mercredi 27 novembre 2013

Marcher contre le racisme



La période de l’avent qui commence le 1er décembre est symbole d’espérance.
Espérer quelque chose, c’est le tenir pour sûr, pour immédiat. L’espoir ce n’est pas demain dans le cadre d’un projet futur. Espérer c’est tenir pour évident quelque chose qu’on ne voit pas encore
L’espérance signifie aussi que tout un travail de dévoilement s’effectue en nous, devant nous, peut-être grâce à nous mais le plus souvent grâce aux autres hommes que nous rencontrons, grâce aussi aux choses que nous connaissons, aux événements que nous vivons.
L’espérance se situe donc dans l’incarnation du moment.
Espérer c’est penser que ce travail de révélation, de dévoilement est en cours, un peu comme le grain de blé qu’on ne voit pas est en train de germer en secret dans la terre.
Voilà ce que pourrait signifier cette période qui précède Noël.

Les marcheurs pour l’égalité et contre le racisme qui ont parcouru les routes de France il y a 30 ans étaient des hommes et des femmes d’espérance.

A l’occasion d’un film sorti en salle cette semaine, on se souvient de l’espoir porté par cette marche appelée plus communément « Marche des beurs » qui s'est déroulée du 15 octobre au 3 décembre 1983. C’était la première manifestation nationale de ce genre. Elle nous a fait immédiatement penser aux marches américaines des années soixante contre la ségrégation raciale. Soutenue par deux religieux, le Père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil, responsable de la Cimade, les jeunes marcheurs, la plupart fils et filles d’immigrés de la première génération, affirmaient, à travers ce geste pacifique, leur citoyenneté française.

Les marcheurs non violents qui étaient partis dans une relative indifférence de Marseille où venait d’avoir lieu le meurtre raciste d’un enfant de treize ans, sont arrivés à Paris début décembre accompagnés de plus de 100 000 personnes.
Le succès de cette initiative pouvait faire espérer que le racisme allait disparaître dans notre pays. Il n’en est rien. Trente ans après, le combat pour l’égalité et contre le racisme se poursuit.

Aujourd’hui, samedi 30 novembre 2013, de nouvelles manifestations sont organisées à travers tout le pays pour dire « Stop ça suffit ! ». Des dizaines d’associations nous invitent à être présents et mobilisés partout en France.
Il aura fallu que Madame Taubira, Garde des Sceaux, subisse depuis plusieurs semaines des attaques à caractère raciste d’une grande violence pour que cette nouvelle mobilisation s’organise. Il aura fallu aussi les prises de paroles équivoques du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, contre les Roms, pour qu’une partie de la population dise non à la xénophobie distillée jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.
Un mauvais climat s’installe actuellement en France. Nous ne pouvons pas admettre que des millions de personnes soient déniées dans leur humanité et leur citoyenneté, que ce soit en raison de leurs origines, de leur situation sociale, de leur culture, de leur religion. Nous refusons que des boucs émissaires soient désignés comme les responsables de nos maux et comme des menaces sur notre avenir.
Face aux défis actuels liés à la dégradation économique, au chômage et aux inégalités, nous nous dressons pour affirmer avec force : la République n’a d’avenir qu’égale, solidaire et fraternelle.

La fraternité « est un principe non négociable qui doit être toujours défendu », a déclaré le cardinal Maradiaga, président de Caritas International, et auteur d’un livre intitulé « Sans éthique, pas de développement ».
François Baudin

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