jeudi 28 février 2019
11 mars à 18 h à Tomblaine, Salle Jean Jaurès : Vernissage de l'expo sur la résistance et le mouvement ouvrier (1936-1946) en Lorraine. Et conférence de Jean-Claude Magrinelli
Venez nombreux au vernissage, puis assister à la conférence de Jean-Claude Magrinelli.
Lundi 11 mars à 18 heures, à Tomblaine, salle Jean Jaurès.
mercredi 20 février 2019
En morceaux par Claude Vautrin
La
France en morceaux ! Comment ne pas en observer, regretter le constat,
sans pour autant ne pas en assumer la responsabilité. Etymologiquement, morceau
signifie, à propos d’un mets solide, un de ceux qu’on détache en mordant. Il
nous souligne aussi qu’une telle partie n’est pas forcément comestible. Voilà
bien ce qui me pousse depuis quelques trois mois à ne pas digérer les méchants
ingrédients, qui sont autant d’insultes à mon éducation, mes acquis, mes
interrogations. N’en vient-on pas aujourd’hui, dans notre si chère République,
à rejeter, malmener, voire nier un mouvement spontané, riche de citoyens en mal
d’expression, sans doute parce qu’ils ne comptaient plus, sinon pour les taxes
dont ils s’acquitt(ai)ent, celui des Gilets Jaunes- ce n’est pas un gros mot.
Sans parler des cheminots hier, des lycéens, au combat quasi inaperçu, des salariés
désemployés, des entrepreneurs désabusés... Là n’est pas le pire. Les premiers
ont-ils trouvé la possibilité de s’exprimer - dans la rue, aujourd’hui, dans
les urnes, demain - et les voilà, immédiatement accablés du pire : crétinisme,
complotisme, racisme, homophobie, et désormais antisémitisme.
Le
puzzle républicain, jamais définitivement composé, tant est harmonieuse sa
composition et fragile son devenir, en vient même à mettre le doute sur ce qui
relève de la fraternité et du mépris de classe, de la démocratie et de l’écran
de fumée, oratoire ou lacrymogène, ou encore de l’antisémitisme et de
l’antisionisme. A ne plus rien comprendre dans ce qui nous a construit : la
liberté (de conscience et des peuples, ici et là, à disposer d’eux-mêmes), la
fraternité, en mal, c’est vrai, de repères, et l’égalité, en somme la justice
sociale, réellement défaillante, ce n’est pas nouveau.
Le
constat, malheureusement lucide, n’incite-t-il pas tout un chacun à se regarder
dans le miroir. Mais cela suffit-il ? Doit-on en effet se contenter des brisures
qui le maltraitent, ou faut-il appeler à sa rupture, face aux entreprises de
démolition en cours ?
Claude VAUTRIN
jeudi 14 février 2019
Des gilets jaunes pour être visibles
– Comment analysez-vous le
mouvement des Gilets jaunes que vous accompagnez depuis sa création en novembre
2018 ?
– La révolte
vient de loin. Elle est très profonde et touche les couches les plus populaires
de notre pays. Il semble que le pouvoir et les institutions étatiques auront
quelques difficultés à le faire rentrer dans le rang.
Ce mouvement est spontané et encore inorganisé malgré quelques tentatives très intéressantes de se coordonner démocratiquement comme cela a eu lieu le 27 janvier à Commercy dans la Meuse à travers une assemblée des assemblées ; il nous réconcilie avec le pays que l’on pensait en proie à ses démons nationalistes, à la démobilisation ou encore au renoncement face aux inégalités monstrueuses que ce monde produit.
Ce mouvement est spontané et encore inorganisé malgré quelques tentatives très intéressantes de se coordonner démocratiquement comme cela a eu lieu le 27 janvier à Commercy dans la Meuse à travers une assemblée des assemblées ; il nous réconcilie avec le pays que l’on pensait en proie à ses démons nationalistes, à la démobilisation ou encore au renoncement face aux inégalités monstrueuses que ce monde produit.
– Qui sont ces Gilets
jaunes que vous côtoyez régulièrement ?
