vendredi 6 février 2015

Le courage de la Grèce


Depuis plusieurs jours, en Europe, on a l’impression que quelque chose a changé dans les esprits. Jusqu’à la victoire de Syrisa le 25 janvier dernier, les dirigeants européens répétaient qu’il n’y avait qu’une seule politique possible : celle de l’austérité sans fin pour les peuples.
La voie était tracée à l’avance et nulle part les peuples des nations européennes ne pouvaient y échapper. Nous étions tous sur ce chemin sans espoir qui conduit de difficultés en difficultés, de sacrifices en sacrifices, vers un noir destin.
Il a fallu plusieurs années pour se rendre compte que cette politique plongeait les peuples dans la pauvreté, renforçait les inégalités, et ne permettait en rien de rembourser les dettes contractées massivement par les Etats, surtout après 2008, pour éviter la faillite des banques qui avaient spéculé. Bien au contraire puisque plus le peuple s’appauvrit plus la dette augmente.
De fait cette dette n’a en rien profité aux peuples, mais plutôt aux banques qui ont été sauvées par les Etats. Il est donc tout à fait faux de dire et répéter que les gens ont vécu au dessus de leurs moyens et qu’il faut maintenant payer, comme on paye une faute originelle. Espérons qu’un jour, une analyse historique de la dette soit effectuée, ce qui permettra de connaître la vérité.

Cette idée de la faute, de la dette, est fondée sur celle du péché : Les peuples dépensiers, donc pécheurs, ont ce qu’ils méritent. Ils doivent payer maintenant. C’est l’histoire de la cigale dépensière qui va mourir aux premiers frimas, et de la fourmi besogneuse qui aujourd’hui s’appelle l’Allemagne.
Mais aujourd’hui on s’aperçoit que cette histoire est une fable ; elle est tout simplement fausse, elle ne correspond pas à la réalité économique. Cette fable a même été inventée pour entretenir l’ignorance et faire payer aux plus pauvres ce dont ils n’ont jamais été responsables.
Aujourd’hui grâce aux dernières élections en Grèce, grâce aux différents mouvements qui agitent actuellement l’Europe du Sud, la vérité commence à poindre à l’horizon.
La dette qui ne cesse d’augmenter malgré tous les sacrifices, profite encore et toujours aux plus riches, elle ne fait que renforcer les inégalités.
Le courage en politique est de dire la vérité et d’agir en conséquence. Or la vérité n’est pas celle qui a été rabâchée depuis des années.

La décision cette semaine de la BCE (Banque Centrale Européenne) de couper une partie des vivres aux banques grecques, montre qu’il faudra beaucoup de courage pour s’opposer aux diktats de la finance internationale représentée pas quelques dirigeants politiques qui sont en quelque sorte leurs fondés de pouvoir. Devant cette menace de la finance, les Grecs ne doivent pas être abandonnés à leur sort, mais plutôt soutenus dans leurs décisions, car on a le sentiment aujourd’hui qu’eux seuls représentent l’avenir de l’Europe. La violence de la réaction de la BCE, véritable coup de force contre la Grèce, nous fait découvrir de manière brutale l’impasse actuelle de la construction européenne qui se fait contre la volonté exprimée démocratiquement par les peuples.

L’espoir de jours meilleurs est en train de naître du côté d’Athènes. Mais il ne faut pas penser que ces jours viendront naturellement tel un long fleuve tranquille.

Ne pas étouffer cet espoir est devenu un devoir impérieux, sinon nous aurions, pour une très longue période une dette morale vis-à-vis de la Grèce qui a toujours, à travers son histoire, fait preuve d’un grand courage.

François Baudin

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