De
quoi le mouvement La nuit debout est-il le signe ?
Qu’est-ce
qui est dévoilé par les rassemblements continus de jeunes et souvent de moins
jeunes sur les places publiques des grandes villes de France ?
Depuis
une dizaine de jours un nombre significatif de personnes viennent débattre,
refaire le monde comme on dit, affirmer qu’une autre façon de vivre et
s’organiser ensemble est possible ?
Ce
mouvement, certes minoritaire, est sûrement le symptôme d’un décalage, et même
d’un décrochage, entre une grande partie de la population et les institutions politiques
censées les représenter. Cela traduit aussi une volonté de s’emparer de la
chose publique. Et surtout le mouvement La
nuit debout affirme une espérance si on sait se mobiliser, se rencontrer,
échanger. Cette réappropriation du débat politique n’est-il pas le signe que
quelque chose a changé ?
Le
développement des réseaux sociaux, la possibilité pour des millions de gens de
communiquer, de s’informer mutuellement, d’échanger des idées, faire part de
leurs souffrances et aussi de leurs espoirs, oui cette nouvelle possibilité
permise par les technologies actuelles, ont changé la donne démocratique et les
formes du débat ?
L’organisation
verticale de la société, la transmission des informations du haut vers les bas,
certains modes hiérarchiques de décisions, ne commencent-ils pas à devenir
obsolètes, d’une autre époque ?
La
crise actuelle de la démocratie que l’abstention massive et le vote extrémiste
et la tentation identitaire nous révèlent, n’est-elle pas les signes qu’une
autre forme démocratique est nécessaire et souhaitable. Et maintenant qu’elle
est possible. Une démocratie plus directe et radicale qui viendrait compléter
la démocratie représentative, une démocratie réelle où les décisions ne sont
plus confiées aux experts, aux « sachants » et aussi à nos uniques représentants
qui dans bien des cas ne tiennent pas les promesses pour lesquelles ils ont été
élus.
Les
aspirations démocratiques de gens rassemblés sur les places dévoilent que le
système politique institutionnel doit s’adapter, se réformer et qu’il faudra le
compléter, l’enrichir par l’apport de millions de citoyens qui ont des choses à
dire.
Le
début d’une appropriation collective de la chose publique peut donner à notre
époque une nouvelle espérance. Il nous
libère aussi de l’enfermement identitaire et sécuritaire dans lequel on est
assigné depuis trop longtemps.
Bien
sûr toutes les questions demeurent : celles de l’inégalité, de
l’exclusion, de l’errance, du chômage et de la misère pour des millions de nos
concitoyens et plus largement pour des milliards d’individus dans le monde.
Celles
aussi d’une société orientée presque exclusivement vers la consommation à
outrance incapable de donner du sens à la vie de chacun.
Celles
enfin des interventions extérieures, de la volonté de dominer le monde,
d’imposer par la force ses manières de voir en étant revêtu du droit
international à géométrie variable, celle en définitive qui prétend être la
civilisation face à la barbarie.
Est-ce
la fin de la démocratie ?
Non
bien entendu, on peut même répondre que la démocratie n’en est qu’à ses débuts
et qu’elle reste encore à inventer dans le monde entier.
La
tâche est immense. Mais il y a urgence.
François
Baudin
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