vendredi 15 janvier 2016

Guerre et paix


Si on observe l’état de la France du point de vue de l’opinion publique, de la politique du gouvernement et des réalités économiques et sociales, on peut dire sans risque d’erreur que 2015 fut une année de tous les dangers. Opinion publique, politique poursuivie par le gouvernement et réalités économiques quotidiennes se répondent en un seul écho pour dire que rien ne va plus. L’histoire, comme le disait Hamlet est sortie de ses gonds.
Les premiers jours de janvier 2016 ne nous annoncent rien de meilleur, et c’est à désespérer du monde si on devait poursuivre ainsi notre route.
Les mesures gouvernementales imposées ou en projet suite aux massacres de novembre à Paris, dessinent une société de surveillance embourbée dans l’urgence répressive et voulant s’y vautrer. Arbitraire, injustice, extrémisme, projets multiples attentatoires à nos libertés fondamentales.
Une société de fractures se met en place, une société où deux types de citoyens devront vivre ensemble. Un premier citoyen de plein droit et un autre de seconde zone. Un sous citoyen né en France mais d’origine étrangère, victime du soupçon, menacé de déchéance et en butte à de grandes difficultés.
Est-ce acceptable ?
Tous ces projets du gouvernement, liberticides et attentatoires aux droits les plus fondamentaux, répondent à une tentation partagée par beaucoup. Une tentation à laquelle a toujours succombé un grand nombre, victimes de leur propre peur. Mais le nombre ne fait pas la vérité. L’aspiration à l’arbitraire est une tentation de toutes les époques, elle répond à un besoin de sécurité, mais elle ne répond pas efficacement aux vraies questions.
De plus elle exonère les responsables de leur bilan.

Le bilan prend la forme d’un réquisitoire. Il est essentiellement social : chômage de masse, misère, exclusion, ghettos, territoires abandonnés, zones rurales en déshérence. Et maintenant par la récente décision du tribunal d’Amiens de condamner à 2 ans de prison dont 9 mois fermes, des syndicalistes de Goodyear, on assiste à la criminalisation de toutes luttes sociales, de toutes formes de résistance ou de contestation.
Cette décision judiciaire est là pour faire taire, explique un syndicaliste, qui rappelle que toutes les tentatives des salariés avaient été faites auparavant pour sauver leur entreprise. Pour ce syndicaliste, cette décision judiciaire conforte une logique de casser tout mouvement social qui se forme contre la disparition de l’emploi.

Depuis des mois, la France s’éloigne dangereusement de la démocratie et de l’état de droit. Et on a l’impression, en ces premiers jours de janvier 2016, que le mouvement s’accélère.
Période troublée, sentiment de peur généralisée, renoncement à ses droits, répression, manifestations et actes xénophobes et racistes… Voilà le décor planté qui nous mène vers des frontières obscures et incertaines où les individus n’oseront plus sortir habiller librement dans la rue, avec une kippa sur le crâne pour les Juifs ou un voile sur les cheveux pour les Musulmanes.
La politique est probablement une des plus belles vocations de l’homme. Elle répond à la générosité du cœur, à un appel que certains entendent lorsqu’ils s’engagent pour la société pour que les hommes vivent toujours mieux, en paix et en harmonie fondée sur la liberté, l’égalité et la justice sociale.
Aujourd’hui on a plutôt l’impression que c’est l’inverse.
Pour le politique, la question principale est celle de la paix ou de la guerre entre les hommes. La paix ne peut être fondée que sur la justice. Cette question de la paix, est en définitive la seule qui compte.
Puissent les hommes qui s’engagent en politique dans l’unique souci de l’intérêt général, répondre aux aspirations profondes de la personne humaine.


François BAUDIN 

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