Le massacre de 40 jeunes
étudiants mexicains le 26 septembre dernier est passé quasiment inaperçu en
Europe.
Qui sait que plus de 10 000
personnes meurent chaque année dans ce pays d’Amérique centrale, victimes du
crime organisé ? 80.000 Mexicains ont péri depuis 2006. La violence due aux cartels ne
cesse de progresser.
Le Mexique vit aujourd’hui dans
un chaos politique. Assassinats quotidiens, corruption, enlèvements, trafic
de drogue, raquette généralisée, économie orientée vers la prédation du pays.
Tous ces méfaits rythment la vie locale, dans un Etat où la violence politique
ne cesse d’augmenter.
Chaque année des milliards de
dollars s’évadent du Mexique, blanchis par les grandes banques internationales,
telle HSBC. Ils sont transférés dans les paradis fiscaux, pour repartir ensuite
dans l’économie mondialisée. Il est maintenant prouvé que les liens entre les
cartels de la drogue ayant pignon sur rue au Mexique et les banques
internationales, ont permis de recycler des milliards vers les Etats-Unis et
l’Angleterre.
Mais ce nouveau massacre de
jeunes mexicains a peut-être été le massacre de trop.
Rappelons les faits : le 26
septembre 2014, quarante-trois étudiants sont arrêtés par la police municipale
de la ville d’Iguala, dans l’Etat de Guerrero, suite à une manifestation.
Aujourd’hui, toujours aucune trace d’eux, si ce n’est la découverte dans six
fosses communes de 28 corps semi-calcinés portant des marques de tortures, et les aveux d'un mafieux qui déclare avoir exécuté ces étudiants sous les ordres de la police. Cette affaire révèle
l’infiltration des forces de police locales par les réseaux mafieux.
Les élus politiques de la ville
seraient eux aussi corrompus.
Les étudiants qui manifestaient
contre la mafia sont tous issus de milieux pauvres. Certains étudiants affirment que police aurait tiré à bout portant sur les manifestants. Face à cette situation, un grand
mouvement de solidarité envers ces 43 étudiants s’est levé au Mexique et
dans d’autres pays d’Amérique latine. De nombreuses manifestations se déroulent
actuellement.
Le Mexique souffre d'une
véritable décomposition du tissu social. L’Etat est le principal responsable de
cette situation dramatique. Alors qu’il devrait d'être le garant de l’état de
droit et de la loi, il s'est érigé en criminel et en mafieux en violant
systématiquement la loi.
Ajoutons à cela que comme la
plupart des Etats dans le monde, le Mexique est entré par ses multiples
réformes dans une période néolibérale : réduction de l'appareil d'Etat à sa
plus simple expression militaire et policière en grande partie corrompue,
privatisation à outrance du patrimoine public, ouverture des marchés, abdication
de l'autorité publique face à l'initiative privée, mais aussi face aux
organisations criminelles.
La domination actuelle des
groupes criminels ne s'explique pas seulement par leur stratégie de corruption
et d'infiltration des institutions gouvernementales. Mais par une complicité
objective de l’Etat.
Elle s’explique par l’abandon de
ses missions dû à une logique libérale destructrice et prédatrice qui l’a
conduit à renoncer à ses prérogatives les plus élémentaires, notamment la
garantie de la sécurité, l'intégrité physique et la vie de la population. Cette
même logique a fait le lit de nouvelles formes de criminalité, sur fond de
hausse de la pauvreté, du chômage et de la marginalité.
Face à cette carence historique
qui met en danger notre société, les mouvements populaires doivent devenir les agents d'un changement révolutionnaire
indispensable.
François Baudin
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