Depuis
plusieurs semaines, il est évident que la bataille de l’opinion à propos de la
loi Travail El Khomri a été perdue par le gouvernement. Une grande majorité de
salariés et de jeunes ne veulent pas de cette réforme. Plus de 74 % des
Français pensent qu’elle représente un recul social qui ne fera que dégrader les
conditions de travail et condamner les salariés à une précarité perpétuelle.
Cette
semaine, deux grandes manifestations ont encore mobilisé des milliers de gens qui
ont pour la énième fois défilé pacifiquement dans les rues pour exprimer leur
refus.
Devant
ce refus de la population, le gouvernement ne peut que passer en force avec le
fameux 49-3. On a alors l’impression que le pouvoir joue le pourrissement. Un
climat délétère s’installe dans le pays et des violences urbaines viennent
perturber les mobilisations et choquer les esprits.
A
cette violence, l’Etat naturellement de par sa nature même, répond de
façon identique : par la violence et la répression. Or comme nous le savons,
la violence revêt toujours deux aspects : un premier considéré comme
illégal mais qui peut sembler légitime pour quelques-uns dans des situations
données, et l’autre aspect légal lorsqu’il est le fait d’un Etat, mais qui peut
paraître illégitime, antidémocratique et répressif.
Quel
que soit le parti pris, la réflexion sur la violence n’a jamais abouti qu’à des
prises de position unilatérale qui laisse chacun d’entre-nous avec sa
conscience face à la violence du monde.
Et
justement cette violence actuelle et multiforme nous a encore été rappelé par
le Pape François il y a quelques jours lorsqu’il a déclaré « Les
taux de chômage des jeunes sont un scandale qui requiert non seulement d’être
affronté avant tout en termes économiques, mais qui doit aussi être affronté,
et ce n’est pas moins urgent, comme une maladie sociale, à partir du moment où
notre jeunesse se fait voler son espérance et que sont gaspillées ses grandes
ressources d’énergie, de créativité et d’intuition ».
Cette violence actuelle du monde se
manifeste aussi par la crise des migrants lorsque quotidiennement des
hommes des femmes des enfants viennent mourir sur nos rivages.
La lutte contre la violence d’un
système politique et économique qui exclue un si grand nombre d’êtres humains est
avant tout un problème moral qui appelle à une solidarité mondiale et au développement
d’une approche équitable des besoins et des aspirations des individus.
II
faut donc continuer de dénoncer le plus massivement possible la situation
difficile et violente vécue par tant de personnes dans le monde et en France :
exclusion, précarité, rejet et abandon de pans entiers de la société, de
régions entières, même de pays.
Aujourd’hui
dans le monde, la vraie violence est celle que subit des milliards d’individus
qui n’ont rien, absolument rien. Des millions d’hommes, de femmes d’enfants
sont en errance sur les routes, dans des bateaux, fuyant la misère et les
guerres multiples. Des millions d’autres sont sans travail. Au même moment une
centaine de personnes à peine possèdent l’équivalent en richesse de plus de la
moitié de la population mondiale.
Ces
inégalités terribles et violentes ne peuvent que produire de la violence. Et
elles en produiront encore si on ne vient pas y remédier. Cela les manifestants
contre la loi El Khomri continuent de le dire pacifiquement. Il faut les
écouter. Il y a va de notre avenir.
François
Baudin
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