Le
projet d’un monde meilleur est-il en roue libre ? La gestion d’un système
économique et social mondialisé, libéré de ses contraintes et de ses
responsabilités, nous mène-t-il vers l’abîme. Que cet abîme soit écologique,
social, politique, humain ?
Les
conflits meurtriers dont nous sommes aussi les victimes, ne sont-ils pas les
symptômes d’une époque livrée à la prédation des plus puissants ?
Le
triomphe de l’égoïsme, de la loi de la jungle, ou de ce que l’on nomme la
concurrence de tous contre tous, annonce-t-il la disparition définitive de
l’idée même d’un monde juste et fraternel ?
La
crise permanente de l’humanité que nous vivons depuis au moins deux décennies,
appelle des réponses. Les centaines de milliers de réfugiés qui fuient la
guerre, la misère et viennent mourir sur les plages ou devant les murs de nos
villes, nous appellent aussi au partage, à l’accueil. Ils demandent des
réponses.
Actuellement
c’est la jeunesse du monde qui réveille les peuples endormis : en Europe,
mais aussi aux Etats-Unis, à Hong Kong, en Inde ces derniers jours, et dans le
monde arabe lors du printemps 2011 lorsque tout a commencé : un peu partout
la jeunesse se rassemble et se projette dans un autre possible.
La
jeunesse dit : nous ne voulons pas vivre dans le monde qui nous est proposé
comme seul possible.
« On
vaut mieux que ça ». On ne veut pas de cette vie qu’on nous impose. On ne
veut plus de ce monde ancien.
Mais
la jeunesse n’est pas que la jeunesse, elle est bien plus qu’elle-même car elle
est l’avenir de l’humanité tout entière. Elle en est le symbole d’ouverture, de
disponibilité, de liberté aussi, car elle n’est enchaînée par aucune contrainte
définitive. Par aucun enfermement.
L’humanité
est en crise. Si on survole très rapidement l’histoire contemporaine depuis la
fin de la Seconde guerre mondiale, on peut distinguer deux cycles d’une
trentaine d’années chacun : le premier qui va de 1945 jusque dans les
années 1980 : au cours de ce premier cycle, il y avait deux mondes : celui
dit libéral et démocratique et celui dit socialiste. L’un empêchant l’autre de
dominer totalement la planète. C’était comme on l’a dit la guerre froide entre
ces deux mondes. Depuis la chute du socialisme au cours des années 1980 :
un seul monde possible est proposé, un seul système est présenté comme l’unique
système. On a même parlé à cette époque de la fin de l’histoire.
Or
aujourd’hui on a le sentiment que l’histoire se réveille, on a l’impression qu’on
sort du cycle historique qui a produit au cours de la dernière période des
injustices terribles, des inégalités monstrueuses et des guerres permanentes.
Depuis
quelques années, l’histoire s’est réveillée et à l’horizon un souffle nouveau
se lève.
C’est
cette espérance que nous devons saluer, malgré la réalité qui quotidiennement
vient nous rappeler que beaucoup de nos frères humains sont dans une grande
détresse.
Mais
justement seule cette espérance nous permettra de bâtir un autre monde.
François
Baudin
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