Depuis des années la Grèce est
présente dans l’actualité internationale. Ce grand peuple européen qui subit la
crise financière mondiale comme aucun autre, compte parmi les créateurs de
l’idée même d’Europe. L’Europe n’est-elle pas née il y a plus de 2500 ans en
Attique, sur les rives de la mer Egée, en Crète, à Corinthe et Delphes comme
sur le mont Olympe.
Nous devons tant à la Grèce, à
son peuple, à son histoire, à ses textes philosophiques, son théâtre, ses
mythes, sa langue, ses paysages…. Nous pourrions à l’infini dire notre dette
vis-à-vis de ce pays, notre dette vis-à-vis de cette petite nation qui fut en
quelque sorte la mère des nations.
Et depuis des années, les
dirigeants européens ingrats, ignorants de leur propre histoire, bêtes et
irresponsables, gestionnaires fidèles d’un système inégalitaire, ne cessent
d’accuser ce petit pays et son peuple de tous les maux de la terre.
Ainsi les Grecs sont des
fainéants, des menteurs, des dépensiers qui vécurent au dessus de leur moyen
sur le dos des pays du nord. Le nord épargnant et travailleur, fourmi
besogneuse, veut faire payer et punir le sud, cigale insouciante. La ficelle
est trop grosse.
Depuis des années l’Allemagne
soutenue par la France demande à la Grèce les bonnes réformes, ce qu’elle juge
comme étant les bonnes réformes. La pression est énorme. Mais l’histoire comme
elle sait nous le rappeler ne se passe comme prévu. Les Grecs ont mal voté en
janvier dernier. Ils ont refusé l’austérité qui veut faire payer par le peuple
ce que les dirigeants ont dépensé sans compter pendant des décennies pour le
plus grand profit de la corruption, pour le plus grand profit des industries
allemandes et françaises d’armements, de la chimie, de l’automobile ou du
bâtiment, pour le plus grand profit des banques internationales qui aujourd’hui
saignent littéralement le pays.
Le bilan des 5 années d’austérité
en Grèce est terrible : appauvrissement généralisé de la population, 25 % de
hausse du chômage, augmentation des inégalités, disparition de pans entiers de
la société, écoles, hôpitaux, services publics, explosion de l’endettement et
pillage du pays. Plus la Grèce se réforme selon les volontés des dirigeants
européens plus elle s’endette, plus elle s’appauvrit.
Réforme, réforme : ce mot
résonne à l’oreille des Grecs comme une condamnation à la pauvreté.
Mais le mot réforme ne veut rien
dire en lui-même. On le sait.
Alors le nouveau gouvernement
grec propose d’autres réformes. Un malentendu s’engage avec Bruxelles. Réforme !
Oui mais quelles réformes ? Celles qui poursuivent l’appauvrissement, le
pillage, le chômage ou celles qui vont dans le sens d’une meilleure répartition
de l’effort à fournir en réformant profondément la fiscalité. Réformes ! Oui,
mais quelles réformes ? Celles qui proposent encore de supprimer le
système de retraite et de protection sociale, de mettre à la rue des milliers
d’employés et d’ouvriers, ou bien celles qui rétablissent des droits pour tous.
On voit bien que les enjeux des
négociations actuelles avec les Grecs sont essentiels aussi pour nous, notre
avenir et celui de nos enfants.
Et pour les dirigeants européens
il est essentiel que les Grecs comprennent qu’il n’y a pas d’autre politique
possible que celle engagée depuis des années. There is no alternative, avait dit Margaret Tatcher. Que les Grecs
comprennent la réalité économique jusque dans leur chair.
Il est impérieux que les
dirigeants européens démontrent que le vote des Grecs les a mis dans une
impasse.
Les chefs des gouvernements
européens ont dit clairement qu’ils ne tiendront aucun compte des résultats des
élections de janvier 2015 en Grèce. Qu’ils feront tout pour que les réformes
programmées par Syriza ne puissent pas être mises en œuvre. Le bras de fer
engagé pour faire plier la Grèce, est dramatique. Ce petit pays devra céder, se
plier au diktat de la finance, capituler ou disparaître du concert des nations.
Voilà l’enjeu. Voilà le mépris aussi.
Notre avenir dépend de la
réussite des Grecs.
Vive la Grèce
François Baudin
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