Le drame quotidien vécu par des
dizaines de milliers de réfugiés venus en Europe a pris une ampleur inégalée
cet été. Tout cela était prévisible. Et il n’y a aujourd’hui que les chefs
d’Etat européens et leurs ministres respectifs pour sembler surpris et affolés
par ce phénomène. L’Europe est aujourd’hui confrontée au plus grave problème
humain jamais vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Il semble que les dirigeants européens
se soient enfin réveillés.
Depuis quelques semaines, nous
avons changé d’échelle. Ce ne sont plus des centaines de réfugiés qui arrivent
à nos frontières, mais ce sont des milliers, des dizaines de milliers qui
viennent chaque jour et par tous les moyens. Des femmes, des enfants, des
jeunes venus du Moyen Orient, de Syrie, d’Iraq, du Pakistan, d’Afghanistan, de
toutes les régions d’Afrique où sévissent guerres et répression. Chaque réfugié
est contraint d’abandonner sa terre, sa maison, sa famille.
Il n’est pas une journée sans
apprendre de nouveaux drames : morts noyés par milliers en méditerranée,
exode sur les routes des Balkans, longues colonnes de femmes portant leurs
enfants à bout de bras, d’hommes pliant sous leurs bagages, embarcations
fragiles et surchargées d’êtres humains sur le point de sombrer dans les eaux turquoises
de la mer Egée où se baignent encore des touristes allemands ou français.
Les dizaines de réfugiés,
entassés les uns sur les autres, retrouvés morts asphyxiés dans un camion en Autriche
seront peut être le drame de trop. Celui qui va faire basculer notre point de
vue sur la question des réfugiés.
Qui peut rester insensible ?
L’indifférence n’est plus de mise, et un sentiment de révolte naît en nous contre
cette Europe égoïste et meurtrière qui est responsable de l’enfer qu’elle a
contribué à créer par sa politique extérieure.
Une nouvelle politique de
solidarité est nécessaire pour ceux qui fuient l’enfer, une nouvelle politique
de développement qui ne soit plus fondée sur la prédation et le pillage, afin
que cessent la misère et les inégalité monstrueuses.
Partout où les puissances
occidentales sont présentes pour des raisons économiques, c’est à dire pour y
sauvegarder ce qu’elles considèrent comme leurs propres richesses, leurs
propres intérêts, les hommes fuient la misère. Partout où les armes tuent
quotidiennement, se trouvent des réfugiés. Oui dans toutes les régions qui sont
les sources inépuisables de réfugiés, nous sommes et nous avons été présents
depuis des décennies.
La responsabilité de l’Europe
face à ce drame historique est écrasante. Celui qui le nie, ne mérite pas
d’être un homme politique soucieux du bien commun.
Jusqu’à maintenant l’Europe n’a
eu pour réponse que la répression contre les réfugiés, ceux de Calais en savent
quelque chose. La fermeture des frontières pour seule réponse politique est
scandaleuse. La matraque, les gaz, l’enfermement dans des camps ne pourra pas
résoudre la question. On voit bien aujourd’hui qu’une politique de fermeté
vis-à-vis de ces millions de candidats au départ n’est pas possible.
Nous avons un devoir de
solidarité et d’accueil. L’accueil est une
responsabilité morale et politique envers les besoins de la famille humaine. Le
droit d’Asile est inscrit dans toutes les chartres.
Nous avons aussi l’obligation de
changer de politique extérieure fondée sur le contrôle des pays, sur la
déstabilisation de régions entières comme en Libye, en Syrie, en Iraq ou en Afghanistan ;
politique étrangère dont nous voyons cet été les terribles conséquences.
Le bien
commun exige de régler cette question à sa racine. Le bien commun exige de voir
les causes pour lesquelles ces personnes se déplacent. Nous sommes
responsables de ces mouvements. Et en tant que tels, nous devons agir au plus
vite.
François
Baudin