Est-il possible de gouverner un
pays seul contre tous ? Oui probablement à coup de 49. 3, d’autoritarisme,
de coups de menton, de déclarations péremptoires, d’invectives, de répressions,
d’évacuation de lieux de travail, de places publiques où se manifeste un
mécontentement de plus en plus grand.
Mais ce type de gouvernement ne
tient jamais longtemps, car contre lui il trouve une opinion de plus en plus
remontée. Le pouvoir aujourd’hui est marqué par les stigmates de l’échec. La méthode
employée actuellement est un nouvel accroc dans le tissu démocratique du pays,
déjà bien malmené. La France aspire à autre chose, à une autre démocratie où
les gens concernés par les décisions devraient avoir voix au chapitre.
Et puis lorsqu’on est seul, le
risque aussi est de voir que dans ses propres rangs, des fissures commencent à
apparaître : absence de majorité véritable, disparition d’une cohérence
interne de l’équipe qui commande, confusion, crispation et paroles malheureuses
qui viennent contredire ce pour quoi ceux qui gouvernent ont été élus.
Que voit-on depuis quelques jours
en France ? : Une forme de radicalisation qui annonce rien de bon
pour la paix social.
Le mouvement contre la loi
travail ne faiblit pas, au contraire il prend même encore plus d’ampleur cette
semaine. Il s’étend dans certains secteurs : transport, industrie du pétrole,
énergie, toutes ces activités essentielles au fonctionnement d’un pays.
Le bras de fer est lancé. Un
véritable défi pour le pouvoir de plus en plus aux aguets.
Cette loi que tant de gens directement
concernés par elle, trouve détestable : personne n’en veut. Personne ne croit
qu’elle donnera plus de bonheur, plus de bien-être aux gens, à nos enfants.
Personne ne pense qu’elle correspond à un progrès social.
Tout est à revoir : le
projet, la méthode, le discours.
Tout est à repenser : notre
démocratie, notre façon de gouverner, les fondations mêmes de notre société,
notre système économique et social principalement orienté vers la recherche
immédiate de profit, le calcul froid et égoïste, la prédation des richesses et
l’exploitation intensive de la planète qui ne peut produire que guerres,
exodes, malheurs et destructions.
Voilà le message profond transmis
par les Nuits debout, par les manifestations diverses qui ne faiblissent pas.
Suffit d’aller discuter avec les gens mobilisés.
La véritable signification de ces
différents mouvements sociaux est là : elle est dans la recherche d’un
monde meilleur, pacifié, harmonieux où règne la fraternité entre les hommes. Un
monde qui s’appuie sur le droit et l’égalité. Un monde où seule la personne
humaine doit être prise en compte. Un monde de progrès, de rencontre, d’échange
entre les hommes.
Aujourd’hui on en est loin, très
loin. Mais souvent c’est lorsqu’on a le sentiment que rien ne va, qu’alors les
choses s’éclaircissent soudainement, que de nouvelles solutions
apparaissent.
Voilà le sens délivrés par ces
différents mouvements. Voilà la véritable espérance.
Notre temps sera-t-il celui de la
régression ? Du repli ? Du triomphe de l’égoïsme ?
Le monde dans sa globalité aspire
à plus de justice, plus de progrès social, plus de fraternité entre les hommes.
Voilà la modernité d’un monde que
tous ces mouvements printaniers annoncent.
François Baudin