– Ce sont
des personnes qui, pour la plupart, sont en situation précaire ou de
précarisation rapide. Elles n’ont pas d’avenir dans la société française
d’aujourd’hui, elles étaient invisibles, au bord de la route et, soudain, elles
enfilent un gilet jaune fluo et deviennent visibles, elles existent. Il y a des
gens au bord de la précarité en France qui exigent plus d’égalité et plus de
démocratie. Ils posent comme principe et comme réalité que tous les hommes sont
capables de penser et donc d’agir et s’occuper des affaires de la cité, d’avoir
des émotions poétiques et esthétiques, d’entendre le sens des choses…
– Cela fait trois mois que les
GJ, comme on les appelle parfois, manifestent sur les ronds-points et dans les
rues des villes. Jusqu’où iront-ils ? Jusqu’à quand ?
– Nul ne sait jusqu’où ce mouvement ira.
Peut-être une conscience nouvelle émergera-t-elle face aux énormes puissances
économiques mondialisées et à l’État libéral qui les sert. Alors un nouveau sujet viendra frapper à la porte de
l’Histoire pour s’y installer.
C’est un événement inouï lorsque des hommes et des femmes qu’on ne comptait pas, qui à aucun titre n’étaient appelés à exercer le pouvoir, des gens de rien qui étaient en excédent-jetable, surnuméraire sur le compte de la société, se mettent soudain à exister, font effraction, occupent les ronds-points et les rues des villes revêtus d’un gilet jaune pour être vus et se rappeler à la politique. Au fond, les gens rassemblés dans ce mouvement veulent un autre destin et s’estiment capables de le conduire, et donc capables tout de suite de s’occuper des affaires communes. Le fameux RIC réclamé à cor et à cris en est le symbole simplifié. Ce qui paraissait hier encore impossible devient possible.
C’est un événement inouï lorsque des hommes et des femmes qu’on ne comptait pas, qui à aucun titre n’étaient appelés à exercer le pouvoir, des gens de rien qui étaient en excédent-jetable, surnuméraire sur le compte de la société, se mettent soudain à exister, font effraction, occupent les ronds-points et les rues des villes revêtus d’un gilet jaune pour être vus et se rappeler à la politique. Au fond, les gens rassemblés dans ce mouvement veulent un autre destin et s’estiment capables de le conduire, et donc capables tout de suite de s’occuper des affaires communes. Le fameux RIC réclamé à cor et à cris en est le symbole simplifié. Ce qui paraissait hier encore impossible devient possible.
– A quel prix ? Celui de la
violence, des exactions, des blessures…
– Oui, il y
a eu une douzaine de morts, plus de 2.000 blessés, des mains arrachés, des yeux
crevés, 1800 condamnations par la justice et presque autant en attente de
jugement. Il y a aussi des policiers blessés, des magasins détruits, des
symboles de la République tagués. Mais la violence elle est d’abord sociale.
Elle est dans la vie qu’on fait mener à ces populations précaires et à leurs
enfants. On peut comprendre, sans la justifier, la violence des GJ dans les
rues.
Et puis, l’Histoire nous apprend que rien n’a été obtenu sans la violence : le suffrage universel, l’abolition de l’esclavage…
Et puis, l’Histoire nous apprend que rien n’a été obtenu sans la violence : le suffrage universel, l’abolition de l’esclavage…
– Outre la violence dont on les
accuse, les GJ seraient aussi racistes et antisémites. Qu’en pensez-vous ?
– La vague
de mépris dont les Gilets jaunes continuent de faire l’objet mérite à elle
seule d’être analysée. Homophobes, racistes, antisémites, complotistes, tout a
été dit pour les disqualifier. Ce mépris me fait penser à certains
intellectuels, écrivains, valets du pouvoir et journalistes face à la Commune
de Paris en 1871 ou face aux journées de Juin 1848. Deux événements
révolutionnaires où des milliers de Parisiens se sont fait massacrer par
l’armée et déporter par les gouvernements de l’époque. Aujourd’hui bien sûr, il
n’y a plus de massacre, mais comme je l’ai dit : les éborgnés, les mutilés sont
nombreux. Et beaucoup de manifestants ont été emprisonnés, mis en garde à vue
ou interdit de manifester.
–La faute aux journalistes ?
– A travers
l’histoire et devant la levée d’une partie du peuple, beaucoup d’intellectuels
et écrivains ont ouvertement pris position contre le mouvement avec une
virulence qui surprend toujours par son ampleur ; refusant de comprendre les
raisons de se révolter, de saisir les causes profondes qui viennent de loin,
ces intellectuels et journalistes ont failli à leur devoir. Il s’agit d’une
véritable trahison. Il en était déjà ainsi face aux paysans de 1789 traités de
ploucs, de gueux, de foules stupides et haineuses, d’ignares, éternelle race
d’esclaves ; idem en 1848 : ivrognes, jouisseurs, barbares, sans le sou,
fainéants ; rebelote en 1871 : sauvages, nomades, pétroleuses, incendiaires,
races primitives, populace, etc. Et aujourd’hui le peuple en mouvement devient
raciste, antisémite et homophobe.
