vendredi 5 juin 2015

Du pain et des jeux


Le football réunit et passionne des milliards d’individus. Il n’existe aucun sport équivalent capable de donner autant de joie au plus grand nombre.
Le football est probablement aussi le sport qui draine le plus d’argent dans le monde : des milliards et des milliards sont échangés pour assister aux matchs, au spectacle, voir sur les écrans des télévisions les vedettes du ballon rond courir pendant 90 minutes.
L’argent coule à flot des grandes entreprises multinationales pour sponsoriser une équipe ou une compétition.
L’argent coule à flot et s’échange pour parier sur une équipe contre une autre, sur la faute d’un joueur, sur la blessure d’un autre.

Celui qui cette semaine prétend avoir appris que la corruption, le dopage et le trafic de drogue y règnent, comme Michel Platini a voulu nous le faire croire, est soit le plus grand des naïfs, soit un imposteur et probablement pour certain un profiteur du système sportif qui actuellement prend singulièrement l’odeur des égouts, des bas fonds, de la mafia. L’odeur de l’argent. Et cette odeur de l’argent prend singulièrement l’odeur de l’esclavage et de la mort lorsqu’on sait qu’au Qatar des êtres humains travaillent et meurent comme esclaves à la construction de stades qui nous font penser aux constructions monumentales de la Rome antique.

L’argent, l’argent, l’argent coule à flot alors qu’il manque le plus souvent dans le portefeuille des supporters. Car le foot est un sport populaire. Et actuellement les peuples du monde entier souffrent cruellement du système mondialisé dominé par l’argent et l’intérêt privé.
Ainsi il n’est pas une compétition, il n’est pas une décision sportive, une épreuve où l’enjeu véritable soit celui de l’argent.
On vient juste d’apprendre hier que le fameux but que Thierry Henry a marqué de la main n’a pu être accepté par l’équipe adverse que parce qu’elle avait été achetée par la Fifa.

Du pain et de jeux, Panem et circenses. L’expression latine dénonce la domination de tous les pouvoirs sur les populations. Domination qui s’appuie sur les jeux qu’on donne aux masses. Le jeu peut être à juste titre considéré comme l’opium du peuple, afin de le calmer, de l’endormir et d’annihiler ainsi toutes volontés de changement et de justice.
Une manière qu’on qualifierait aujourd’hui de démagogique, ou de populiste, une façon d’asseoir et faire durer le pouvoir en place pour son plus grand bénéfice personnel. L’imposture et le mensonge doivent cesser.
Et le sport devenir ce qu’il devrait être : un partage, une joie, la réalisation et le dépassement de soi, individuellement ou collectivement. Mais pour atteindre cette finalité de haute valeur morale, l’argent doit absolument être interdit des stades et des épreuves. Sinon, le jour de matches, nous devons fermer notre poste de télévision et ne pas être complice de ces errements et de cette mystification.

Le scandale dans le football mondial, comme celui de l’organisation des jeux olympiques, comme celui du cyclisme, sont un signe des temps ; signe d’un monde en décomposition dominé par l’argent et par ceux qui en détiennent la plus grande part.
Le problème du sport est politique.
Seul un contrôle démocratique pourra remédier aux errances du sport et à ses malversations.
L’enjeu mondial du sport professionnel nous concerne tous, car il s’agit probablement d’une des plus belles activités humaines, joyeuse et gratuite, qui a été diaboliquement détournée et transformée en son contraire.

François Baudin

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