Selon que vous soyez puissant ou
misérable,
Les jugements de cour vous rendront
blanc ou noir.
Nous
connaissons presque tous ces derniers vers de la fable Les animaux malades de la peste écrit par Jean de la Fontaine.
Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), personnage parmi
les plus puissants du monde, a été condamnée le 19 décembre dernier par la cour
de justice de la République pour « négligence ».
Qu’a-t-elle
fait ?
Elle
a avalisé de son autorité ministérielle de l’époque (en 2008) l’arbitrage qui
exigea de l’Etat qu’il verse 403 millions d’euros dont 45 millions au titre de
préjudice moral à Bernard Tapie, célèbre homme d’affaires Bernard Tapie, lui-même passé à
plusieurs reprises par la case justice pour ses trafics divers.
Vous
vous rendez compte : 45 millions de préjudice moral alors que pour la mort d’un
enfant, le préjudice peut se situer entre 5000 et 25000 euros.
Christine
Lagarde ministre de l’économie de l’époque garante de l’intérêt général a été « négligente »
dans cette affaire. Que veut dire négligente ?
On
dit d’un élève de l’école élémentaire qu’il est négligent quand il ne s’applique
pas suffisamment à ce qu’il fait. Madame Lagarde a donc été condamnée parce qu’elle
ne s’est pas assez appliquée à son devoir de l’époque : celui d’être
vigilante sur l’argent public que le peuple français lui avait confié.
Mais
coupable de négligence telle une
employée de magasin qui a fait une petite erreur de caisse et qu’on licencie le
soir même de la faute commise, Christine Lagarde a été exemptée de peine. Son
casier judiciaire restera vierge. La cour a justifié cette décision en raison de
la notoriété et des responsabilités occupées actuellement par cette femme
toujours bien mise sur elle.
Ainsi
la Fable de La Fontaine se vérifie : Christine, reine puissante parmi les
puissants, ne peut pas être condamnée. On ne doute pas une seconde que ce genre
de décision prononcée par la plus haute instance judiciaire de la République aura
des effets dissolvants sur les citoyens que nous sommes, et sur notre
démocratie.
Attitude
arrogante du pouvoir, méprisante pour nous et pour la justice, impunité qui
anime les puissants entre eux, car la cour de justice de la République est
composée de députés, d’anciens ministres, de hauts fonctionnaires. Il s’agit
donc aussi d’un réflexe de caste.
Pourquoi
parler cette semaine de cette affaire qui date d’il y a un mois ? Parce que
figurez-vous que cette semaine la cour d’appel d’Amiens vient de condamner les syndicalistes
de Goodyear à de la prison avec sursis : 4 mois pour certains et 12 mois
pour d’autres, pour avoir défendu leur outil de travail face à la multinationale
qui fabrique des pneus.
Il
faut dire que la peine en cour d’appel d’Amiens a été plus clémente qu’en
première instance qui avait condamné certains ouvriers de chez Goodyear à 24
mois de prison dont 9 mois ferme.
Rappelons
pour être complet que pendant les dix derniers mois 1706 procès, condamnations,
poursuites et sanctions ont été prononcés contre des militants, manifestants,
grévistes et syndicalistes en France.
Cette
semaine encore, une agricultrice retraitée, militante de la Confédération
paysanne du Haut Doubs et reconnue lanceuse d’alerte, a été traduite en justice
pour avoir participé au démontage de la salle de traite de la ferme des 1000
vaches dans la Somme.
Enfin
et la liste est loin d’être close : le chauffeur de camion qui le 26 mai
2016 à Marseille, avait foncé volontairement sur la foule de manifestants
contre la loi travail, a été relaxé alors que 2 personnes avaient été gravement blessés. Signalons pour finir que lors du procès les manifestants avaient été traités de
voyous.
Voilà,
un sentiment d’impunité d’un côté et une répression outrancière de l’autre.
Quelque chose ne va pas dans notre République.
François
Baudin
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