Triste figure que celle de la démocratie aujourd’hui.
Les primaires de l’élection présidentielle en France sont ridicules, elles
rivalisent en médiocrité avec les élections qui ont lieu actuellement aux
Etats-Unis.
Dans l’une comme dans l’autre, les véritables enjeux sont
absents :
- misère de millions de
citoyens exclus qui sont en permanence stigmatisés et désignés comme responsables
de nos difficultés. Les exclus (chômeurs, salariés pauvres, précaires,
immigrés, réfugiés) sont les nouveaux boucs émissaires de nos sociétés. Ceux
qui devraient être notre principal souci sont ceux que nous condamnons,
- inégalités monstrueuses
entre les riches de plus en plus riches et méprisants et les pauvres,
- absence de stratégie de
paix dans un monde que les grandes puissances autoproclamées démocraties contribuent
à déstabiliser. La vision guerrière du monde distillée par ces puissances a des
conséquences terribles.
- absence de la question
environnementale dans les débats alors qu’un danger vital guette toute l’humanité
devenue la proie de prédateurs animés uniquement par le profit.
Le constat que n’importe qui est en capacité de faire
est dramatique. Et rien ni personne individuellement ne peut arrêter cette
tragédie vécue comme un spectacle.
Mais nous sommes de plus en plus étranger à ce
spectacle. Il ne nous intéresse pas, il ne nous concerne pas, alors que nous en
sommes les victimes et les complices rien qu’en le regardant.
Par exemple aux Etats-Unis, le peuple américain a le
choix entre un dangereux provocateur milliardaire qui cumule démagogie,
insanités, bêtises, apologie de la loi de la jungle, degré zéro de la politique,
et une femme, Hillary Clinton, que beaucoup qualifient de corrompue, va-t-en
guerre, irresponsable, mais tel un fidèle petit soldat, constamment au service
des plus grands de la planète, de ceux justement qu’il faudrait combattre et
arrêter.
Trump/Clinton sont les deux faces d’un même système
qui broie les individus, ne les écoute pas, les culpabilise et leur fait peur.
La démocratie devient une caricature d’elle-même
lorsqu’elle se résume à des élections, quintessences du mensonge et de
l’hypocrisie.
Le cirque médiatique est le relais nécessaire pour que
cette situation continue.
Alors nous ne nous étonnerons pas que le nombre des
abstentionnistes augmente. Le suffrage universel n’a d’universel que le nom.
Beaucoup en sont exclus et ne se présentent plus dans les bureaux de vote.
Si le peuple est de plus en plus souvent absent des
urnes, c’est parce que au fond il pense que rien ne peut véritablement changer
par des élections.
Il y a presque 150 ans, Nietzsche écrivait dans son
livre Humain trop humain : « Si
à l’occasion des élections deux tiers des électeurs ne se présente pas à
l’urne, on peut dire que c’est là un vote contre le système dans son
ensemble. »
Les abstentionnistes votent à leur manière. Mais bien
sûr leur manière fait qu’on n’en tient jamais compte.
La non participation à un vote est précisément une des
contradictions qui renverse tout le système électoral. Il s’agit d’un veto absolu de l’individu qui devrait
faire réfléchir.
François Baudin
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