vendredi 14 novembre 2014

L’Etat mafieux mexicain massacreur de jeunes


Le massacre de 40 jeunes étudiants mexicains le 26 septembre dernier est passé quasiment inaperçu en Europe.
Qui sait que plus de 10 000 personnes meurent chaque année dans ce pays d’Amérique centrale, victimes du crime organisé ? 80.000 Mexicains ont péri depuis 2006. La violence due aux cartels ne cesse de progresser.
Le Mexique vit aujourd’hui dans un chaos politique. Assassinats quotidiens, corruption, enlèvements, trafic de drogue, raquette généralisée, économie orientée vers la prédation du pays. Tous ces méfaits rythment la vie locale, dans un Etat où la violence politique ne cesse d’augmenter.
Chaque année des milliards de dollars s’évadent du Mexique, blanchis par les grandes banques internationales, telle HSBC. Ils sont transférés dans les paradis fiscaux, pour repartir ensuite dans l’économie mondialisée. Il est maintenant prouvé que les liens entre les cartels de la drogue ayant pignon sur rue au Mexique et les banques internationales, ont permis de recycler des milliards vers les Etats-Unis et l’Angleterre.

Mais ce nouveau massacre de jeunes mexicains a peut-être été le massacre de trop.
Rappelons les faits : le 26 septembre 2014, quarante-trois étudiants sont arrêtés par la police municipale de la ville d’Iguala, dans l’Etat de Guerrero, suite à une manifestation. Aujourd’hui, toujours aucune trace d’eux, si ce n’est la découverte dans six fosses communes de 28 corps semi-calcinés portant des marques de tortures, et les aveux d'un mafieux qui déclare avoir exécuté ces étudiants sous les ordres de la police. Cette affaire révèle l’infiltration des forces de police locales par les réseaux mafieux.
Les élus politiques de la ville seraient eux aussi corrompus.

Les étudiants qui manifestaient contre la mafia sont tous issus de milieux pauvres. Certains étudiants affirment que police aurait tiré à bout portant sur les manifestants. Face à cette situation, un grand mouvement de solidarité envers ces 43 étudiants s’est levé au  Mexique et dans d’autres pays d’Amérique latine. De nombreuses manifestations se déroulent actuellement.

Le Mexique souffre d'une véritable décomposition du tissu social. L’Etat est le principal responsable de cette situation dramatique. Alors qu’il devrait d'être le garant de l’état de droit et de la loi, il s'est érigé en criminel et en mafieux en violant systématiquement la loi.

Ajoutons à cela que comme la plupart des Etats dans le monde, le Mexique est entré par ses multiples réformes dans une période néolibérale : réduction de l'appareil d'Etat à sa plus simple expression militaire et policière en grande partie corrompue, privatisation à outrance du patrimoine public, ouverture des marchés, abdication de l'autorité publique face à l'initiative privée, mais aussi face aux organisations criminelles.
La domination actuelle des groupes criminels ne s'explique pas seulement par leur stratégie de corruption et d'infiltration des institutions gouvernementales. Mais par une complicité objective de l’Etat.
Elle s’explique par l’abandon de ses missions dû à une logique libérale destructrice et prédatrice qui l’a conduit à renoncer à ses prérogatives les plus élémentaires, notamment la garantie de la sécurité, l'intégrité physique et la vie de la population. Cette même logique a fait le lit de nouvelles formes de criminalité, sur fond de hausse de la pauvreté, du chômage et de la marginalité.
Face à cette carence historique qui met en danger notre société,  les mouvements populaires doivent devenir les agents d'un changement révolutionnaire indispensable.
François Baudin


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