L’Europe peut-elle encore porter
l’espérance des peuples, comme au sortir de la Seconde guerre mondiale elle en
avait la volonté ?
Cette question brûle aujourd’hui
toutes les lèvres.
Qu’est devenu le projet de construction
d’une paix durable fondée sur la solidarité entre les nations ? Qu’est devenu
le projet de construction d’un continent fondé sur l’échange pacifique entre
les peuples, fondé sur le droit de chacun, sur le respect et la dignité de tous,
l’égalité entre tous ?
Rappelons le préambule de chacun
des traités européens où il est toujours fait appel à la volonté des
peuples de dépasser ses anciennes divisions pour forger un destin commun.
Telles sont cette semaine les
questions qui ont été posées à la conscience de chacun d’entre nous.
De quelle Europe voulons
nous ?
Celle que proposent les
dirigeants européens qui prônent l’austérité, la stigmatisation, et la punition
à une pauvreté perpétuelle d’un petit pays, la Grèce, qui se débat depuis tant
d’années face à une crise dont les peuples ne sont pas responsables.
Les dettes accumulées par ce pays
n’ont en aucune manière profitées aux Grecs. Et les derniers emprunts
contractés depuis la crise de 2008, ne furent utilisés ensuite que pour rembourser
les banques. Ainsi, l’argent prêté est parti directement dans les coffres alors
que le peuple grec a vu sa situation empirer et ses dettes grossir chaque jour.
Les Grecs ont dit stop en janvier
dernier à ce cercle infernal.
Ils ont dit stop à cette Europe
qui ne remplit plus son rôle historique tourné vers la paix, la démocratie et
le droit.
Face à cette impasse entre un
peuple tout entier et quelques dirigeants qui représentent essentiellement des
intérêts financiers, le gouvernement grec organise un référendum demain
dimanche. Il veut simplement demander au peuple s’il souhaite poursuivre dans
cette voie de l’endettement perpétuel. Car chaque emprunt nouveau vient grossir
la dette et les intérêts sur cette dette.
Alors on assiste depuis quelques
jours à un déchaînement contre le gouvernement grec qui veut simplement
consulter le peuple.
Ce déchaînement contre la Grèce
est le signe que toute idée de démocratie, de justice sociale, de solidarité, a
déserté les couloirs froids et climatisés des dirigeants ou des grands médias.
En Europe certains sont prêts à sacrifier
un peuple et nier les principes fondateurs pour prouver qu’il n’y a pas d’autre
solution possible que celle de la condamnation à la pauvreté pour des
décennies.
L’Europe maltraitée dans son
idéal de paix, de démocratie et de solidarité, sera-t-elle capable de dire non
à ces dangereux personnages qui n’ont que les mots « finances » et
« compétitivité » à la bouche ?
Ce petit peuple qui inventa
l’idée même de démocratie il y a 2500 ans au pied du Parthénon, répond déjà à
sa manière.
Oui l’Europe un jour redeviendra
celle des peuples, et non pas celle de la finance internationale. Oui la
démocratie et la souveraineté du peuple seront à nouveau l’espérance de tous.
Mais pour que ce oui triomphe, il
faut passer par le non : non à l’Europe de la finance, non à l’Europe de
la compétitivité fondée sur l’égoïsme, non à l’Europe de la fermeture sur soi, de
la haine de l’étranger.
Seuls les peuples dans leur
grande générosité seront capables de ramener l’espérance parmi les nations.
Remercions la Grèce de nous
montrer le chemin vers une nouvelle souveraineté.
La Grèce en ces jours difficiles
méritent notre solidarité active.
François Baudin