jeudi 12 juin 2014

Urgence pour le monde





On aurait pu croire qu’après la chute du mur de Berlin en 1989, le monde allait enfin connaître une paix perpétuelle. C’était la fin de la guerre froide. Et pour certains analystes la fin de la guerre froide signifiait la fin de l’histoire tragique des hommes. Ils étaient nombreux ceux qui pensaient que, gouvernés par une Assemblée générale réunie au sein de l’ONU, les peuples pourraient enfin régler leurs conflits de manière pacifique, par la négociation.

Il n’en a rien été. A la lecture de ce qui se passe depuis plus de vingt ans, il apparaît que le monde est gouverné par quelques nations s’autoproclamant de manière abusive « communauté internationale », qui pensent, à la faveur de la chute de l’Union soviétique, qu’elles peuvent décider seules de la marche du monde au gré de leurs intérêts, décrétant bon un jour ce qu’elles jugeaient mal la veille. En effet, comment expliquer que les grandes puissances soutiennent en Syrie ceux-là même qu’elles ont combattus et continue de combattre en Irak ?

Aujourd’hui la politique des grandes puissances, qui ne pensent le plus souvent qu’à leurs propres intérêts immédiats, a été un échec total. Cette vision étroite et égoïste représente un danger terrible pour maintes populations de la planète. La guerre en Irak déclenchée abusivement et sans mandat international en 2003 par le président des Etats-Unis, Georges Bush, a initié un cycle de drames pour les peuples du Proche et du Moyen-Orient, drames dont on est loin d’être sorti.

Les évènements en Irak de la semaine écoulée rappellent cette réalité de manière flagrante. La prise de Mossoul par des intégristes islamistes, la marche sur Bagdad de ces fanatiques, l’extension vers la Syrie d’une guerre civile qui enflamme toute une région du monde, représentent maintenant un danger si grave pour la paix qu’il est impératif de revoir totalement notre manière de considérer les choses. A Mossoul la situation actuelle est décrite comme « apocalyptique », notamment pour les centaines de milliers de civils en fuite. Les chrétiens de la région sont actuellement sur le chemin de l’exode. L’assaut islamiste a accéléré la fuite de nombreuses familles chrétiennes en direction des villages de la plaine de Ninive, à quelques dizaines de kilomètres de Mossoul, La plupart des habitants de cette ville irakienne ont abandonné leurs maisons: ils ont fui dans les villages, et dorment dehors, sans rien à manger ni à boire. Des milliers d'hommes armés ont assassiné adultes et enfants, les corps sans vie sont restés abandonnés dans les rues et dans les maisons par centaines. L’évêque chaldéen, Mgr Nona, et les autres évêques de Mossoul ont lancé un appel pour que les églises et les mosquées demeurent ouvertes pour prier pour la paix. Ils demandent que l’accès au pain et aux denrées alimentaires de base soit garanti à la population.

Aujourd’hui les Etats-Unis sortent d’Irak et d’Afghanistan, laissant derrière eux un désastre inouï qui va du Pakistan jusqu’aux rives de la méditerranée. La Libye est en proie à une guerre civile dont très peu de journaux occidentaux parlent. Ces pays sont des champs de ruines. La souffrance de millions d’habitants qui vivent si proches de nous est insupportable.

Ce qu’on a appelé le Printemps arabe a pu faire espérer qu’une troisième voie démocratique entre les dictatures et l’intégrisme était en train d’être mise en œuvre par les peuples de ces régions. Troisième voie, faut-il le souligner, qui n’a jamais été soutenue par les grandes puissances. Aujourd’hui ce Printemps des peuples s’est transformé en hiver islamique, et même pour l’Egypte par le retour du même dictateur caché sous un autre nom.
Il y a urgence pour le monde. Comme le déclarait le pape François le 9 mai dernier : il y a urgence d’une mobilisation éthique mondiale qui va au-delà des différences de credo ou d’opinion politique. Urgence à répandre et mettre en oeuvre un idéal commun de fraternité et de solidarité.

François Baudin


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