Approche de la vérité sur le mensonge
21 septembre 2013-09-23
François Baudin
Très souvent des
guerres, des atrocités, des crimes d’Etat ont commencé par un mensonge. On
pense à l’Irak et à Colin Powel qui, devant le Conseil de sécurité des Nations
Unies à New York, le 5 février 2003, avait remué une petite fiole ridicule. Il
prononçait là son fameux discours qui prétendait dévoiler au monde entier les
preuves des liens du régime irakien de Sadam Hussein avec Al–Qaïda, ainsi que
la détention par l'Irak d'armes de destruction massive. Tout cela n’était que mensonges,
preuves fabriquées pour attaquer l’Irak. Selon les observatoires indépendants
le nombre de morts en Irak est compris entre 700 000 et 1,5 millions. Et
ce n’est pas fini : quotidiennement des gens meurent en Irak. La guerre a
provoqué aussi l’exode d’au moins deux millions d’Irakiens,
réfugiés à l’étranger depuis 2003.
On peut
également évoquer les documents secrets livrés par le conseiller Dan
Elsberg, mettant en lumière les mensonges systématiques des différentes
administrations des USA, depuis Eisenhower en passant par Kennedy et Johnson,
jusqu’à Nixon,… sur le Vietnam. Mensonges qui ont permis de déclencher la
guerre en Asie du Sud Est, puis de l’intensifier, de l’étendre à d’autres pays,
de verser des millions de tonnes de bombes et de gaz toxiques sur les
populations. Cette guerre a fait entre 1,5 et 2 millions de morts.
Le mensonge
politique, unanimement partagé dans le monde, est une forme de violence d’Etat
exercé contre les peuples.
N’appelait-on
pas Chirac « super menteur » ! Il en est d’autres. Combien
de promesses de campagnes non tenues qui se sont révélés être des mensonges ?
La liste est
aussi longue que l’est l’histoire humaine. La récente affaire du ministre Cahuzac
mentant devant la représentation nationale et devant l’ensemble du pays l’a
encore rappelé. Et toujours le mensonge a pour objectif de prendre quelque
chose à son prochain. De maintenir une domination sur lui.
Toute chose
dite nous révèle celui qui la dit. Le mensonge n’apprend rien sur l’objet dont
il est question, mais il nous apprend beaucoup sur la personne qui le profère.
Pourquoi ?
Pour pouvoir
mentir il faut auparavant penser connaître la vérité et être en capacité de la
dire. Sinon celui qui parle n’est pas un menteur, mais un ignorant. Un discours
peut être vrai ou faux. Il peut aussi être un mensonge et même contenir un
mélange des trois : vérité, erreur et tromperie.
Mais de quelle
vérité s’agit-il ? Elle est conformité entre un discours et une réalité
telle que nous la recevons, telle que nous en avons l’expérience et telle que
nous pensons pouvoir la communiquer à un autre.
Le menteur
doit donc croire qu’il connaît la vérité. Mais il faut aussi qu’il pense que
son interlocuteur ne la connaît pas. Ces deux conditions - penser connaître la
vérité et penser que l’autre ne la connaît pas-, sont nécessaires au menteur.
Enfin le menteur a l’intention de cacher, déformer, ou nier à un autre cette vérité qu’il pense
connaître.
Le verbe
mentir se rattache à la racine indo-européenne « men » qui signifie penser. Ment celui qui a une chose dans
l’esprit et en avance une autre au moyen de mots ou de n’importe quel autre
type de signes.
Dès qu’on
analyse ce que mentir recouvre au préalable comme acte de penser, on voit
immédiatement toute la complexité nécessaire pour que le mensonge puisse être
dit. Je mens, je sais que je mens, et toi, à qui je parle, tu ne dois pas
savoir que je mens donc tu ne dois pas savoir ce que je sais. Sinon le mensonge
est contre productif. Le mensonge est dévoilé et le menteur démasqué. Ainsi le
mensonge lorsqu’il éclate au grand jour, lorsqu’il est entendu comme tel, peut
amener l’interlocuteur à connaître la vérité qu’il ignorait auparavant. C’est
parfois en voulant cacher ou déformer la vérité qu’elle est dévoilée.
