Les blessures sont-elles guéries ou saignent-elles depuis cet instant d'obscurité où on a amené dans les prisons marocaines, une myriade de personnes, les yeux bandés, vers des caves obscures, vers un destin inconnu, un espace intermédiaire entre la vie et le trépas. Une question à laquelle ne peut, de toute évidence, répondre que celui qui a goûté le poison, dans son corps et son âme, le poison de la torture et des chaînes s'entend.
L'incarcération
est un mal, certes, un drame, qui porte en lui les secrets de personnes en
chair et en os, et c'est précisément ces secrets qu'essaie de nous révéler avec
beaucoup de finesse le présent texte qui s'intitule Des nuits sans lune,
et qui échappe à toute catégorisation littéraire puisqu'il tient de
l'autobiographie, du journal intime, du récit carcéral dans les bagnes
marocains, émaillé de fragments poétiques. La prose se conjugue, dans ce récit,
avec la poésie dans une harmonie largement assurée par l'auteur-témoin, Abderrahman
Khouaja.
Le
texte, dédié à tous ces gens conduits dans la nuit obscure vers des lieux non
moins obscures, est un document historique d'une extrême importance, un
témoignage vif de l'époque connue sous le nom d'années de braise et de plomb.
C'est aussi un chef d'œuvre de littérature qui contient une kyrielle d'éléments d'ordre sociologique et historique qui méritent l'attention de qui voudrait acquérir une bonne connaissance de la société sahraouie, ses coutumes, ses faiblesses, sa grandeur, la complexité de sa simplicité.
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