vendredi 20 mai 2016

La violence du monde

Depuis plusieurs semaines, il est évident que la bataille de l’opinion à propos de la loi Travail El Khomri a été perdue par le gouvernement. Une grande majorité de salariés et de jeunes ne veulent pas de cette réforme. Plus de 74 % des Français pensent qu’elle représente un recul social qui ne fera que dégrader les conditions de travail et condamner les salariés à une précarité perpétuelle.
Cette semaine, deux grandes manifestations ont encore mobilisé des milliers de gens qui ont pour la énième fois défilé pacifiquement dans les rues pour exprimer leur refus.
Devant ce refus de la population, le gouvernement ne peut que passer en force avec le fameux 49-3. On a alors l’impression que le pouvoir joue le pourrissement. Un climat délétère s’installe dans le pays et des violences urbaines viennent perturber les mobilisations et choquer les esprits.

A cette violence, l’Etat naturellement de par sa nature même, répond de façon identique : par la violence et la répression. Or comme nous le savons, la violence revêt toujours deux aspects : un premier considéré comme illégal mais qui peut sembler légitime pour quelques-uns dans des situations données, et l’autre aspect légal lorsqu’il est le fait d’un Etat, mais qui peut paraître illégitime, antidémocratique et répressif.
Quel que soit le parti pris, la réflexion sur la violence n’a jamais abouti qu’à des prises de position unilatérale qui laisse chacun d’entre-nous avec sa conscience face à la violence du monde.
Et justement cette violence actuelle et multiforme nous a encore été rappelé par le Pape François il y a quelques jours lorsqu’il a déclaré « Les taux de chômage des jeunes sont un scandale qui requiert non seulement d’être affronté avant tout en termes économiques, mais qui doit aussi être affronté, et ce n’est pas moins urgent, comme une maladie sociale, à partir du moment où notre jeunesse se fait voler son espérance et que sont gaspillées ses grandes ressources d’énergie, de créativité et d’intuition ».
Cette violence actuelle du monde se manifeste aussi  par la crise des migrants lorsque quotidiennement des hommes des femmes des enfants viennent mourir sur nos rivages.
La lutte contre la violence d’un système politique et économique qui exclue un si grand nombre d’êtres humains est avant tout un problème moral qui appelle à une solidarité mondiale et au développement d’une approche équitable des besoins et des aspirations des individus.

II faut donc continuer de dénoncer le plus massivement possible la situation difficile et violente vécue par tant de personnes dans le monde et en France : exclusion, précarité, rejet et abandon de pans entiers de la société, de régions entières, même de pays.
Aujourd’hui dans le monde, la vraie violence est celle que subit des milliards d’individus qui n’ont rien, absolument rien. Des millions d’hommes, de femmes d’enfants sont en errance sur les routes, dans des bateaux, fuyant la misère et les guerres multiples. Des millions d’autres sont sans travail. Au même moment une centaine de personnes à peine possèdent l’équivalent en richesse de plus de la moitié de la population mondiale.
Ces inégalités terribles et violentes ne peuvent que produire de la violence. Et elles en produiront encore si on ne vient pas y remédier. Cela les manifestants contre la loi El Khomri continuent de le dire pacifiquement. Il faut les écouter. Il y a va de notre avenir.
François Baudin


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