Mentir à
quelqu’un c’est lui dire : il y a
ceci alors qu’en fait il n’y a pas
ceci. Ou inversement lui dire : il
n’y a pas ceci alors qu’en fait il y
a ceci. Mentir c’est dire à quelqu’un quelque chose qui n’existe pas ou ne
pas lui dire ce qui existe. Cette fausse information nécessite que le menteur
soit au fait de ce que l’autre sait
et ne sait pas véritablement en la matière. Mentir à quelqu’un relève de l’art.
Un art qui a pour objet de tromper un autre
individu.
Mentir est-il le
propre de l’homme ?
Nous savons
que l’émergence d’un système de communication permettant d’échanger des
informations factuelles sur le monde, pose la question de la possibilité d’un
comportement altruiste. Tout système
de communication constitue la preuve d’une capacité à porter son attention à l’autre considéré comme proche et différent de soi. Tout comportement altruiste qui s’accompagne
d’une notion de dévouement et de solidarité avec l’autre et pourrait constituer le fondement de toute morale, se
heurte à son opposé, c'est-à-dire au mensonge. Sauf pour les mensonges
qualifiés de pieux qui veulent être
altruistes et ont en définitive pour objet de tromper, cacher la vérité ou dire
une non vérité à un autre afin de le
protéger, parce qu’on pense que cette vérité lui serait trop pénible à entendre
ou qu’elle le mettrait en danger. Il n’en est pas moins vrai que ce type de
mensonge pieux empêche le sujet
d’être libre tout en prétendant lui
vouloir du bien. Le menteur lui ravit une partie de son autonomie.
On sait que
les grands singes savent faire
semblant, savent jouer, plaisanter, se moquer. Donc savent émettre une fausse
information. Une information transmise parmi des grands singes peut être fictive, cela a été observé. Souvent il
s’agit d’un jeu où certains singes semblent être de connivence alors que
d’autres ne le sont pas. Par exemple on a pu observer des singes jouant la
comédie, faisant semblant d’être blessés, de boiter, de tomber. Le mensonge est
alors qualifié de joyeux. Il s’agit d’un divertissement, d’un acte
visant à détourner ses proches de ce qui les préoccupe et peut-être les
angoisse afin d’en rire et dans le but de leur faire prendre une distance par
rapport à une situation que tous connaissent.
Le mensonge
joyeux et le jeu exigent que tous soient au même niveau d’information que l’on
souhaite détourner, oublier, mettre à distance afin de s’en libérer. Mais même
dans ce cas, ce type de mensonge a nécessité tout un processus complexe de
pensée pour être mis en œuvre.
On a aussi
décelé chez des singes vervets la
présence de menteurs qui émettent des cris alertant d’un danger, alors qu’il
n’y a pas de danger. Ce cri provoque la fuite d’une partie des autres
congénères, ce qui permet au menteur de voler les morceaux de nourriture
abandonnés dans la fuite. Dans ce cas observé, tous les ingrédients qui
caractérisent le mensonge sont présents : dire qu’il y a quelque chose de
dangereux alors qu’il n’y a rien, le savoir et savoir aussi qu’il y a cette
possibilité de danger.
Car il faut
que le mensonge prenne un caractère de vérité, qu’il soit vraisemblable. Il est
en effet possible qu’un danger survienne parmi les singes vervets et les oblige
à fuir dans les arbres. Il faut que le mensonge ressemble à la vérité, qu’il en
ait toutes les caractéristiques, un peu comme le Canada dry a la couleur, le goût, l’aspect, le « packaging »
de l’alcool, mais n’est pas de l’alcool. Il faut encore imaginer comment les
autres vont réagir et donc se souvenir des véritables dangers et de leurs
conséquences. Il faut se souvenir des réactions passées, des siennes et celles
des autres lorsqu’on s’est trouvé face à de tels dangers, bien réels cette
fois, et il faut anticiper sur les réactions possibles du groupe.
Le processus
de pensée exigé pour émettre ce genre d’information mensongère est très
complexe si on l’analyse. Toute une somme de savoirs, de connaissances
requises, d’anticipation et d’imagination, est nécessaire. Elle est détournée
dans le but de tromper et manipuler. Ce détournement s’effectue dans le but de
prendre quelque chose à l’autre. En
effet l’intention du singe vervet menteur est bien de prendre à l’autre ce
qu’il avait : la nourriture qu’il s’était procurée auparavant.
