Le nationalisme c’est la guerre !
A la veille de la Première guerre
mondiale, des voix isolées s’élevaient contre le nationalisme. Il y a tout
juste cent ans, en 1914, quelques Européens, Allemands, Français, Russes, Hongrois
ou Italiens prenaient la parole ; ils se nommaient Gramsci et Lénine,
Jaurès et Rosa Luxembourg et prophétisaient dans le désert. Ils prévenaient et
alertaient le monde entier : « la guerre est proche. Nous courons
vers la catastrophe ». Mais leurs voix restaient sans écho et la catastrophe
eut lieu. Dans une note du 1eraoût 1917, le Pape
Benoît XV proposait une paix durable et, en même temps, lançait un appel
pressant à cesser ce qu’il appelait un «inutile massacre».
Tous ces hommes disaient la même
chose : le nationalisme c’est la guerre. Cette formule a été reprise plus
récemment par le président François Mitterrand, le 17 janvier 1995 dans un
discours prononcé à Strasbourg au Parlement Européen.
Ainsi de loin en loin, cette phrase
prophétique restée célèbre, est utilisée comme elle le fut encore dans les
années Trente, vingt ans après le premier conflit mondial.
En vain, personne n’écoute.
Et aujourd’hui, l’heure est-elle
venue de succomber encore aux sirènes nationalistes ?
En définitive, jamais l’histoire
ne donne des leçons à ceux qui restent sourds et aveuglés par leur démon.
Triste dimanche pour la Suisse,
ce pays d’à peine 8 millions d’habitants situé au cœur de l’Europe. Triste
dimanche pour l’Europe.
Lors du référendum contre
l’immigration, les Suisses ont répondu qu’ils ne voulaient plus d’étrangers
dans leur petit pays. Organiser un référendum sur le sujet des étrangers était
déjà une manière de provocation.
Ce vote constitue la suite
logique du précédent référendum contre les musulmans et contre la construction
de mosquées dans les belles vallées dont l’air des montagnes doit rester pur de
tout miasme étranger.
En Europe les partis extrémistes
et xénophobes se sont réjouis du résultat. Ils ont salué une saine décision.
Une merveilleuse nouvelle donc pour certains. Une très triste nouvelle pour
d’autres, qui redoutent que l’histoire se répète à nouveau.
Mais au juste qui sont ces
étrangers qu’une partie de la population suisse ne veut pas ? Ce
sont des Allemands, des Italiens, des Français. C’est vous et moi !
Alors la leçon évidente qu’il
nous faut tirer est celle-ci : nous sommes toujours l’étranger de
quelqu’un. Et aujourd’hui, les étrangers, c’est nous. C’est de nous dont il
s’agit. Une petite majorité de Suisses ne veut plus de nous.
Cependant l’argent étranger
continue d’intéresser les banques suisses. En 2013, l’argent français, allemand
ou italien a continué d’affluer dans les banques helvétiques.
Il y a quelques jours un
dirigeant d’une banque déclarait : « L'afflux dans les banques
suisses de capitaux nouveaux, parfaitement conformes sur le plan fiscal, montre
que le savoir-faire suisse en matière bancaire est reconnu ».
Les banques suisses continuent de
cacher des capitaux français dont certains échappent à l’impôt, alors que notre
pays a tant besoin de rentrées fiscales.
Il est dit également que nos
gouvernants continuent de fermer les yeux, parce que peut-être ils risquent de
trouver parmi les fraudeurs, de nombreux amis. Récemment un fonctionnaire de
Bercy estimait à 80 milliards d’euros par an l’évasion fiscale dont la France
est victime.
On peut s’amuser à rêver d’un référendum suisse contre
l’argent des étrangers.
Comment justifier aujourd’hui qu’on soutienne la libre
circulation des marchandises et des capitaux alors qu’on restreint de plus en
plus la libre circulation des hommes. Il y a là un paradoxe qu’il faudra bien
un jour nous expliquer.
François Baudin
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