Mercredi dernier le journal
Libération titrait sa première page sur l’affaire du bijoutier de Nice : la haine en réseau. 1,6 millions
d’internautes ont aimé le meurtrier du jeune braqueur tué d’une balle dans le
dos avec une arme détenue illégalement. Ce chiffre impressionnant d’internautes
qui ont cliqué sur le bouton « I like » de leur ordinateur, est contesté
par des experts. Il y aurait même eut, paraît-il, une manipulation
électronique.
Alors que les idées d’extrême
droite se banalisent de plus en plus, venant coloniser nos esprits et nos
cœurs, alors que le parti dominant de la droite dite républicaine se laisse
séduire peu à peu par les thèmes xénophobes et sécuritaires, et qu’au sein de
ce même parti, certains leaders se disent prêts à passer des accords avec
l’extrême droite lors des élections municipales, ce fait divers est venu remuer
encore un peu plus une partie du pays.
Selon le procureur de la République : « Cet homme
a agi volontairement pour donner la mort à un malfaiteur ». Peut-on se
faire justice soi-même ? Peut-on confondre justice et autodéfense ?
A-t-on le droit de tuer un autre homme ? La loi est claire en France comme dans
tous les pays du monde : Il est interdit d’ôter volontairement la vie à
autrui,
Une manifestation a été organisée
à Nice pour soutenir le commerçant dans son acte. Des élus locaux, le député maire
et le Président du Conseil général se trouvaient aux côtés des manifestants qui
ont dit : « Oui, il est possible de tuer. Il est normal dans notre
pays que des gens tuent d’autres gens ».
D’autres hommes politiques ont
déclaré cette semaine qu’en de pareilles circonstances, ils auraient fait de
même, ils auraient abattu le délinquant. Ils auraient tiré dans le dos du jeune
malfaiteur.
Peut-on relayer et faire la
promotion d’un acte criminel lorsqu’on est un élu de la République, lorsqu’on
est le premier magistrat d’une ville ou le président d’un département ?
La France doit rester un état de
droit où il est interdit par la loi de se faire justice. La France n’est pas le
Far West.
On peut penser immédiatement que la
manifestation de Nice a traduit l’inquiétude devant le nombre de cambriolages.
Mais cette augmentation reste encore à démontrer. La répétition quasi
quotidienne dans les médias de faits divers nous fait croire à leur explosion alors
qu’on est incapable de nous donner des chiffres exacts sur l'augmentation ou
non de la délinquance dans le pays. On sait enfin que toute statistique est
manipulable.
En définitive cette manifestation nous a dévoilé la haine
qui gagne en France ? Haine de l’étranger, haine de l’autre, haine de
celui qui ne nous ressemble pas. Haine qui n’a que faire des principes de
justice et d’égalité de tous devant la loi.
Cette haine qui s’est déversée
comme d’un égout tout au long de la semaine sur les réseaux sociaux, met en
danger nos principes démocratiques ; elle s’appuie sur ce qu’il y a de
plus sombre, de plus obscure en nous, de plus mauvais et qu’on n’ose pas
avouer.
Mais le nouveau concept de
« décomplexé » que des
hommes politiques ont remis à l’ordre du jour il y a quelques années permet à
bien des gens de lever leurs inhibitions et dire devant tout le monde, sur
Internet ou ailleurs, des choses terrifiantes dont les conséquences pourront
être très néfastes pour l’avenir de notre pays, pour la manière de vivre
ensemble.
Il ne faut pas banaliser la haine
qui gagne les esprits et nous déshumanise. Il faut rester vigilant, il y va de
notre avenir démocratique.
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