Voilà
trois mois que nous revenons presque chaque semaine sur la loi travail qui porte très mal son nom car elle se soldera
probablement par un échec en terme de création d’emploi, par des conditions de
vie plus pénibles pour des millions de salariés, des rémunérations en baisse et
une augmentation de la précarité.
Ce projet a décidément bien du
mal à passer, tout au moins démocratiquement, c'est-à-dire avec l’assentiment
d’une grande partie des habitants de ce pays et avec un vote majoritaire des
députés de l’Assemblée nationale. Rappelons que 74 % des Français sont opposés
au projet selon un sondage. Rappelons aussi que le texte avait réuni en quelques
jours, plus de 1,3 million de signatures le refusant.
Jamais tel projet fut à ce point
rejeté et combattu par les salariés, par la population et notamment par la
jeunesse, et maintenant par la représentation politique. Et pourtant le
gouvernement insiste, persiste et passe en force en utilisant le fameux 49/3.
Alors que les grèves continuent
régulièrement, que des manifestations se poursuivent les unes après les autres
dans les rues des grandes villes, et surtout que des violences urbaines
annoncent un printemps difficile, la volonté du pouvoir de poursuivre contre
vents et marées n’est-elle pas le signe d’une obstination morbide qui ne peut
mener qu’à de nouvelles difficultés, à des frustrations, et aussi probablement
à des violences ?
Le débat démocratique n’aura pas
lieu, car le projet au lieu de rassembler divise jusqu’au gouvernement qui le
porte. Mais l’histoire nous apprend que lorsque le débat est empêché, il se
passe dans la rue.
Au coup de force du pouvoir
répond la violence dans les rues. Et ce choix de la force par le pouvoir en
place n’augure rien de bon pour l’avenir démocratique de notre pays et pour la
paix social. Le choix du pourrissement peut se solder par des situations
émeutières et donc de plus grandes difficultés.
Actuellement d’autres catégories
de salariés s’y mettent comme les routiers qui, si le projet de loi passe,
risquent de voir diminuer leur salaire d’au moins 2000 euros par an.
Pour défendre sa loi, le pouvoir
donne l’exemple des autres pays d’Europe qui il y a plusieurs années déjà ont
voté à tour de rôle, le même type de mesures libérales : le Royaume Uni en
2010 avec David Cameron, l’Espagne de Mariano Rajoy en 2012, l’Allemagne en
2000 avec les réformes Hartz, les Pays Bas sous la coalition libérale de Mark
Rutte en 2013...
Mais justement, si parmi ces
pays, certains ont connu une baisse du nombre de chômeurs depuis la crise
spéculative de 2008, partout les salaires ont baissé, les conditions de travail
se sont dégradées, des poches de misère se sont étendues, des millions de
salariés pauvres vivent dans la précarité. Ce sont ces exemples négatifs et
connus de tous, que ne veulent pas suivre la majorité des habitants de notre
pays, car ce qu’on appelle le marché du travail, est maintenant totalement désorganisé
en Europe, au grand détriment des travailleurs eux-mêmes.
Le réveil actuel de notre
continent contre le néolibéralisme que les dirigeants européens veulent imposer,
est le signe que quelque chose est en train de changer. Ce réveil contre les
inégalités, contre la misère n’a pas encore produit des idées nouvelles, mais
il se manifeste de manière négative par un refus. Les protestations ont un caractère
négatif. Elles sont des négations. Or aucune négation ne peut porter une
construction si elle n’est pas accompagnée d’un projet différent, d’une idée
neuve et de l’affirmation d’un autre possible. Il est difficile pour un front
du refus de mettre au monde un projet nouveau.
Il est probablement temps,
maintenant, de réfléchir ensemble à d’autres manières de vivre fondées sur la
justice, le partage, la solidarité et la fraternité.
François Baudin
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