caricatures de
toutes sortes, les amalgames xénophobes et racistes dont les Musulmans sont
victimes, créent parmi cette minorité un climat d’inquiétude. Suffit d’aller
discuter avec des Musulmans français pour s’en convaincre.
Pour ce qui concerne nos pays
démocratiques, il faudra toujours rappeler qu’une liberté
d’expression mal employée peut blesser la dignité des personnes en offensant
leurs convictions les plus intimes. Ces blessures répétées depuis des années à
l’encontre d’une partie de la population française le plus souvent exclue, sème
la violence. Rappelons que s’il existe un droit de critiquer, il n’existe pas
de « droit d’offenser ».
La
liberté d’expression qui est un droit fondamental, implique une obligation de
responsabilité. Cette responsabilité de celui qui a la possibilité et la chance
de pouvoir s’exprimer publiquement, doit toujours s’accompagner d’une vision du
bien commun. La liberté d’expression ne doit pas être mise en oeuvre dans un
but d’offenser et de faire rire aux dépens de celui qui n’a pas les moyens de
répondre. Chacun a le droit d’être respecté dans son être et dans ses
convictions.
La coexistence dans un monde
pluraliste est une obligation pour tout le monde.
Aujourd’hui on a le sentiment que
le temps est sorti de ses gonds.
« Ô sort
maudit » répète Hamlet dans la pièce de Shakespeare, rien ne va ! Le
temps est hors de ses gonds.
Et l’homme
juste pense qu’il doit et qu’il peut le rétablir dans ses attaches,
c’est-à-dire dans son sens, dans sa direction.
L’indignation
de l’homme face à l’injustice, à la violence, est un moteur essentiel de
accomplissement du monde dans lequel nous vivons.
L’indignation
ne peut être sans l’entente du sens que
le monde nous livre quotidiennement, de sa courbure et de sa désarticulation.
Le désir de
rétablir une droiture, une justice, est celui de combler une différence, de la
résoudre. Elle nécessite l’écoute de son prochain, de son cri et de sa souffrance.
François Baudin