Nos frères étrangers
Pouvons nous oublier nos frères
étrangers ?
Il y a soixante dix ans, le 21
février 1944 à trois heures de l’après midi, un grand soleil d’hiver éclaire le
Mont -Valérien couvert de neige lorsque "23 étrangers et nos frères pourtant",
tombent exécutés ; leur corps criblé de balles, la tête inclinée le long
du poteau.
Ces étrangers sont l’honneur de
la France qui se bat contre la barbarie. L’honneur d’une France qui reste
debout.
Comment aujourd’hui oublier ces
hommes qui sont morts pour que notre pays redevienne libre ?
La liberté est sans frontière. Peu
importe l’origine, la religion ; peu importe que tu croies au ciel ou que
tu n’y croies pas.
Ceux qui se battaient n’avaient
aucune haine pour quelque peuple que ce soit. Ils sont morts pour un idéal que
la France symbolisait. La France pour eux est terre de liberté. Ils sont morts avec
l’espoir d’un bonheur à venir. "Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre
et demeurer dans la beauté des choses". L’espoir des Jours heureux qu’ils portaient en ces jours sombres, était celui de
toute l’humanité.
Aragon a chanté la geste de ces
hommes ; c’était hier à peine. Le poète dressait aux suppliciés un
monument de mots fait de chair et de sang : « Vous n’avez réclamé la
gloire ni les larmes, Ni l’orgue, ni la prière aux agonisants. (…) Vous vous
étiez servi simplement de vos armes », écrit-il dans la première strophe de son poème.
Les armes venaient de Londres, et
les larmes continuent d’inonder nos voix.
Les étrangers du groupe
Manouchian sont nos frères à tout jamais. Agés de 20 ans tout au plus, amoureux de vivre à en mourir comme on
peut l’être à cet âge, ils restent les enfants d’une France dont on rêve contre
celle de la collaboration, de la soumission et de la xénophobie.
Comment oublier la place des
étrangers dans la libération du pays ?
Ceux que la propagande de l’Occupant
nazi et de ses commis de Vichy avait présentés sur une affiche rouge placardée
dans Paris, comme hirsutes menaçants, criminels terroristes, chômeurs et chefs
de bande, sont devenus dans cette nuit du couvre feu et de la peur, nos
libérateurs.
Il faut se garder de prendre les
loups pour des chiens.
Et aujourd’hui ceux, qui avec leur
visage souriant désignent l’étranger comme un danger, nous trompent et ne protègent
pas notre maison commune, mais au contraire la menacent et la détruisent peu à
peu si on les laisse faire.
En cet fin février 2014, quoi de
plus actuel et de plus nécessaire de se souvenir et de dire, que, celui qu’on
voit comme étranger, est notre frère, notre gardien si proche et parfois notre
libérateur.
François Baudin
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