On aurait pu croire qu’après la
chute du mur de Berlin en 1989, le monde allait enfin connaître une paix
perpétuelle. C’était la fin de la guerre froide. Et pour certains analystes la
fin de la guerre froide signifiait la fin de l’histoire tragique des hommes. Ils
étaient nombreux ceux qui pensaient que, gouvernés par une Assemblée générale
réunie au sein de l’ONU, les peuples pourraient enfin régler leurs conflits de
manière pacifique, par la négociation.
Il n’en a rien été. A la lecture
de ce qui se passe depuis plus de vingt ans, il apparaît que le monde est
gouverné par quelques nations s’autoproclamant de manière abusive
« communauté internationale », qui pensent, à la faveur de la chute
de l’Union soviétique, qu’elles peuvent décider seules de la marche du monde au
gré de leurs intérêts, décrétant bon un jour ce qu’elles jugeaient mal la
veille. En effet, comment expliquer que les grandes puissances soutiennent en
Syrie ceux-là même qu’elles ont combattus et continue de combattre en Irak ?
Aujourd’hui la politique des
grandes puissances, qui ne pensent le plus souvent qu’à leurs propres intérêts
immédiats, a été un échec total. Cette vision étroite et égoïste représente un
danger terrible pour maintes populations de la planète. La guerre en Irak
déclenchée abusivement et sans mandat international en 2003 par le président
des Etats-Unis, Georges Bush, a initié un cycle de drames pour les peuples du Proche
et du Moyen-Orient, drames dont on est loin d’être sorti.
Les évènements en Irak de la
semaine écoulée rappellent cette réalité de manière flagrante. La prise de
Mossoul par des intégristes islamistes, la marche sur Bagdad de ces fanatiques,
l’extension vers la Syrie d’une guerre civile qui enflamme toute une région du
monde, représentent maintenant un danger si grave pour la paix qu’il est
impératif de revoir totalement notre manière de considérer les choses. A
Mossoul la situation actuelle est décrite comme « apocalyptique »,
notamment pour les centaines de milliers de civils en fuite. Les chrétiens de
la région sont actuellement sur le chemin de l’exode. L’assaut islamiste a
accéléré la fuite de nombreuses familles chrétiennes en direction des villages
de la plaine de Ninive, à quelques dizaines de kilomètres de Mossoul, La plupart
des habitants de cette ville irakienne ont abandonné leurs maisons: ils ont fui
dans les villages, et dorment dehors, sans rien à manger ni à boire. Des
milliers d'hommes armés ont assassiné adultes et enfants, les corps sans vie
sont restés abandonnés dans les rues et dans les maisons par centaines.
L’évêque chaldéen, Mgr Nona, et les autres évêques de Mossoul ont lancé un
appel pour que les églises et les mosquées demeurent ouvertes pour prier pour
la paix. Ils demandent que l’accès au pain et aux denrées alimentaires de base
soit garanti à la population.
Aujourd’hui les Etats-Unis sortent
d’Irak et d’Afghanistan, laissant derrière eux un désastre inouï qui va du
Pakistan jusqu’aux rives de la méditerranée. La Libye est en
proie à une guerre civile dont très peu de journaux occidentaux parlent. Ces
pays sont des champs de ruines. La souffrance de millions d’habitants qui
vivent si proches de nous est insupportable.
Ce qu’on a appelé le Printemps
arabe a pu faire espérer qu’une troisième voie démocratique entre les dictatures
et l’intégrisme était en train d’être mise en œuvre par les peuples de ces
régions. Troisième voie, faut-il le souligner, qui n’a jamais été soutenue par
les grandes puissances. Aujourd’hui ce Printemps des peuples s’est transformé
en hiver islamique, et même pour l’Egypte par le retour du même dictateur caché
sous un autre nom.
Il y a urgence pour le monde.
Comme le déclarait le pape François le 9 mai dernier : il y a urgence
d’une mobilisation éthique mondiale qui va au-delà des différences de credo ou
d’opinion politique. Urgence à répandre et mettre en oeuvre un idéal commun de
fraternité et de solidarité.
François Baudin
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