Même
pour un observateur attentif de l’information, il est difficile de prendre
conscience du mouvement qui traverse actuellement la jeunesse. Très peu de
médias expliquent que le refus de la loi El Khomeri est général et massif chez
les moins de 25 ans.
Aujourd’hui
il est quasiment impossible d’entendre un jeune s’exprimer contre le projet de
loi, qui est plutôt présenté comme l’unique solution contre la précarité. Car
selon le pouvoir, la loi est justement faite pour eux, pour les jeunes,
massivement victimes de la précarité, des CDD et des stages à répétition. Les
jeunes sont donc bien ingrats de refuser ce qu’on leur donne pour leur bien. A
moins d’être manipulée par des politiciens prêts à en découdre, on nous
explique en fait que la jeunesse ne sait pas ce qu’elle veut, ni ce qu’elle
fait.
Mais
c’est mépriser les jeunes que de penser ainsi.
Selon
le gouvernement cette loi est faite pour que les jeunes puissent entrer plus
facilement sur le marché du travail. L’idée est celle-ci : afin d’aider la
jeunesse contre la précarité, on précarise encore plus l’ensemble des salariés.
Qui
peut croire une chose pareille ? Qui peut croire qu’en précarisant un peu
plus, c’est à dire en permettant aux entreprises de licencier plus facilement,
on sécurise l’emploi. Toutes les statistiques nous montrent l’inverse, et le
chômage qui s’est développé si massivement au cours de la dernière période, est
bien là pour nous le démontrer.
L’autre
idée est de dire : en facilitant les licenciements, on soulage les
entreprises de leur peur d’embaucher et donc elles embaucheront. Ce type qui d’argument prône la précarité pour lutter contre la précarité, est le même que
le précédent, il est captieux et relève de la rhétorique.
Une
entreprise n’embauche jamais à cause d’une opportunité qui lui est donnée par un
dispositif législatif particulier. Une entreprise n’embauche que si son carnet
de commande lui permet, quel que soit le dispositif législatif en vigueur. Et
l’exemple de l’Espagne, de l’Italie et de l’Allemagne, pays qui auraient effectué
les reformes indispensables permettant comme on dit de fluidifier le marché du
travail, est un très mauvais exemple.
Oui
des emplois ont été créés, mais des emplois d’une très grande précarité et
sous-payés, alors que d’autres mieux payés et plus stables ont tout simplement
disparu. La situation dans ces pays n’est pas différente de celle qui existe en
France, sauf que la proportion du nombre de salariés pauvres et de personnes
laissées pour compte y est plus grande qu’en France.
Une
société à deux vitesses est en projet. Projet qui est en cours de réalisation.
Une
société où une partie très importante de la jeunesse est la variable
d’ajustement et l’armée de réserve permettant de faire pression sur l’ensemble
des salariés.
Une
société divisée où chacun se trouve en compétition avec l’autre. Une société de
la concurrence généralisée où les moins chanceux, les moins diplômés, les plus
en difficulté le sont encore plus. Une société en miette. Une société où la
peur du lendemain va étreindre chacun d’entre nous, où on nous obligera à vivre
dans l’insécurité économique permanente. Une société kleenex.
Cette
société, personne n’en veut véritablement. C’est pourtant celle qui nous est
proposés et que la jeunesse refuse massivement.
Les
hommes dans leur grande majorité préfèrent la solidarité et la coopération et
on les comprend bien.
Les
jeunes nous disent : On vaut mieux que ça !
Saura-t-on
les écouter ?
François
Baudin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire