Dans 3
semaines nous aurons les résultats du premier tour des élections régionales.
Nous pouvons dors et déjà entendre les commentaires sur la montée des idées de
l’extrême droite en France et sur le nombre, très grand, des abstentionnistes
qui ne vont pas aller voter.
A
chaque élection, les mêmes résultats,
avec tout de même une montée irrésistible du nombre de voix extrémistes.
Les
abstentionnistes eux seront culpabilisés, montrés comme mauvais citoyens,
irresponsables, se moquant de la vie démocratique du pays.
Un
constat unanime sera effectué : quelque chose ne fonctionne plus dans
notre démocratie.
Le mot crise, dans tous les esprits, sera répété à longueur d’articles et
prononcé dans chaque commentaire.
La France, la République, la
laïcité et aussi la démocratie, toutes ces principes se
fissurent, et ces fissures viennent détruire notre socle commun, notre capacité
de vivre ensemble.
Faut-il attendre une catastrophe
démocratique pour appeler à un réveil ?
Faut-il rejeter les principes qui nous rassemblent au nom de
l’insuffisance actuelle de leur application ?
C’est justement en s’appuyant sur
l’affirmation ambitieuse de ces principes que sont l’Egalité, la Fraternité, la
Liberté que nous pourrons mobiliser les esprits et retrouver force et
détermination.
Mais ces principes ne sont pas
que des énoncés formels ; ils ne sont pas des mots creux et vides de sens
répétés à longueur de temps ; ces principes ne sont pas des mensonges
prononcés pour masquer une réalité qui vient les contredire. Un peu comme si la
démocratie n’était là que pour reproduire des inégalités, reproduire une
oligarchie, une élite. Dans ce cas le système démocratique avec ses rites
électoraux, se transforme en masque, en paravent d’une
vassalisation de la politique par une caste. Le lien de confiance entre le
peuple et ses représentants sur lequel repose toute vie démocratique, est alors
rompu.
Ces principes républicains
(Liberté, égalité, Fraternité) doivent devenir des réalités tangibles pour tout
le monde. Sinon le risque est grand de les voir balayer.
Or aujourd’hui l’insuffisance de
leur application dans notre pays est tellement évidente, que c’est un lieu
commun de le dire : déficit démocratique, poids des lobbys dans les
décisions, inégalités monstrueuses, pauvreté, chômage de masse, désespoir d’une
partie de la jeunesse privée d’avenir, gouvernants déconnectés de la vie des
citoyens, promesses électorales non tenues, scandales à répétition, etc, etc… :
la liste n’est pas exhaustive.
Tout cela donne le sentiment que
le peuple est absent et très éloigné des décisions et laissé dans l’ignorance. Dans
ces conditions, la défiance vis-à-vis des élus va en grandissant et la
démocratie telle qu’elle est pratiquée semble être une illusion de démocratie,
un ersatz de démocratie, une hypocrisie que les grands médias perpétuent.
Aujourd’hui il y a un risque,
celui de la rupture entre le peuple et ses représentants. Peuple qui pense de
plus en plus que les élections ne sont là que pour maintenir un système
injuste.
Il est urgent de réformer
notre système démocratique afin de rétablir l’espoir qu’a pu représenter un
jour le suffrage universel.
Il faut affirmer qu’il y a
actuellement une aspiration profonde à une autre vie démocratique. Le temps où
certains se prétendent être l’élite de la nation face à une masse ignorante et
incapable, masse silencieuse (majorité silencieuse comme on disait autrefois),
est révolu. Le temps de la séparation et de l’opposition entre l’Etat, ses
institutions et l’ensemble de la société est en voie d’achèvement. Un Etat
séparé des gens et même parfois exerçant son pouvoir de répression sur eux est
en voie d’extinction.
Il faut radicaliser la démocratie
et pour ce faire, compter principalement sur ses propres initiatives.
François Baudin
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