vendredi 10 juin 2016

Sport, mafia et corruption

Du pain et des jeux (2)

Le football réunit et passionne des milliards d’individus. Il n’existe aucun sport équivalent capable de donner autant de joie au plus grand nombre.
Le football est probablement aussi le sport qui draine le plus d’argent dans le monde : des milliards et des milliards sont échangés pour assister aux matchs, au spectacle, voir sur les écrans des télévisions les vedettes du ballon rond courir pendant 90 minutes.
L’argent coule à flot des grandes entreprises multinationales pour sponsoriser une équipe ou une compétition.
L’argent s’échange par milliards pour parier sur une équipe contre une autre. La corruption, le dopage, la triche règnent en maître.Les compétitions internationales sont des zones de non droit. 
Le système sportif prend singulièrement l’odeur des égouts, des bas fonds, de la mafia. L’odeur de l’argent.

L’Euro de foot débute cette semaine en France. Mais sera-t-il placé sous le signe de la fête ?
Pour celui, conscient du système corrupteur qui triomphe dans le sport, probablement pas !
Mais la fête doit avoir lieu malgré tout. Du pain et des jeux comme divertissement. Le gouvernement est même prêt, face aux grèves qui risque de perturber la compétition, à réquisitionner les grévistes. Ces réquisitions seront-elles légales ? Le droit de grève devra-t-il reculer face à l’impératif ludique ?
Il faut que les jeux aient lieu. Il faut oublier, se divertir d’un monde difficile, un monde qu’un grand nombre ne veut plus. L’expression d’origine latine, du pain et des jeux, dénonce la domination de tous les pouvoirs sur les populations par le spectacle du cirque. Le jeu dans ces conditions peut être à juste titre considéré comme l’opium du peuple, afin de calmer les populations, d’endormir les individus et d’annihiler ainsi toutes volontés de changement et de justice.
Une manière qu’on qualifierait aujourd’hui de démagogique ou de populiste ; une façon d’asseoir et faire durer tout pouvoir en place.

Le sport est un révélateur de nos mœurs. Un révélateur de notre société dominée par l’argent. Dominée aussi par les idées identitaires et nationalistes. L’affaire Benzema en est la preuve puisque le débat sur la constitution de l’équipe de France a porté sur cette question du racisme et de la xénophobie. Sur cette question de la haine des banlieues d’où viennent la plupart des joueurs.

Comment faire pour que le sport devienne ce qu’il devrait être : un partage, une joie, la réalisation et le dépassement de soi, individuellement ou collectivement.
Pour atteindre cette finalité de haute valeur morale, l’argent doit absolument être interdit des stades et des épreuves.
Le scandale dans le football mondial, comme celui de l’organisation des jeux olympiques, comme celui du cyclisme, sont un signe des temps ; signe d’un monde en décomposition. Seul un contrôle démocratique pourra remédier aux errances du sport et à ses malversations.
Le problème du sport est politique, économique et social. Cette semaine, cela est plus qu’évident.
Cette question du sport nous concerne tous, car il s’agit probablement d’une des plus belles activités humaines, joyeuse et gratuite, qui a été diaboliquement détournée et transformée en son contraire.

François Baudin 

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