L’homme
debout est-il un veilleur qui annonce l’aube ? Qui l’attend, vigilant, dans
la nuit, sur son chemin de ronde ?
Des
millions d’hommes, probablement plus encore, gardent toujours l’espérance d’un
autre monde possible. L’aurore d’une époque nouvelle préparée par leurs soins
dans l’intimité de leur conscience, empêche ceux qui ne dorment pas de se
coucher.
Le
temps comme suspendu, l’heure de la délivrance encore en attente : nous sommes
aujourd’hui le 37 mars nous disent les jeunes qui refusent la banalité du jour
tissé de mépris, de mensonges, d’injustices.
Les
communards en 1871 ont tiré sur les horloges dans Paris assiégés par Versailles,
pour signifier l’arrêt du temps : un autre temps espéré par des milliers
d’être humains, celui du vrai changement, devait naître au petit matin venu
couronner la nuit blanche de son aube radieuse.
Que
nous dit le mouvement naissant appelé la nuit debout. Il dit à ceux qui
dorment toujours de leur petite mort, de se réveiller de leur torpeur, de ne
pas se résigner, mais d’espérer malgré la narcose, malgré les paradis
artificiels dans lesquels on veut les plonger. Il dit de construire un
autre possible. Il dit la fraternité, l’espérance, la dignité.
Les
jeunes sur les places disent qu’ils aiment la vie et la veulent belle.
Le
temps des tentes est de retour sur les places de nos villes. La foule arrive.
Le mouvement ne s’essouffle pas, mais prend de l’ampleur chaque nuit comme le
feu pascal qui précède le jour de fête. Le jour nouveau. La lumière revenue.
Chaque nuit réunit plus de monde que la veille. Chaque nuit de veille est une
réinvention du monde.
La
république, la démocratie, la fraternité : tout est à réinventer.
Patience, courage et solidarité : voilà les mots d’ordre.
Ce
projet de loi El Khomeri faussement intitulé loi travail, sera-t-il la goutte de trop qui réveille un
pays ? Ce projet pourtant aura-t-il eu le mérite d’avoir réveillé la communauté
des hommes, de l’avoir débarrassé, j’espère pour longtemps, de sa tentation
identitaire, poison terrible, mortifère qui enferme chacun dans sa propre
prison ?
Nul
ne peut savoir ce qui va se passer, mais peut-être que chacun en chacune de ses
nuits, en son cœur le plus secret, attend l’avènement d’un jour différent.
François
Baudin
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