La période de l’avent qui commence le 1er décembre est
symbole d’espérance.
Espérer quelque chose, c’est le tenir
pour sûr, pour immédiat. L’espoir ce n’est pas demain dans le cadre d’un projet
futur. Espérer c’est tenir pour évident quelque chose qu’on ne voit pas encore
L’espérance signifie aussi que
tout un travail de dévoilement s’effectue en nous, devant nous, peut-être grâce
à nous mais le plus souvent grâce aux autres hommes que nous rencontrons, grâce
aussi aux choses que nous connaissons, aux événements que nous vivons.
L’espérance se situe donc dans
l’incarnation du moment.
Espérer c’est penser que ce
travail de révélation, de dévoilement est en cours, un peu comme le grain de
blé qu’on ne voit pas est en train de germer en secret dans la terre.
Voilà ce que pourrait signifier
cette période qui précède Noël.
Les marcheurs pour l’égalité et contre le racisme qui ont parcouru les
routes de France il y a 30 ans étaient des hommes et des femmes d’espérance.
A
l’occasion d’un film sorti en salle cette semaine, on se souvient de l’espoir
porté par cette marche appelée plus communément « Marche des beurs » qui s'est
déroulée du 15 octobre au 3 décembre 1983. C’était la première manifestation nationale de ce genre. Elle nous a fait immédiatement
penser aux marches américaines des années soixante contre la ségrégation
raciale. Soutenue par deux religieux, le Père Christian Delorme et le pasteur Jean
Costil, responsable de la Cimade, les jeunes marcheurs, la plupart fils et
filles d’immigrés de la première génération, affirmaient, à travers ce geste
pacifique, leur citoyenneté française.
Les marcheurs non violents qui
étaient partis dans une relative indifférence de Marseille où venait
d’avoir lieu le meurtre raciste d’un enfant de treize ans, sont arrivés à Paris
début décembre accompagnés de plus de 100 000 personnes.
Le succès de cette initiative
pouvait faire espérer que le racisme allait disparaître dans notre pays. Il
n’en est rien. Trente ans après, le combat pour l’égalité et contre le racisme
se poursuit.
Aujourd’hui, samedi 30 novembre
2013, de nouvelles manifestations sont organisées à travers tout le pays pour
dire « Stop ça suffit ! ». Des dizaines d’associations nous invitent
à être présents et mobilisés partout en France.
Il aura fallu que Madame Taubira,
Garde des Sceaux, subisse depuis plusieurs semaines des attaques à caractère
raciste d’une grande violence pour que cette nouvelle mobilisation s’organise.
Il aura fallu aussi les prises de paroles équivoques du ministre de l’Intérieur,
Manuel Valls, contre les Roms, pour qu’une partie de la population dise non à la
xénophobie distillée jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.
Un mauvais climat s’installe
actuellement en France. Nous ne pouvons pas admettre que des millions de
personnes soient déniées dans leur humanité et leur citoyenneté, que ce soit en
raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture, de leur
religion. Nous refusons que des boucs émissaires soient désignés comme les
responsables de nos maux et comme des menaces sur notre avenir.
Face aux défis actuels liés à la
dégradation économique, au chômage et aux inégalités, nous nous dressons pour
affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et
fraternelle.
La fraternité « est un principe
non négociable qui doit être toujours défendu », a déclaré le cardinal
Maradiaga, président de Caritas International, et auteur d’un livre intitulé
« Sans éthique, pas de développement ».
François Baudin
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