– On essaie ainsi d’étouffer le
mouvement des GJ ?
– C’est une
guerre idéologique. En présentant les Gilets jaunes comme des complotistes, des
racistes, antisémites etc. ils deviennent infréquentables. Et puis, il y a le
Grand Débat National qui est principalement un écran de fumée. Enfin, un
durcissement de la répression via cette loi anticasseurs qui a pour but
d’empêcher les Gilets jaunes de manifester.
– Comment tout cela va finir ?
– On ne peut
pas savoir. Le mouvement est très profond. La revendication du RIC (Référendum
d’initiative Citoyenne) symbolise la démocratie directe qu’ils souhaitent. Les
Gilets jaunes veulent plus d’égalité fiscale et sociale. Maintenant que le
peuple a commencé de se soulever, de s’émanciper, le combat démocratique doit
être mené jusqu’au bout ; il sera long.
Propos recueillis
par Marcel GAY https://infodujour.fr/societe/21546-des-gilets-jaunes-pour-etre-visibles
par Marcel GAY
*Editions Kaïros
mardi 5 février 2019
Incohérences ! par Claude Vautrin
Incohérences !
Observez la planète est toujours
éclairant. A cet égard, les convulsions qui agitent le Venezuela, et les
incohérences qui en résultent de la part de certains dirigeants occidentaux,
méritent à coup sûr quelque attention. Etymologiquement, l’incohérence nous
ramène à ce qui manque de lien logique. J’en note une de taille : le
recours à l’aide humanitaire comme arme de pression. Brandie au nom de la
liberté par l’auto-proclamé président Guaido, chef du Parlement et opposant au
légitime - jusqu’à preuve du contraire – du président Maduro, elle prend forme
dans le bruit des chenillettes de l’armée colombienne, fermement stationnée à
la frontière. Bogota en est en effet l’un des bras. Le Brésil - et son
président d’ultra-droite - fait de même, dans le sillage du parrain américain.
On ne s’en étonnera pas quand on sait qu’Ivan Duque, le tout jeune président
colombien, a passé une dizaine d’années à la Banque
interaméricaine du développement (BID) à Washington et doit son apogée à Alvaro
Uribe, un autre partisan de la manière forte. Son mandat de président entre
2002 et 2010 n’a-t-il pas été le cadre des « pires exactions du conflit colombien ». Voilà qui confirme le
nouvel ordre yankee en marche en Amérique latine, sous le regard plus que
bienveillant de nos dirigeants, dont Emmanuel Macron qui, avec ses homologues
allemand, britannique, espagnol notamment, vient de reconnaître Guaido comme
président par intérim ! Outre cette audacieuse ingérence maintes fois
dénoncée en d’autres circonstances, l’engagement ouvre à coup sûr de nouvelles
perspectives, à l’heure où la démocratie est, elle-même, questionnée dans
l’hexagone. Que n’entendrait-on pas si d’aventure le président du Sénat
s’auto-proclamait président pour mettre fin – enfin - à une crise sociale d’une
ampleur jamais connue depuis cinquante ans et qui n’en finit pas. Et que les
dirigeants de Gambie, du Burundi, du Malawi, à tout hasard, appuyaient un tel
projet. Simple vue de l’esprit et pure utopie, cela va de soi !
Claude VAUTRIN
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samedi 2 février 2019
APPEL DE LA PREMIÈRE « ASSEMBLÉE DES ASSEMBLÉES » DES GILETS JAUNES
APPEL DE LA PREMIÈRE « ASSEMBLÉE DES ASSEMBLÉES » DES GILETS JAUNES
Nous, Gilets Jaunes des ronds-points, des parkings, des places, des
assemblées, des manifs, nous sommes réunis ces 26 et 27 janvier 2019
en « Assemblée des assemblées », réunissant une centaine
de délégations, répondant à l’appel des Gilets jaunes de Commercy
Depuis le 17 novembre, du plus petit village, du monde rural à la plus
grande ville, nous nous sommes soulevés contre cette société profondément
violente, injuste et insupportable. Nous ne nous laisserons plus faire !
