vendredi 12 août 2016

L’été à Gaza




Ziad Medoukh



L’été à Gaza n’est pas l’été d’ailleurs,
C’est un été très particulier
Un été merveilleux où surnage une beauté
Qui transperce les yeux
Un été lumineux, un été vivant
Un été ensoleillé aux nuits tranquilles
Un été plein d’espoir,
Un été doux fleurit aux rayons de chaque heure.


Mais c’est un été passionné, passionnant et bouleversé
Qui apparaît, dans le sang et la patience,
Un été que même la poésie la plus colorée 
Et le grondement des textes écrits
Ne pourraient décrire,
Un été sans vacances pour les enfermés.


En été, à Gaza,
A l’horizon sans nuages et dans le ciel
L’ombre chuchote.
En été, à Gaza,
Le soleil est ardent.
Il est magnifique l’été à Gaza !
Les arbres fruitiers sont couronnés de mille fleurs
Le figuier, le raisiné, et le dattier donnent vite des fruits


A Gaza, l’été semble s’éterniser
Les soirées sont trop longues
Sans lumières, sans électricité.
Seules les étoiles tentent de briser l’obscurité
De ce morceau de terre oublié
Soumis aux atroces mesures d’une occupation
Qui aime les ténèbres et déteste la clarté.


Un occupant aveugle qui ne sait pas que
Meurt chaque jour
Celui qui brise les rêves d’un enfant innocent,
Celui qui assassine les espoirs.
L’oppresseur, il n’est pas besoin de le combattre,
Ni de l’abattre,
Il se détruit lui-même.


L’été à Gaza serait l’occasion rêvée
De mettre fin à l’assassinat du ciel,
De mettre fin au vrombissement des avions,
Ces engins qui sèment la terreur et la mort
Ces machines qui éparpillent dans le ciel
Les cadavres d’oiseaux,
Et les cerfs-volants n’y peuvent plus danser.


En été, les familles de Gaza s’activent.
C’est la saison des mariages.
La plage est comble
Et l’on boit le thé aux multiples arômes.
En cet été de Palestine qui vit de l’espérance,
Les fleurs s’ouvrent,
Un dolmen s’érige
Pour nourrir les esprits troublés.



Gaza la prisonnière, comme l’oiseau en cage,
Se souvient d’un autre été, un sombre été,
Un été meurtrier,
C’était en 2014 !
Quand la guerre a commencé,
C’était le début de l’été !
Mais la guerre ignore les saisons.


Un refrain de tragédie,
Le lancement d’une dévastation de cinquante jours,
Une guerre qui a duré longtemps, longtemps
Jusqu’à ce que l’été commence à donner des signes de faiblesse
Quand l’occupant commence l’œuvre macabre
De sa folie meurtrière.
Les combats faisaient rage,
Les bombes illuminaient le ciel
Et les missiles s’enfonçaient dans les champs
Où l’on n’entendait que le ressac des vagues
Tandis qu un petit vent faisait danser la lune douce.


Tout est détruit, brûlé, saccagé, même les pierres.
L’interminable spoliation d’un peuple commence.
Une terreur sans nom s’impose.
Un champ de ruines effroyable et des cœurs endeuillés
Les morts et les blessés s’accumulent,
Les destructions se multiplient…
C'est la mise en scène d’une exécution,
D’un pilonnage qui a pour but d’attiser la défiance et la haine.
Dans notre ciel aux étoiles fauves,
L’escalade est ainsi imposée dans l’horreur,
La paix est ainsi tristement amputée,
Ainsi, les massacres passent et se ressemblent,
Une mort rapide qui a remplacé la mort lente du blocus étouffant !



Des images effroyables
Gravées dans les mémoires pour toujours
L’horreur!
Nous étions là, impuissants devant la cruauté,
Devant la barbarie, devant l’inhumanité,
Avec la seule force de l’espoir
Qui n’empêchait pas, hélas!
Les immeubles de s’écrouler 
Et les innocents de souffrir dans leur chair
D’enterrés vivants
Sous le glaive de feu et de sang.


Lors de ce dramatique été
Une nappe de brouillard s’étendait
Sur le nord de Gaza
Et le vent soufflait vers le sud,
Quand une pluie de feu s’abattit sur la ville,
Rayant de la carte un quartier nommé Chijaya.
La peur étreignait le cœur de nos enfants.


En chaque début d’été,
Confronté à sa réalité de prisonnier
Et à ses souvenirs douloureux
Chaque palestinien de Gaza s’interroge :
Quand aurons-nous un été comme les autres étés ?
Quand retrouvons-nous la liberté ?
Quand retrouvons-nous la paix ?
Quand ? Quand ?........


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