Quelle
leçon tirer des dernières péripéties du traité commercial avec la Canada ?
La Wallonie province francophone belge a refusé pendant plusieurs jours de
signer l’accord CETA qui libéralise les échanges au bénéfice des entreprises
multinationales, de la finance et du marché. Poursuivant ainsi la rapide désindustrialisation,
la disparition de pans entiers de l’économie, la fin d’une agriculture de
proximité, le règne de l’argent roi et des puissances mercantiles.
La
mondialisation actuelle fondée sur la concurrence généralisée, la circulation
de la marchandise, le combat de tous contre tous, doit être mise en œuvre à
tout prix, partout, en tout lieu. Aucun pays ne peut y échapper, aucune
marchandise ne sera épargnée. Tout s’achète et tout se vend. Tout est
privatisable, l’air, l’eau des sources, les mers et les océans, le ciel et les
astres, l’éducation, la santé, la sécurité, la justice,… Tout doit produire du
profit, si on le presse bien.
Comme
s’il s’agissait d’un destin inéluctable contre lequel il n’y a rien à
faire : la mondialisation contemporaine détruit tout sur son passage, ne
tient compte d’aucune réalité humaine, d’aucun besoin vital, d’aucune
démocratie comme d’aucun peuple.
On
assiste alors à une lente et inexorable descente aux enfers pour les
populations touchées par cette folie contemporaine qui ignore la dignité
humaine et l’intérêt général. Le monde va de crises en crises, de guerres en
guerres, laissant des millions d’hommes dans les fossés, dans l’exclusion et la
pauvreté. Jetant d’autres sur les routes de l’exode qui finissent à Calais, à
Lampedusa. Nous sommes les témoins et aussi les victimes d’une lente disparition
des populations touchées par cette folie.
Le
non démocratique des Wallons fut le symbole d’une tentative de résistance,
comme la Grèce il y a deux ans : dire non au diktat économique. Montrer
notre désaccord et affirmer un autre monde possible.
Mais
que pèse la démocratie, la souveraineté des peuples face aux froids calculs des
Etats et des grandes puissances. Rien ou presque. Ce n’est quand même pas 2 ou
3 millions d’êtres humains qui empêcheront le monde d’aller comme il va,…mal.
Un
minuscule grain de sable comme un espoir d’humanité est apparu dans cet
ensemble inhumain : il s’est nommé cette semaine la Wallonie. Ce grain tel
le sénevé pourrait grandir et transformer le monde en son entier. Il présente
un danger imminent pour les affaires qui doivent malgré tout continuer.
Business as usual.
Pourtant
les grandes puissances étatiques et économiques nous ont semblé bien fragiles
cette semaine, si on y réfléchit. Colosses aux pieds d’argile qui ne tiennent
debout que par notre bon vouloir, par notre passivité, notre indifférence,
notre complicité même.
Pendant
quelques jours ce fut l’affolement à Bruxelles, capitale de l’Europe. Une rage
hystérique a saisi les dirigeants du monde. Des pressions inimaginables ont
pesé sur ce petit peuple wallon et sur ses élus pour qu’il cède à la réalité
mondiale.
Et
ils ont cédé, pas tous, mais en nombre suffisant pour que l’ordre économique
soit rapidement rétabli. Les droits sociaux continueront d’être sacrifiés sur
l’autel de la marchandise. L’environnement, l’avenir de l’homme comme l’avenir
des animaux continueront d’être oublié devant les comptes de résultat des
entreprises. Les communautés humaines continueront d’être la proie de
prédateurs sans morale.
La
bataille pour un autre monde généreux, fraternel, un monde de paix, ne fait que
commencer.
François Baudin
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