A
ma connaissance personne n’aimerait, cette semaine, être à la place du candidat
à la présidence de la République François Fillon, soupçonné de népotisme,
prévarication, emploi fictif de sa femme pendant des décennies, et aussi de ses
enfants.
Le
candidat de la droite et du centre est, depuis une dizaine de jours sous les
feux de l’actualité, non pour son programme électoral somme toute relativement
classique puisqu’il prône plus d’austérité en vue de rétablir les équilibres
budgétaires.
Chacun
d’entre nous devant se serrer encore un peu plus la ceinture. Chacun d’entre
nous devant travailler plus et en définitive gagner moins. L’austérité pour
tous, sauf pour ceux bien entendu qui ont déjà beaucoup : tel est le leitmotiv.
En
fait pour ce candidat il s’agit ni plus ni moins de poursuivre dans le sens du
monde tel qu’il va actuellement et aussi tel qu’il se précipice dans une sorte
d’abîme où règnent de monstrueuses inégalités.
Mais
pour faire passer ce programme qui promettait du sang et des larmes à chacun d’entre
nous en vue d’un futur meilleur de plus en plus hypothétique, le candidat
Fillon avait pointer sa différence qui lui était propre : ce candidat n’était
pas de ceux qui s’enrichissent personnellement, qui profite de sa position dominante
pour constituer un patrimoine. Le candidat Fillon était le Monsieur propre de
la campagne.
Et
puis patatras, depuis 10 jours il s’avérerait que cet homme soit le même que
beaucoup d’autres.
Pour
ceux qui y croyaient encore, c’est à désespérer. Alors on comprend le
déchaînement actuel.
La
séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire est à l’œuvre. Espérons que dans
quelques jours le calvaire de cet homme pris quasiment en flagrant délit,
cessera.
Sur
l’emploi de sa femme et de ses enfants avec de l’argent public, aucun doute
n’est plus possible. Les sommes énormes qui correspondent à des salaires
inconvenants ont bien été versées par l’Etat. La seule question qui reste est
celle du travail fourni en contrepartie. Car si tout travail mérite salaire,
tout salaire doit être versé en contrepartie d’un travail réel.
Madame
Fillon a répété sa vie durant qu’elle n’avait jamais travaillé, qu’elle ne s’intéressait
pas beaucoup aux tâches de son mari. Même qu’elle ne l’avait jamais assisté
dans sa mission d’élu. Que même parfois elle s’ennuyait et voulait reprendre
des études.
Alors
l’acharnement de la presse à chercher la vérité correspond bien à notre volonté
commune de plus de transparence dans cette affaire et plus globalement dans les
affaires publiques.
Le
monde aujourd’hui, et la volonté de plus de démocratie, de transparence qui
l’anime, n’accepte plus ce genre de choses. Actuellement en Roumanie, des
centaines de milliers de manifestants défilent dans les rues et sur les places
contre le pouvoir accusé des mêmes pratiques de corruption, oui des centaines
de milliers. En Corée du Sud, c’est la même chose. En Chine pas une semaine
sans manifestation contre la corruption. Etc, etc.
Dans
toutes ces affaires, c’est l’idée d’une vraie démocratie qui fait son chemin
dans le monde.
Une
démocratie plus ouverte, plus vraie, plus participative. Une démocratie qui ne
se résume pas à l’élection d’un homme tous les cinq ans. Homme qui ensuite ne
rend aucun compte sur ses pratiques, sur ses décisions. Une démocratie
contrôlée directement par le peuple souverain et des élus responsables devant
ceux qui les ont élus.
Il
est plus qu’urgent de réformer le système démocratique dans ce sens et
d’instaurer des contrôles en cours de mandat.
Il
y a va de notre avenir politique, car continuer dans le sens actuel de
l’opacité et du soupçon, nous mènera irrémédiablement vers des régimes plus
autoritaires tels que cela se dessine déjà dans beaucoup de pays.
La
responsabilité historique de tous ces hommes politiques qui pensent n’avoir de
compte à rendre à personne est évidente. La gravité de la situation dont nous
ne connaissons pas les lendemains funestes devrait tous nous mobiliser.
François Baudin
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