Depuis plusieurs jours, en Europe, on a l’impression que quelque chose a
changé dans les esprits. Jusqu’à la victoire de Syrisa le 25 janvier dernier,
les dirigeants européens répétaient qu’il n’y avait qu’une seule politique
possible : celle de l’austérité sans fin pour les peuples.
La voie était tracée à l’avance et nulle part les peuples des nations
européennes ne pouvaient y échapper. Nous étions tous sur ce chemin sans espoir
qui conduit de difficultés en difficultés, de sacrifices en sacrifices, vers un
noir destin.
Il a fallu plusieurs années pour se rendre compte que cette politique
plongeait les peuples dans la pauvreté, renforçait les inégalités, et ne
permettait en rien de rembourser les dettes contractées massivement par les
Etats, surtout après 2008, pour éviter la faillite des banques qui avaient
spéculé. Bien au contraire puisque plus le peuple s’appauvrit plus la dette
augmente.
De fait cette dette n’a en rien profité aux peuples, mais plutôt aux
banques qui ont été sauvées par les Etats. Il est donc tout à fait faux de dire
et répéter que les gens ont vécu au dessus de leurs moyens et qu’il faut
maintenant payer, comme on paye une faute originelle. Espérons qu’un jour, une
analyse historique de la dette soit effectuée, ce qui permettra de connaître la
vérité.
Cette idée de la faute, de la dette, est fondée sur celle du péché :
Les peuples dépensiers, donc pécheurs, ont ce qu’ils méritent. Ils doivent
payer maintenant. C’est l’histoire de la cigale dépensière qui va mourir aux
premiers frimas, et de la fourmi besogneuse qui aujourd’hui s’appelle
l’Allemagne.
Mais aujourd’hui on s’aperçoit que cette histoire est une fable ; elle
est tout simplement fausse, elle ne correspond pas à la réalité économique. Cette
fable a même été inventée pour entretenir l’ignorance et faire payer aux plus
pauvres ce dont ils n’ont jamais été responsables.
Aujourd’hui grâce aux dernières élections en Grèce, grâce aux différents
mouvements qui agitent actuellement l’Europe du Sud, la vérité commence à poindre
à l’horizon.
La dette qui ne cesse d’augmenter malgré tous les sacrifices, profite
encore et toujours aux plus riches, elle ne fait que renforcer les inégalités.
Le courage en politique est de dire la vérité et d’agir en conséquence. Or
la vérité n’est pas celle qui a été rabâchée depuis des années.
La décision cette semaine de la BCE (Banque Centrale Européenne) de couper une partie des vivres
aux banques grecques, montre qu’il faudra beaucoup de courage pour
s’opposer aux diktats de la finance internationale représentée pas quelques
dirigeants politiques qui sont en quelque sorte leurs fondés de pouvoir. Devant
cette menace de la finance, les Grecs ne doivent pas être abandonnés à leur sort,
mais plutôt soutenus dans leurs décisions, car on a le sentiment aujourd’hui qu’eux
seuls représentent l’avenir de l’Europe. La violence de la réaction de la BCE,
véritable coup de force contre la Grèce, nous fait découvrir de manière brutale
l’impasse actuelle de la construction européenne qui se fait contre la volonté
exprimée démocratiquement par les peuples.
L’espoir de jours meilleurs est en train de naître du côté d’Athènes. Mais
il ne faut pas penser que ces jours viendront naturellement tel un long fleuve
tranquille.
Ne pas étouffer cet espoir est devenu un devoir impérieux, sinon nous
aurions, pour une très longue période une dette morale vis-à-vis de la Grèce qui
a toujours, à travers son histoire, fait preuve d’un grand courage.
François Baudin
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