Ziad Medoukh
L’été à Gaza n’est pas l’été
d’ailleurs,
C’est un été très particulier
Un été merveilleux où surnage
une beauté
Qui transperce les yeux
Un été lumineux, un été vivant
Un été ensoleillé aux nuits
tranquilles
Un été plein d’espoir,
Un été doux fleurit aux rayons
de chaque heure.
Mais c’est un été passionné,
passionnant et bouleversé
Qui apparaît, dans le sang et la
patience,
Un été que même la poésie la
plus colorée
Et le grondement des textes
écrits
Ne pourraient décrire,
Un été sans vacances pour les
enfermés.
En été, à Gaza,
A l’horizon sans nuages
et dans le ciel
L’ombre chuchote.
En été, à Gaza,
Le soleil est ardent.
Il est magnifique l’été à Gaza !
Les arbres fruitiers sont
couronnés de mille fleurs
Le figuier, le raisiné, et le
dattier donnent vite des fruits
A Gaza, l’été semble s’éterniser
Les soirées sont trop longues
Sans lumières, sans électricité.
Seules les étoiles tentent de
briser l’obscurité
De ce morceau de terre oublié
Soumis aux atroces mesures d’une
occupation
Qui aime les ténèbres et déteste
la clarté.
Un occupant aveugle qui ne sait
pas que
Meurt chaque jour
Celui qui brise les rêves d’un
enfant innocent,
Celui qui assassine les espoirs.
L’oppresseur, il n’est pas
besoin de le combattre,
Ni de l’abattre,
Il se détruit lui-même.
L’été à Gaza serait l’occasion
rêvée
De mettre fin à l’assassinat du
ciel,
De mettre fin au vrombissement
des avions,
Ces engins qui sèment la terreur
et la mort
Ces machines qui éparpillent
dans le ciel
Les cadavres d’oiseaux,
Et les cerfs-volants n’y peuvent
plus danser.
En été, les familles de Gaza
s’activent.
C’est la saison des mariages.
La plage est comble
Et l’on boit le thé aux
multiples arômes.
En cet été de Palestine qui vit
de l’espérance,
Les fleurs s’ouvrent,
Un dolmen s’érige
Pour nourrir les esprits
troublés.
Gaza la prisonnière, comme
l’oiseau en cage,
Se souvient d’un autre été, un
sombre été,
Un été meurtrier,
C’était en 2014 !
Quand la guerre a commencé,
C’était le début de l’été !
Mais la guerre ignore les
saisons.
Un refrain de tragédie,
Le lancement d’une dévastation
de cinquante jours,
Une guerre qui a duré longtemps,
longtemps
Jusqu’à ce que l’été commence à
donner des signes de faiblesse
Quand l’occupant commence
l’œuvre macabre
De sa folie meurtrière.
Les combats faisaient rage,
Les bombes illuminaient le ciel
Et les missiles s’enfonçaient
dans les champs
Où l’on n’entendait que le
ressac des vagues
Tandis qu un petit vent faisait
danser la lune douce.
Tout est détruit, brûlé,
saccagé, même les pierres.
L’interminable spoliation d’un
peuple commence.
Une terreur sans nom s’impose.
Un champ de ruines effroyable et
des cœurs endeuillés
Les morts et les blessés
s’accumulent,
Les destructions se multiplient…
C'est la mise en scène d’une
exécution,
D’un pilonnage qui a pour but
d’attiser la défiance et la haine.
Dans notre ciel aux étoiles
fauves,
L’escalade est ainsi imposée
dans l’horreur,
La paix est ainsi tristement
amputée,
Ainsi, les massacres passent et
se ressemblent,
Une mort rapide qui a remplacé
la mort lente du blocus étouffant !
Des images effroyables
Gravées dans les mémoires pour
toujours
L’horreur!
Nous étions là, impuissants
devant la cruauté,
Devant la barbarie, devant
l’inhumanité,
Avec la seule force de l’espoir
Qui n’empêchait pas, hélas!
Les immeubles de s’écrouler
Et les innocents de souffrir
dans leur chair
D’enterrés vivants
Sous le glaive de feu et de
sang.
Lors de ce dramatique été
Une nappe de brouillard
s’étendait
Sur le nord de Gaza
Et le vent soufflait vers le
sud,
Quand une pluie de feu s’abattit
sur la ville,
Rayant de la carte un quartier
nommé Chijaya.
La peur étreignait le cœur de
nos enfants.
En chaque début d’été,
Confronté à sa réalité de
prisonnier
Et à ses souvenirs douloureux
Chaque palestinien de Gaza s’interroge
:
Quand aurons-nous un été comme
les autres étés ?
Quand retrouvons-nous la liberté
?
Quand retrouvons-nous la paix ?
Quand ? Quand ?........
lire son poème su le blog de Kairos
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