L’hommage
autour du drapeau tricolore, rendu aux victimes des attentats, est un
moment d’unité nationale comme il y en a peu dans l’histoire de notre pays.
Au-delà
de ce qui nous divise, c’est tout un peuple qui s’unit dans la douleur, dans
la défense des libertés et de la démocratie. Ce que justement les terroristes
de Daech veulent anéantir.
Pourtant,
cet hommage est d’autant plus puissant et significatif s’il est destiné de
manière universelle à l’ensemble des victimes du terrorisme à travers le monde,
et notamment actuellement en Afrique, au Maghreb et au Moyen Orient, dans ces
régions qui souffrent et que les grandes puissances par leurs interventions
militaires multiples ont contribué à déstabiliser et à détruire depuis une
quinzaine d’années.
Cet
hommage national s’il avait été adressé à tous aurait pris alors une autre
dimension nous guidant vers un monde pacifié et plus heureux ; et notre
drapeau national serait redevenu ce qu’il fut au moment de la Révolution
française, le drapeau de tous les peuples du monde épris de paix, de
démocratie, de liberté, d’égalité et de fraternité. Le drapeau bleu blanc
rouge, n’est pas celui d’un seul pays, la France, mais il est celui de tous les
peuples se levant pour conquérir leur droit.
Et
aujourd’hui, quinze jours après ces horribles évènements, il y a un risque
qu’un droit fondamental se trouve remis en cause : celui de manifester, de
se réunir, de s’associer en toute liberté et démocratiquement.
Par la
prolongation de l’état d’urgence et par le projet de révision de la
Constitution de notre république, le risque d’une dérive autoritaire de la part
du pouvoir politique est grand.
Les
décisions récentes de l’état d’urgence pouvaient être justifiés par le
dramatique évènement, mais de manière très provisoire. Et nous devons être
vigilant pour que cet état ne se prolonge pas trop.
Cette
prolongation aurait alors pour conséquence de geler tout mouvements sociaux,
toutes formes d’expressions individuelles et collectives.
Des
mesures disproportionnées et attentatoires à nos libertés changeraient la
situation dans notre pays. Il y aurait alors en France un problème démocratique
majeur, une atteinte aux libertés, ce que souhaite en définitive les mouvements
terroristes comme Daech ou El Qaida.
On
parle par exemple actuellement d’ouvrir des camps d’internement. Tous ces
projets, toutes ces décisions d’interdire des manifestations, comme celles
autour de la COP 21, sont dangereuses.
Aujourd’hui des associations de défense des Droits Humains
s'alarment en nous rapportant les dérives d'une police qui, dans les
témoignages qui nous sont remontés, défonce des portes et humilie des gens sous
couvert de protéger la population du terrorisme.
Les enjeux de sécurité ne doivent pas nous exonérer de
respecter les droits fondamentaux.
Le risque des dérives sécuritaires qui, dans l'urgence, peuvent
alimenter la division et la stigmatisation d’une partie de la population, est
réel.
Nous
devons être conscients que l’état d’urgence représente un danger pour les
libertés publiques. Il ne faut pas que cette mesure exceptionnelle devienne un
prétexte pour interdire toute voix dissonante.
Les crimes commis à Paris le 13 novembre sont immenses, mais
c’est en continuant à vivre librement et
fraternellement que notre réponse sera à la hauteur.
Dans un
communiqué publié cette semaine, la Ligue des Droits de l’Homme déclare qu’il
est « essentiel de rappeler que rien ne doit nous faire sortir de l’Etat
de droit et nous priver de nos libertés. L’état d’urgence ne peut devenir un
état permanent et les conditions de sa mise en œuvre ne sauraient entraver la
démocratie, l’exercice de la citoyenneté et le débat public. »
Ces
dramatiques événements doivent devenir l’occasion de construire un autre chemin
que celui qui nous est proposé. Un chemin qui donne à la paix et à l’égalité
des droits toute leur place, un chemin qui nous engage en faveur d’une France
solidaire, ouverte à l’autre, accueillante, libre et fraternelle.
François Baudin
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