jeudi 14 mai 2015

Vive la Grèce !



Depuis des années la Grèce est présente dans l’actualité internationale. Ce grand peuple européen qui subit la crise financière mondiale comme aucun autre, compte parmi les créateurs de l’idée même d’Europe. L’Europe n’est-elle pas née il y a plus de 2500 ans en Attique, sur les rives de la mer Egée, en Crète, à Corinthe et Delphes comme sur le mont Olympe.
Nous devons tant à la Grèce, à son peuple, à son histoire, à ses textes philosophiques, son théâtre, ses mythes, sa langue, ses paysages…. Nous pourrions à l’infini dire notre dette vis-à-vis de ce pays, notre dette vis-à-vis de cette petite nation qui fut en quelque sorte la mère des nations.
Et depuis des années, les dirigeants européens ingrats, ignorants de leur propre histoire, bêtes et irresponsables, gestionnaires fidèles d’un système inégalitaire, ne cessent d’accuser ce petit pays et son peuple de tous les maux de la terre.
Ainsi les Grecs sont des fainéants, des menteurs, des dépensiers qui vécurent au dessus de leur moyen sur le dos des pays du nord. Le nord épargnant et travailleur, fourmi besogneuse, veut faire payer et punir le sud, cigale insouciante. La ficelle est trop grosse.
Depuis des années l’Allemagne soutenue par la France demande à la Grèce les bonnes réformes, ce qu’elle juge comme étant les bonnes réformes. La pression est énorme. Mais l’histoire comme elle sait nous le rappeler ne se passe comme prévu. Les Grecs ont mal voté en janvier dernier. Ils ont refusé l’austérité qui veut faire payer par le peuple ce que les dirigeants ont dépensé sans compter pendant des décennies pour le plus grand profit de la corruption, pour le plus grand profit des industries allemandes et françaises d’armements, de la chimie, de l’automobile ou du bâtiment, pour le plus grand profit des banques internationales qui aujourd’hui saignent littéralement le pays.
Le bilan des 5 années d’austérité en Grèce est terrible : appauvrissement généralisé de la population, 25 % de hausse du chômage, augmentation des inégalités, disparition de pans entiers de la société, écoles, hôpitaux, services publics, explosion de l’endettement et pillage du pays. Plus la Grèce se réforme selon les volontés des dirigeants européens plus elle s’endette, plus elle s’appauvrit.
Réforme, réforme : ce mot résonne à l’oreille des Grecs comme une condamnation à la pauvreté.
Mais le mot réforme ne veut rien dire en lui-même. On le sait.
Alors le nouveau gouvernement grec propose d’autres réformes. Un malentendu s’engage avec Bruxelles. Réforme ! Oui mais quelles réformes ? Celles qui poursuivent l’appauvrissement, le pillage, le chômage ou celles qui vont dans le sens d’une meilleure répartition de l’effort à fournir en réformant profondément la fiscalité. Réformes ! Oui, mais quelles réformes ? Celles qui proposent encore de supprimer le système de retraite et de protection sociale, de mettre à la rue des milliers d’employés et d’ouvriers, ou bien celles qui rétablissent des droits pour tous.
On voit bien que les enjeux des négociations actuelles avec les Grecs sont essentiels aussi pour nous, notre avenir et celui de nos enfants.
Et pour les dirigeants européens il est essentiel que les Grecs comprennent qu’il n’y a pas d’autre politique possible que celle engagée depuis des années. There is no alternative, avait dit Margaret Tatcher. Que les Grecs comprennent la réalité économique jusque dans leur chair.

Il est impérieux que les dirigeants européens démontrent que le vote des Grecs les a mis dans une impasse.
Les chefs des gouvernements européens ont dit clairement qu’ils ne tiendront aucun compte des résultats des élections de janvier 2015 en Grèce. Qu’ils feront tout pour que les réformes programmées par Syriza ne puissent pas être mises en œuvre. Le bras de fer engagé pour faire plier la Grèce, est dramatique. Ce petit pays devra céder, se plier au diktat de la finance, capituler ou disparaître du concert des nations. Voilà l’enjeu. Voilà le mépris aussi.
Notre avenir dépend de la réussite des Grecs.
Vive la Grèce

François Baudin

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