Jamais
l’Espagne depuis la fin du franquisme a connu une crise de cette dimension. La
volonté indépendantiste d’une partie du peuple Catalan se fait de plus en plus
pressante et on verra si le gouvernement actuel à Madrid est capable d’y faire
face démocratiquement.
Le
roi d’Espagne pour sa part a déjà répondu par son discours télévisé qu’il n’y
avait rien à négocier, que seule la fermeté était de mise. Fidèle à la
tradition espagnole de répondre violement aux aspirations du peuple en se
montrant ferme sur l’indivisibilité de la nation, c’est d’un coup de poing sur
la table et avec une voix pleine de menace qu’il entend maintenir l’unité du
pays. Laissons le roi et penchons nous vers le Parti au pouvoir à Madrid.
La
responsabilité de la situation est à rechercher de son côté et actuellement la
balle est dans son camp. Car, en 2006, c’est bien son camp qui a démantelé le
statut d’autonomie qui était pourtant conforme à la Constitution. Depuis cette
date chaque revendication vers plus d’autonomie des Catalans, renforçant le
droit de décider, de choisir leur destin, est accueillie par les autorités de
Madrid d’un revers de main. C’est bien cette attitude de Mariano Rajoy qui a
mis le feu aux poudres à Barcelone.
Les
Catalans qui veulent maîtriser leur destin, ne sont pas tous indépendantistes,
loin de là. Et les autorités de Madrid répondent en envoyant la police.
Voilà
la situation. Nous avons affaire à deux nationalismes avec les même caractéristiques :
négation de l’autre, repli, simplification, alors que les identités de la
Catalogne, comme celles de Madrid sont ouvertes à l’autre, internationaliste,
cosmopolites, dynamiques. Mais le processus de confrontation tend à enfermer
chacun dans son camp, et à rester sur sa position.
Nous
avons assisté impuissants, dans les années 1990-2000, au processus de
dissolution de la Yougoslavie faisant des milliers de victimes ; processus
réalisé avec la bénédiction de grands pays européens, aboutissant à des micros
Etats, non viables.
Nous
assistons actuellement dans de nombreux pays à des processus identiques :
en Italie, en Belgique, en Grande Bretagne, dans les pays de l’Est, et
peut-être demain en France
Alors
que c’est probablement vers l’inverse qu’il faudrait tendre : un processus
d’unification, de rassemblement, car au-delà de nos différences identitaires,
de nos spécificités, de nos cultures, de nos langues, de nos manières de faire
la cuisine, etc, etc : tout ce qui nous rassemble, tout ce qui nous unit
est plus fort que ce qui nous sépare, ce qui nous divise.
C’est
probablement vers cette unité, tendant vers l’universalité qu’il faut aller si
on veut sauver la paix, le vivre ensemble des peuples et la démocratie.
Alors
que les problèmes sociaux, l’exclusion, la pauvreté gagnent en Europe et donc
aussi en Catalogne comme dans toute l’Espagne, alors que partout les habitants
des quartiers populaires se sentent abandonnés, délaissés, il en est qui
revendiquent une nouvelle forme d’égoïsme revêtue des habits neufs
identitaires.
Les
vraies questions ne sont pas là, mais dans le défi que nous avons à
relever : saurons-nous collectivement bâtir une autre société de partage,
d’échange, de rencontres et de paix.
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