Nous nous révoltons contre la vie chère, la précarité et la misère. Nous
voulons, pour nos proches, nos familles et nos enfants, vivre dans la dignité.
26 milliardaires possèdent autant que la moitié de l’humanité, c’est
inacceptable. Partageons la richesse et pas la misère ! Finissons-en avec
les inégalités sociales ! Nous exigeons l’augmentation immédiate des
salaires, des minimas sociaux, des allocations et des pensions, le droit
inconditionnel au logement et à la santé, à l’éducation, des services publics
gratuits et pour tous.
C’est pour tous ces droits que nous occupons quotidiennement des
ronds-points, que nous organisons des actions, des manifestations et que nous
débattons partout. Avec nos gilets jaunes, nous reprenons la parole, nous qui
ne l’avons jamais.
Et quelle est la réponse du gouvernement ? La répression, le mépris,
le dénigrement. Des morts et des milliers de blessés, l’utilisation massive
d’armes par tirs tendus qui mutilent, éborgnent, blessent et traumatisent. Plus
de 1.000 personnes ont été arbitrairement condamnées et emprisonnées. Et
maintenant la nouvelle loi dite « anti-casseur » vise
tout simplement à nous empêcher de manifester. Nous condamnons toutes les
violences contre les manifestants qu’elles viennent des forces de l’ordre ou
des groupuscules violents. Rien de tout cela ne nous arrêtera ! Manifester
est un droit fondamental. Fin de l’impunité pour les forces de l’ordre !
Amnistie pour toutes les victimes de la répression !
Et quelle entourloupe que ce grand débat national qui est en fait une
campagne de communication du gouvernement, qui instrumentalise nos volontés de
débattre et décider ! La vraie démocratie, nous la pratiquons dans nos
assemblées, sur nos ronds-points, elle n’est ni sur les plateaux télé ni dans
les pseudos tables rondes organisées par Macron.
Après nous avoir insultés et traités de moins que rien, voilà maintenant
qu’il nous présente comme une foule haineuse fascisante et xénophobe. Mais
nous, nous sommes tout le contraire : ni racistes, ni sexistes, ni homophobes,
nous sommes fiers d’être ensemble avec nos différences pour construire une
société solidaire.
Nous sommes forts de la diversité de nos discussions, en ce moment même des
centaines d’assemblées élaborent et proposent leurs propres revendications. Elles
touchent à la démocratie réelle, à la justice sociale et fiscale, aux conditions
de travail, à la justice écologique et climatique, à la fin des discriminations.
Parmi les revendications et propositions stratégiques les plus débattues, nous
trouvons : l’éradication de la misère sous toutes ses formes, la
transformation des institutions (RIC, constituante, fin des privilèges des
élus…), la transition écologique (précarité énergétique, pollutions
industrielles…), l’égalité et la prise en compte de toutes et tous quelle que
soit sa nationalité (personnes en situation de handicap, égalité hommes-femmes,
fin de l’abandon des quartiers populaires, du monde rural et des outres-mers…).
Nous, Gilets Jaunes, invitons chacun avec ses moyens, à sa mesure, à nous
rejoindre. Nous appelons à poursuivre les actes (acte 12 contre les violences
policières devant les commissariats, actes 13, 14...), à continuer les
occupations des ronds-points et le blocage de l’économie, à construire une
grève massive et reconductible à partir du 5 février. Nous appelons à
former des comités sur les lieux de travail, d’études et partout ailleurs pour
que cette grève puisse être construite à la base par les grévistes eux-mêmes.
Prenons nos affaires en main ! Ne restez pas seuls, rejoignez-nous !
Organisons-nous de façon démocratique, autonome et indépendante !
Cette assemblée des assemblées est une étape importante qui nous permet de
discuter de nos revendications et de nos moyens d’actions. Fédérons-nous pour
transformer la société !
Nous proposons à l’ensemble des Gilets Jaunes de faire circuler cet appel.
Si, en tant que groupe gilets jaunes, il vous convient, envoyez votre signature
à Commercy (assembleedesassemblees@gmail.com). N’hésitez pas à discuter et
formuler des propositions pour les prochaines « Assemblées des
assemblées », que nous préparons d’ores et déjà.
Macron Démission ! Vive le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le
peuple.
Appel proposé par l’Assemblée des Assemblées de Commercy.
Il sera ensuite proposé pour adoption dans chacune des assemblées locales.
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