Ils
sont assis devant leur écran, loin des différents fronts de la violence armée,
et comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo ils font la guerre au Yémen, en
Afghanistan, au Pakistan ou en Syrie.
C’est
la guerre menée par les Etats Unis, guerre des drones dont l’Américain Jeremy
Scahill nous apprend l’arbitraire dans un livre qu’il vient de publier :
La machine à tuer – la guerre des drones.
Les
drones agissent en toute impunité et mènent une guerre propre et silencieuse. Même
une guerre totalement secrète.
Depuis
des années le gouvernement américain conduit des guerres à distance, sans la
moindre transparence. La seule manière de savoir ce qui se passe c’est quand
quelqu’un qui travaille au cœur de ce système décide de devenir un lanceur d’alerte,
comme Edgar Snowden.
Qui a
été tué et combien, sous les multiples bombardements des drones opérés à 10 000
kilomètres du lieu du conflit ? On ne le saura jamais. Les spécialistes
estiment qu’ils sont plusieurs milliers de personnes tuées par ces engins.
Frappes
chirurgicales puisque ciblées vers les puces électroniques des téléphones
portables qui guident la bombe vers celui qu’elle veut tuer.
Le
drone ne tire pas sur des gens mais sur un téléphone portable.
Mais
il arrive qu’on se trompe, le téléphone n’était pas le bon ou bien celui qui le
porte n’est pas la bonne personne.
Et
puis il y a toujours du monde autour, comme en Afghanistan lorsque le drone a
bombardé un mariage complet, tuant une cinquantaine de personnes autour de la
cible, femmes et enfants.
La
décision de tuer est prise par le président des Etats Unis, sans procès ni
jugement. Tuer devient un sport. Les militaires ont un délai de 60 jours pour
effectuer la mission, éliminer la personne désignée. Même un citoyen américain
peut être ciblé.
Savoir
si cela est légal n’a jamais été tranché par la Cour suprême. Mais les deux Partis
démocrates et républicains sont d’accords : nous avons le droit de tuer
nos ennemis. Le droit de tuer à distance et dans le plus grand secret est
aujourd’hui le propre des guerres modernes. Israël en Palestine, peut-être la France
en Afrique : toutes les armées occidentales possèdent ce genre d’engins et
de technologie.
Rien
à voir avec la barbarie d’un terroriste qui avec une voiture louée fonce sur
des passants et les tue, ou bien avec son couteau tente d’égorger des gens.
Ici
la guerre est propre et se passe sur écran vidéo.
Quelle
est la différence entre un barbare terroriste et un soldat des temps actuels ? c’est l’écran vidéo, la technique et la distance. On ne voit pas le sang, on ne
voit pas les gens mourir. Etaient-ils même vivants ?
Est-ce
la vraie vie, est-ce la vraie mort ? C’est un jeu.
François
Baudin
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