Nous vivons en démocratie, oui
mais cette démocratie est de basse intensité.
La démocratie se caractérise par
la délégation de souveraineté. Au moment du suffrage, le peuple délègue sa
puissance à des élus qui le représentent.
Le mandat donné pour un temps
doit être le plus clair possible ; voilà pourquoi c’est le plus souvent
sur la base d’un programme qu’un homme est élu.
L’espoir porté par toutes élections
se concrétise ensuite par la mise en œuvre du programme pour lequel un homme a
été élu.
La chose est relativement simple
et juste si l’élu respecte ses engagements.
Or il apparaît maintenant qu’en
déléguant sa puissance, le peuple a cette terrible impression d’être le plus
souvent trompé.
Lorsqu’on trompe quelqu’un, la
confiance disparaît.
C’est un peu cette leçon qu’il
nous faut tirer de la triste histoire conjugale entre Madame Trierweiller et le
président de la République ; histoire intime qui a rebondi ces derniers
jours à l’occasion de la parution d’un livre de vengeance écrit par une femme trahie
et répudiée.
La trahison entraîne la perte de
confiance qui mène ensuite au ressentiment puis à la vengeance et parfois au
drame. Cette histoire intime qui n’a rien de vaudevillesque, symbolise à elle
seule de manière évidente le processus dramatique que la France vit
actuellement.
Engagements non tenus, inversion et
perversion des valeurs pour lesquelles un homme a été élu, trahison de l’espoir
porté par une partie du peuple, désespoir, perte de confiance.
Ce processus ira-t-il jusqu’au
drame, jusqu’à une crise de régime comme le prévoient certains commentateurs de
la vie politique, c'est-à-dire vers une crise de notre système
démocratique ?
Nul ne peut le dire aujourd’hui,
mais il est certain que la confiance est définitivement perdue. Et cette perte
s’étend actuellement à l’ensemble des hommes politiques. Elle s’étend car il
est révélé quotidiennement que le peuple en déléguant sa puissance à des
professionnels de la politique, la délègue aussi à des ambitieux, des corrompus,
des escrocs, des menteurs.
Confiance, ce mot est devenu le
mot clé de la semaine écoulée. Vote de confiance à l’Assemblée, vote dont on
était sûr du résultat ; conférence de presse aux allures monarchiques d’un
président venu justifier ses manquements, et à l’occasion nous annoncer que
nous partions en guerre en Irak, sans mandant international légitime et sans
même avoir consulté le Parlement.
Pour le président, l’objectif
n’était-il pas de retrouver un peu de confiance vis-à-vis de ses concitoyens.
Est-ce trop tard ?
Parce qu’il avait trahi les
idéaux démocratiques de la Révolution française, l’empereur Napoléon avait été
qualifié d’homme sans nom par le philosophe
allemand Johann Gottlieb Fichte. Devrons nous un jour appeler François Hollande l’homme sans nom, c'est-à-dire rien, peu
de chose du point de vue de la probité intellectuelle mais beaucoup
relativement aux promesses non tenues, aux idéaux trahis. Les mots creux
utilisés ne peuvent pas remplir le vide créé et répondre à la perte de
confiance que le président a lui-même produit.
Vouloir faire de la
politique, vouloir être le représentant du peuple signifie avoir le souci de
l’intérêt général, le souci de l’humanité.
François Baudin
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