Le discours
vrai et le mensonge sont des actes qui contiennent sens et puissance. Puissance
de mettre en mouvement selon le sens indiqué. Et comme tels ils sont vérité.
C’est de la prétention de dire la vérité
dont il faudra se prémunir. Le risque d’erreur et/ou le risque d’être trompé et
manipulé guette celui qui croit naïvement à cette prétention de dire la vérité.
En fait, le vrai mensonge est de prétendre dire la vérité, car beaucoup savent
que la vérité comme adéquation d’un discours par rapport à une réalité n’est
pas atteignable. C’est ce que nous apprend Héraclite lorsqu’il dit qu’il est
« sage d’écouter non moi mais le
Logos ». [1]
Il est
possible de penser que le singe trompé qui a fui à plusieurs reprises alors
qu’il n’y avait pas de danger, s’aperçoive au final que sa nourriture a été
prise lorsqu’il redescend de l’arbre, puis se méfie du singe hurleur et doute
de la vérité de son cri. Chez certains singes, on a pu également repérer la
présence d’individus qui vérifient si l’information transmise par un autre est
exacte. Ce rôle de confirmation d’une information aurait-il aussi pour fonction
de se prémunir contre la manipulation d’un menteur ?
A force de
donner de fausses alertes, l'alerte véritable n'est plus écoutée. Alors le
risque augmente. C'est Esope qui, dans la fable "Le garçon qui criait au loup", nous raconte l’histoire
du jeune berger qui, parce qu'il s'ennuyait, se fit un malin plaisir de crier
inutilement au loup, histoire de voir les villageois venir les secourir, lui et
son troupeau. Comme sa plaisanterie avait très bien marché, il la recommença un
peu plus tard avec le même résultat. Mais le jour où le loup attaqua réellement
son troupeau, il eut beau crier, personne ne bougea.
Le mensonge
est-il le propre de l’homme et de quelques animaux dits supérieurs ?
Que dire du
comportement du caméléon qui modifie sa couleur et donne ainsi le change pour
mieux attraper l’insecte qui passe ? Que dire de l’insecte qui reste
inerte des heures avant de sauter au bon moment sur sa proie ? Que dire de
la fleur carnivore qui émettant un parfum et des couleurs attrayantes fait
venir une mouche, l’enferme dans sa corolle et la digère ? Que dire de la
fleur qui envoie des signes pour attirer l’abeille qui viendra butiner et ainsi
pourra de fleurs en fleurs répandre les pollens dont ses ailes sont
chargées ? Que dire de la parure d’un oiseau faite pour attirer et séduire
un autre de son espèce à des fins de reproduction ? La parure dorée
est-elle là pour séduire, et trompe-t-elle le partenaire sur la beauté et la
puissance reproductrice supposée ?
La parure, le
maquillage, les formes, les signes émis par le vivant ou leur camouflage, tout
contribue à envoyer des informations ou à désinformer dans le but de prévenir,
communiquer, déclencher un mouvement ou l’annihiler, et aussi de tromper,
manipuler et prendre à l’autre ce qu’il a de plus précieux. Parfois sa vie.
Chaque signe
émis, chaque discours prononcé a bien cette puissance de mettre choses ou êtres
vivants en mouvement. Chaque signe émis est discours qui s’inscrit au sein du Logos. Parmi ces signes, comment
qualifier les uns de mensonges et les autres de vérité ? Ils sont signes
et comme tels poussent le récepteur à agir, c'est-à-dire à se mettre en mouvement.
Le mensonge vise à faire faire à l'autre ce qu'il
n'aurait peut-être pas fait. Cet objectif peut également s’appliquer à tous les
signes émis (mensonge ou non) qui visent aussi à faire faire à l’autre ce qu’il
n’aurait pas fait s’il n’avait pas reçu le signal. Mais la différence se situe
dans le résultat de l’action réalisée ensuite par le récepteur, car cette
action se réalise en définitive à son détriment lorsqu’il s’agit d’un mensonge
qu’il a considéré comme vérité.
