Si on
observe l’état de la France du point de vue de l’opinion publique, de la
politique du gouvernement et des réalités économiques et sociales, on peut dire
sans risque d’erreur que 2015 fut une année de tous les dangers. Opinion
publique, politique poursuivie par le gouvernement et réalités économiques
quotidiennes se répondent en un seul écho pour dire que rien ne va plus.
L’histoire, comme le disait Hamlet est sortie de ses gonds.
Les
premiers jours de janvier 2016 ne nous annoncent rien de meilleur, et c’est à
désespérer du monde si on devait poursuivre ainsi notre route.
Les
mesures gouvernementales imposées ou en projet suite aux massacres de novembre
à Paris, dessinent une société de surveillance embourbée dans l’urgence répressive
et voulant s’y vautrer. Arbitraire, injustice, extrémisme, projets multiples
attentatoires à nos libertés fondamentales.
Une
société de fractures se met en place, une société où deux types de citoyens
devront vivre ensemble. Un premier citoyen de plein droit et un autre de
seconde zone. Un sous citoyen né en France mais d’origine étrangère, victime du
soupçon, menacé de déchéance et en butte à de grandes difficultés.
Est-ce
acceptable ?
Tous
ces projets du gouvernement, liberticides et attentatoires aux droits les plus fondamentaux,
répondent à une tentation partagée par beaucoup. Une tentation à laquelle a
toujours succombé un grand nombre, victimes de leur propre peur. Mais le nombre
ne fait pas la vérité. L’aspiration à l’arbitraire est une tentation de toutes
les époques, elle répond à un besoin de sécurité, mais elle ne répond pas
efficacement aux vraies questions.
De plus
elle exonère les responsables de leur bilan.
Le
bilan prend la forme d’un réquisitoire. Il est essentiellement social :
chômage de masse, misère, exclusion, ghettos, territoires abandonnés, zones
rurales en déshérence. Et maintenant par la récente décision du tribunal
d’Amiens de condamner à 2 ans de prison dont 9 mois fermes, des syndicalistes de
Goodyear, on assiste à la criminalisation de toutes luttes sociales, de toutes
formes de résistance ou de contestation.
Cette
décision judiciaire est là pour faire taire, explique un syndicaliste, qui
rappelle que toutes les tentatives des salariés avaient été faites auparavant
pour sauver leur entreprise. Pour ce syndicaliste, cette décision judiciaire
conforte une logique de casser tout mouvement social qui se forme contre la
disparition de l’emploi.
Depuis
des mois, la France s’éloigne dangereusement de la démocratie et de l’état de
droit. Et on a l’impression, en ces premiers jours de janvier 2016, que le
mouvement s’accélère.
Période
troublée, sentiment de peur généralisée, renoncement à ses droits, répression,
manifestations et actes xénophobes et racistes… Voilà le décor planté qui nous
mène vers des frontières obscures et incertaines où les individus n’oseront
plus sortir habiller librement dans la rue, avec une kippa sur le crâne pour
les Juifs ou un voile sur les cheveux pour les Musulmanes.
La
politique est probablement une des plus belles vocations de l’homme. Elle
répond à la générosité du cœur, à un appel que certains entendent lorsqu’ils
s’engagent pour la société pour que les hommes vivent toujours mieux, en paix
et en harmonie fondée sur la liberté, l’égalité et la justice sociale.
Aujourd’hui
on a plutôt l’impression que c’est l’inverse.
Pour le
politique, la question principale est celle de la paix ou de la guerre entre
les hommes. La paix ne peut être fondée que sur la justice. Cette question de
la paix, est en définitive la seule qui compte.
Puissent
les hommes qui s’engagent en politique dans l’unique souci de l’intérêt
général, répondre aux aspirations profondes de la personne humaine.
François
BAUDIN
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