Parfois, il vaut mieux rester
silencieux quelque temps au moment des élections. Quand la situation est telle
que toute prise de position entraîne une confusion, un malentendu.
Beaucoup, et j’en suis, se sont
sentis pris dans un piège, un peu comme si tout l’horizon, ou même toute
espérance, avait été bouchée par l’échéance électorale.
Quoique nous fassions, quoique
nous disions, nous étions prisonniers.
Heureux ceux qui avaient les
idées claires, heureux ceux qui croyaient à leur vote.
Est-ce qu’une démocratie
véritable, est-ce que la politique se résume à 5 minutes dans un isoloir tous
les 5 ans, alors qu’il nous était rappelé journellement que le destin de la France
s’y jouait irrémédiablement ?
Le destin d’un pays tout entier
peut-il être décidé en quelques secondes à travers des petits papiers où deux
noms apparaissent, dont un largement inconnu il y a à peine une année ?
Est-ce être un citoyen actif que
de se satisfaire de cet ersatz de démocratie ?
Est-ce démocratique que de devoir
remettre son destin et celui de son pays à une femme ou à un homme providentiel.
Il n’est pas de sauveur suprême, nous dit la chanson.
Le choix pour un très grand
nombre ne pouvait être qu’une négation. Un refus. Voilà le piège de l’élection :
être le petit poisson dans un filet, Chaque geste, chaque mouvement nous enferme
encore un peu plus et nous emporte vers la disparition.
Alors pour un grand nombre d’entre
nous, le mieux était de ne pas bouger, de ne pas se rendre dans les urnes. Ou
bien d’y mettre un bulletin blanc ou nul.
Il ne faut pas oublier que la
démocratie est une affirmation.
L’affirmation d’un autre monde pour
lequel on s’engage. La démocratie c’est le débat, l’échange réciproque de tous
avec tous.
L’affirmation démocratique ne
peut se satisfaire d’un système électoral où il suffit de se rendre seul à échéances
régulières dans un endroit particulier, afin d’y remettre son propre pouvoir
sans garantie. L’isoloir est souvent le lieu de la démission démocratique.
Heureux et naïfs aussi sont ceux
qui ont cru affirmer quelque chose à travers leur vote.
La plupart a voté par défaut et c’est
comme si cette élection leur avait été volée.
Peut-on continuer ainsi et vivre
en permanence dans le refus ? Jamais un refus ne pourra affirmer quelque
chose. La négation porte la négation.
- Le refus d’un régime autoritaire fondé sur l’exclusion, le repli, la fermeture, la peur et parfois même la haine de l’autre.
- Le refus d’une mondialisation telle qu’elle se révèle actuellement : libérale, sauvage, violente pour le plus grand nombre, où l’individualisme règne et où le seul critère de réussite pour l’humanité est l’enrichissement personnel. Un monde contemporain qui laisse sur le bord du chemin des milliers et des milliers d’individus.
Pour ceux qui ne veulent ni d’un
monde haineux et replié sur lui-même, ni d’un monde dominé par l’argent et l’individualisme,
aucune voie nouvelle ne leur était proposée.
Le système démocratique en
vigueur a montré au cours des dernières semaines ses limites. Il est rare dans
l’histoire que des élections accouchent d’un véritable changement.
Ceux qui ont affirmé et voulu quelque
chose de positif dans ces élections risquent d’être à nouveau déçus dans les
années à venir.
François Baudin
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