Et surtout la différence qui permet de distinguer le
mensonge de tous les autres signes envoyés, même si ces signent visent à
détruire l’autre, se situe dans la
définition de l’autre. Qui est l’autre à qui on envoie le signe ? Une
information sera qualifiée de mensonge en fonction de l’autre qui la reçoit.
L’homme ne ment jamais à sa voiture ou à sa télévision,
comme il ne ment jamais à un animal, sauf si l’animal est domestique. Les
individus ne se mentent qu’entre semblables ou très proches.
On ne ment qu’à l’autre
qui est proche, tellement proche qu’il est le même que nous. Mentir c’est en quelque sorte jouer contre son camp.
On ne trompe que son prochain, on ne ment qu’à son frère. Et plus ce prochain
est proche, plus le mensonge est grave. Voilà la raison pour laquelle le
mensonge est universellement rejeté. Si on dit que
certains singes vervets sont des menteurs, c’est parce qu’ils trompent d’autres
singes de la même espèce. Sinon ils sont des prédateurs comme les caméléons,
comme tout autre animal qui, capable de revêtir plusieurs aspects, de changer
de formes, capable d’avoir des attitudes, des comportements changeants, capable
d’envoyer toutes sortes de signes contradictoires presque au même instant,
trompe leurs proies qui risquent si elles n’y prennent pas garde et se laissent
abuser, de mourir.
On ne ment pas à un autre
si celui-ci est considéré comme étranger. Etranger avec qui se passe tout de même une relation. Mais on ment
à un autre si on le considère en tant
que même. L’analyse du rapport entre
mensonge et vérité nous oblige à définir cet
autre dont il vient d’être question.
Qu’est ce que l’autre ?
C’est une définition presque mathématique qu’il nous faudra dire. Il y a l’autre distingué dans un ensemble au sein
duquel on se situe également, et il y a l’autre
pris dans un ensemble étranger au nôtre. Il s’agit en fait d’une manière de
classification. Si je considère l’homme que j’ai en face de moi et à qui je
veux prendre quelque chose, comme autre
appartenant au même ensemble que moi,
je le trompe, je lui mens, je le manipule afin de réaliser mon objectif. Si je
considère l’autre en face de moi
comme appartenant à un ensemble étranger au mien, je ne le trompe pas, je ne
lui mens pas et tout simplement je l’élimine ou je le contrains sans état
d’âme, sans me sentir coupable de quoi que ce soit. Cette différence a été
pointée par les Grecs lorsqu’ils nommèrent l’autre de deux façons : allos
et heteros.
On ment à son alter
ego. Ainsi les règles de la guerre ne peuvent s’appliquer que si les
protagonistes appartiennent au même, bien que se trouvant en opposition à
l’instant du conflit. Ces règles évoluent, mais celui qui ne les respecte pas
est criminel, menteur,…. Mais si l’autre n’appartient pas au même, il n’y a pas
de règles, on ne lui ment pas, on ne triche pas avec lui et toutes les ruses et
les crimes sont autorisés.
Voilà pourquoi, il est toujours très difficile de voir et
qualifier son ennemi tel qu’on se qualifie soi même, comme être humain, comme être civilisé, comme défenseur de
valeurs universelles et qu’il faudra plutôt dire à son endroit qu’il est un
sous-homme, un esclave, un indigène, un infidèle, un barbare, un terroriste.
L’humanité du barbare fait toujours question. Et c’est à
cette question qu’on répond en l’éliminant franchement et sans état d’âme. Le film
intitulé la Vénus noire [2] porte en
partie sur cette thématique. Si la Vénus Hottentote est une actrice originaire
d’Afrique du Sud qu’un aventurier a menée jusqu’en Europe, elle est comme nous,
même si son jeu est insupportable, car a-t-on le droit moralement de faire jouer
un être humain de cette façon ? C’est une plaisanterie, un mensonge, une
horreur où certains spectateurs sont de connivence. Si la Vénus Hottentote
n’est pas comme nous, si elle est de nature différente, il n’y a plus mensonge.
