Cette semaine tous les pays
alliés de la seconde guerre mondiale sont venus fêter le débarquement sur les
plages de Normandie. La libération de la France commençait il y a tout juste 70
ans.
Un texte, véritable programme
politique, économique et social qui a été nommé « Les jours heureux »
avait été adopté quelques semaines auparavant, le 15 mars 1944 exactement, par l’ensemble
de la Résistance française unie au sein d’un Conseil National.
Mais avant de pouvoir mettre ce
programme en œuvre, il fallait libérer le pays de l’occupant. Intensifier avec
les Alliés la lutte armée menée par la Résistance.
Le programme du CNR ne se
résumait pas à la libération immédiate du joug nazi. Une vision politique,
démocratique et sociale animait ceux qui se battaient. Il était prévu d’instaurer une « véritable
démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités
économiques et financières de la direction de l’économie »,
ce qu'on appellera généralement les nationalisations et qui est exprimé dans le texte comme « le retour à la nation des grands moyens de
production, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du
sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques » .
Le programme du CNR énonçait
également des mesures sociales, une augmentation importante des salaires, le
rétablissement d'un syndicalisme indépendant et des délégués d'atelier et aussi « un plan complet de sécurité
sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous
les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail ».
Pourquoi est-il nécessaire de
rappeler l’existence de ce programme au moment où on fête l’anniversaire du
débarquement des Alliés ? Commémorez un évènement historique ne
représente pas beaucoup d’intérêt en soi sauf celui de maintenir une mémoire
pour les nouvelles générations.
Soixante dix ans après où en
est-on de l’esprit qui animait la Résistance en France ?
Depuis une vingtaine d’années,
les acquis du programme du CNR ne sont plus considérés comme des normes
sociales permettant de vivre ensemble, au contraire ils sont sans cesse remis
en question. Des pans entiers de ce qui constituait notre édifice sont attaqués.
Rappeler que le programme du CNR
est né dans les maquis, dans les groupes de résistance qui à l’heure du couvre
feu parcouraient les rues des villes et des villages de notre pays, est une
manière de dire que rien n’arrive sans l’engagement personnel de chacun ;
sans l’énergie d’un peuple qui aspire à la liberté et à la démocratie. C’est
dire aussi que rien n’est acquis et que tout à chaque instant peut être remis
en cause si on n’y prend pas garde.
Le rêve et l’espoir des
« jours heureux » ne pouvaient pas devenir réalité sans que des Résistants se lèvent avant le jour pour aller combattre.
Face à l’argument qui explique
qu’actuellement rien n’est possible, que la situation est inévitable, qu’il
n’est pas d’autre voie possible que celle présentée par ceux qui gouvernent,
qu’il n’existe pas de solutions autres que celles qu’on propose, qu’il faut se
plier devant la réalité, qu’il faut se résigner et attendre, oui, face à tous
ces discours de renoncement et de soumission à la réalité, ceux qui ont combattu,
qui ont résisté il y a plus de soixante dix ans, nous disent l’inverse.
Oui, une société plus fraternelle
est possible, le rêve des jours meilleurs réalisable.
François Baudin
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