Rugir pour secouer les consciences
Cette semaine Nelson Mandela a
rassemblé tous les dirigeants de la planète qui se sont retrouvés dans le stade
Soccer city de Johannesburg. Il ne
fallait surtout pas manquer le rendez-vous africain.
Lors de son retour vers la France,
le président Hollande en a profité pour faire un petit détour par Bangui où
deux soldats français venaient de mourir alors qu’ils tentaient de désarmer des
miliciens de la Séléka.
L’Afrique cette semaine faisait
la Une de l’actualité. Beaucoup d’experts et d’analystes spécialistes du
continent en ont profité pour nous dire que le continent commençait à se porter
mieux, qu’il était sur la bonne voie, qu’une classe moyenne y émergeait, et
surtout que la croissance, tant attendue en Europe, était en train de s’accélérer,
notamment dans la partie subsaharienne qui a été la seule région du monde à dépasser
6 % de croissance en 2012.
L’avenir serait donc prometteur
pour l’Afrique. Et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, sous
réserve que la France et ses soldats remettent un peu d’ordre dans certains
pays en déshérence comme le Mali ou la Centrafrique. Cette remise en ordre ne
serait qu’une affaire de quelques mois, nous a-t-on dit.
Pourtant, nous devons rappeler
que le 9 décembre dernier, il y a juste une semaine, la « Campagne contre
la faim dans le monde » a été lancée par Caritas internationalis.
En
dépit d’une amélioration à l'échelle mondiale dans la réduction de la faim, des
écarts importants persistent.
L'Afrique
subsaharienne n'a pas fait beaucoup de progrès au cours des dernières années. On
estime qu'un Africain sur quatre souffre de la faim. L’objectif fixé au sommet
mondial de l’alimentation de réduire le nombre de personnes affamées à
l’horizon 2015 est irréalisable, à cause justement de la situation africaine.
La
richesse produite par la croissance du continent est donc répartie de manière
inégale. Nous nous trouvons face à un scandale qui perdure depuis si longtemps.
Nous ne pouvons pas tourner le dos et dire que le problème n’existe pas ou
qu’il est derrière nous. Les richesses extraites et produites par l’Afrique pourraient
largement suffire à assurer un niveau de vie convenable et digne à l’ensemble
des populations.
Pourtant l’Afrique est le
continent le plus ouvert à la mondialisation, la part du PIB liée à
l’exportation de matières premières est la plus grande du monde. En fait, la
croissance africaine est liée uniquement à l’augmentation des exportations de
matières premières qui ne bénéficient pas aux populations locales, alors que
ces mêmes exportations contribuent fortement à déstabiliser certains pays en
proie aux guerres intestines de potentats locaux et à la prédation des
entreprises multinationales qui pendant des décennies furent les complices de
la politique d’apartheid en Afrique du Sud.
Les conflits en Afrique sont à
l’origine de plus de la moitié des crises alimentaires et sanitaires du
continent. Ajoutons à cette situation, une urbanisation non maîtrisée qui aggrave
la paupérisation.
Enfin le déficit de démocratie et
la corruption sont des obstacles majeurs au développement des pays.
Cependant les acteurs des
sociétés civils africaines s’organisent. Ils sont de plus en plus actifs dans
la lutte pour la démocratie, l’accès aux droits, et la construction d’une plus
grande justice économique.
La détermination de Nelson Mandela,
son courage héroïque et son esprit resteront une source d’inspiration pour
celui qui « rugit » pour secouer les consciences.
François Baudin
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