Ce n’est plus un jeu moralement répréhensible. Une partie du public peut
trouver intéressant et instructif de voir un tel être vivant dont les traits
physiques sont à la fois proches et éloignés de nous. Une autre partie peut
considérer cela comme révoltant, plus révoltant d’ailleurs que lorsqu’il s’agit
de jouer avec un ours, car bien que différente, la Vénus n’en serait pas moins
très proche de notre nature humaine. Cette ambiguïté qui dure tout le long du
film, n’est pas vraiment résolue. L’attitude pseudo scientifique de Cuvier, au
début respectueuse vis-à-vis de la Vénus noire est probablement celle qui est
la plus grave. Car pour lui, la Vénus n’est pas de même nature que nous, elle
est autre que nous et on peut, une fois morte, la charcuter, la disséquer et
exposer ses restes au public dans un objectif pédagogique. Dans ce cas,
vis-à-vis d’elle, il n’y a pas mensonge, spectacle, jeu de scène horrible, ou
immoralité, mais regard scientifique. Pourtant dans le film, à chaque fois,
c’est la larme qui jaillit des yeux de cette femme qui nous émeut et nous dit
la vérité. Oui elle est actrice mais contre sa volonté. Oui son jeu est un
mensonge et ses larmes nous rappellent que cette femme fait partie du genre
humain.
Le mensonge ne
peut se déployer qu’entre les mêmes avec qui on vit. On ne ment à un autre
que lorsqu’il est considéré comme le même,
sinon il n’y a pas mensonge. Le mensonge est une modalité du vivre ensemble.
Une modalité que tous condamnent mais qui est la chose du monde la plus
répandue. Pourquoi ? Parce que souvent on pense que le discours qui
prétend rapporter la réalité telle qu’elle est, fait du mal à celui qui
l’entend. On veut le plus souvent maintenir la relation avec son alter ego ; on vit avec lui. Le
discours ne peut pas être détaché de sa puissance et de son sens, de l’acte
qu’il est et de ce qu’il déclenche. Il y a bien dans maints discours un mélange
entre ce qu’on appelle vérité, mensonge et erreur. Ces trois éléments du
discours font sens. La communication entre les individus pose la question
de l’émergence de comportements altruistes dont l’objectif est de vivre
ensemble. Or le vivre ensemble nécessite aussi qu’il y ait le mensonge. Dire
tout le temps toute la vérité, rien que la vérité, n’est guère possible. Ce
serait invivable ; ce serait d’une grande violence vis-à-vis de son prochain.
Le mensonge est inhérent au langage humain et aux rapports entre les hommes qui
se considèrent comme alter ego.
Tout discours
est mélange de vrai, de faux et de mensonge. Pour cette raison toute connaissance
qui se fonde sur le discours de l’autre,
comme vérité relativement à un réel, telles l’anthropologie, la psychologie, la
psychanalyse, ou encore la sociologie, ne peut être considérée comme vérité ou
comme science au sens de vérité
scientifique.
Les chercheurs
dans ces domaines prennent rarement en compte le fait que l’autre qu’ils ont en face d’eux peut leur
mentir ; et lorsqu’ils découvrent qu’ils sont trompés et manipulés par leur
interlocuteur, ils ne voient pas là mensonge mais vérité cachée qu’eux seuls,
en tant que scientifiques, peuvent découvrir. Le mensonge comme tel (altruiste,
joyeux ou manipulatoire) ne peut pas être envisagé par ces chercheurs, car cela
remettrait en cause le fondement de leurs travaux. Le scientifique Cuvier tel
qu’il est présenté dans le film La Vénus
Hottentote dont nous venons de parler, a été victime de sa croyance naïve
dans le discours ou le jeu de cette femme originaire d’Afrique du Sud. Pour
Cuvier, la Vénus noire n’était pas une actrice malheureuse. Comme probablement
l’anthropologue Lewis Strauss ou le psychanalyste Sigmund Freud ou encore
aujourd’hui et dans une moindre mesure le journaliste honnête mais naïf qui
court faire un reportage sur les jeunes des banlieues. Ces chercheurs ne
prennent pas en considération que le discours qui leur est servi est tissé de
mensonges et de manipulations. Et ce faisant, ils nous manipulent à notre tour.
Voilà
une première approche du mensonge que l’actualité récente a remis à l’ordre du
jour. Les hommes qui prétendent chercher la vérité doivent savoir ce qu’est la
vérité du mensonge.
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