Au plus loin que l’on remonte, il
y a une histoire commune, une solidarité et une interdépendance avec l’ensemble
des choses et des êtres qui nous entourent et dont nous dépendons.
Rien ne peut se faire, se dire,
se créé sans l’apport des autres, sans leur don. Et réciproquement ce que
chacun d’entre nous dit, écrit, créé et donne par son travail, par son activité,
va contribuer à l’ensemble.
Cette réciprocité et cette
interdépendance sont les conditions universellement partagées à travers toutes
les époques et en tout lieu, qui permettent à l’ensemble de continuer
d’exister, de se poursuivre partout et au-delà des générations actuelles.
Sur ce point de l’interdépendance,
nous sommes tous à égalité. Et si actuellement il n’y a pas une journée sans
que l’on prononce le mot dette :
la vraie dette est là et elle est incommensurable : nous devons tout aux
autres avec qui nous vivons et qui vécurent avant nous, comme nous devons tout
à la nature qui nous environne.
Point de centre, point de
hiérarchie dans cet ensemble tissé de solidarités réciproques. Ou plutôt comme
l’a écrit Pascal : le centre est partout, la circonférence nulle part.
La responsabilité de tous
vis-à-vis de tous est quotidienne. Elle est notre lot commun qui fait que nous
vivons dans une maison commune.
C’est bien sur cette base de réciprocité
égalitaire, de solidarité et d’interdépendance que nous devons construire notre
façon de vivre ensemble et de vivre avec la nature.
C’est sur cette même base que
nous devons fonder le respect et l’attention que chacun doit porter à l’autre,
à son frère comme à toutes choses existantes dont nous devons prendre soin.
L’homme n’est pas le centre d’une
totalité différente de lui et qui serait en quelque sorte à son service. Cette
volonté humaine de conquérir la nature et la dominer, comme de conquérir et
dominer l’autre homme pour en faire un unique moyen pour ses propres fins,
porte le risque avéré aujourd’hui de détruire définitivement ce qui nous permet
de vivre.
Garder et entretenir le jardin
qui nous a été confié ne signifie pas, bien au contraire, l’exploiter à son
profit, mais signifie en prendre soin, et rendre ce dont nous avons la garde,
durablement en état pour les générations qui nous suivront. Il nous faut
absolument devenir le gardien des choses, comme nous devons être le gardien de
notre frère.
Voilà notre responsabilité. Voilà
aussi notre dignité.
La lecture de l’Encyclique du
pape François : Laudato si’
devra nous aider à développer de nouvelles relations avec la nature et avec nos
frères humains.
Elle est peut-être, comme l’a
écrit récemment Edgar Morin : l’acte
1 pour une nouvelle civilisation.
François Baudin
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