La venue du pape François à
Strasbourg cette semaine a été l’occasion de reposer la question de la vocation
de l’Europe.
Pourquoi l’Europe ? A quoi
sert-elle ?
Cette même semaine, répondant à
l’appel de toutes les organisations syndicales, les travailleurs grecs se sont
mis en grève générale pour dire non à l’accord européen. Ils se sont
opposés au mur financier qui sépare l’Europe entre le Sud et le Nord et impose
sur presque tout le continent des plans d’austérité qui ne font qu’aggraver la
crise et rendre les peuples de plus en plus pauvres.
La Belgique était descendue dans
les rues de Bruxelles quelques jours auparavant pour les mêmes raisons, et
aussi l’Espagne, et encore l’Irlande où l’exaspération d’une population est à
son comble.
Hier on apprenait que la France
compte depuis fin octobre 28 500 demandeurs d’emploi de plus, atteignant ainsi
le triste record jamais égalé de 3 500 000 chômeurs. Le nombre de
chômeurs européens est estimé à 25 millions.
Partout en Europe, l’emploi, les salaires,
les dépenses de santé et les dépenses d’éducation sont devenus les variables
d’ajustement face à la crise financière et au déficit.
Le projet européen de paix, de
prospérité, de partage, de solidarité et d’échange entre les peuples, est-il en
train d’être définitivement enterré devant les souhaits de la finance
internationale et face aux impératifs des taux d’intérêts. L’obligation de
servir des dividendes toujours plus importants est-il devenu la seule politique
possible ?
Les grands idéaux européens,
idéaux universels qui ont été guidés par l’idée du Bien commun et du bonheur des
peuples, n’ont-ils pas succombé face aux intérêts particuliers ?
Les grands idéaux de paix pour
une Europe traversée par tant de guerres, n’ont-ils pas disparu face à un esprit
de concurrence, de rivalité et de zones d’influences à gagner, notamment vers
l’Est du continent ?
Les grands idéaux de dignité
humaine n’ont-ils pas cédé devant la peur ?
Le repliement d’un continent qui
se considère aujourd’hui comme une forteresse devant se protéger des misères
d’un monde campant à ses portes, en est le signe évident.
N’oublions pas que l’Europe, de
part son histoire et son actualité, est en partie responsable de cette même
misère. Elle a une dette vis-à-vis du monde.
L’Europe telle qu’elle évolue,
n’est-elle pas devenue une immense bureaucratie technique au service d’intérêts
particuliers, de lobbys de plus en plus puissants, au service d’une oligarchie
antidémocratique ?
Devant toutes ces démissions, il
est relativement aisé de comprendre que l’Europe soit aujourd’hui en proie à de
très grandes difficultés.
Un danger extrémiste risque de
déferler sur notre continent, faisant reculer pour des décennies le projet
initial de paix, de bien commun, de fraternité et d’accueil.
Aujourd’hui l’idée même d’Europe
est devenue une idée que beaucoup condamnent, parce que l’image que les hommes
politiques et responsables européens lui ont donnée, est devenue une image
négative où la personne humaine est passée au second plan derrière des intérêts
privés, derrière les lois du marché qui ne sont, de fait, que les lois de ceux
qui dominent le marché.
Les peuples européens aspirent à
autre chose que ce qui leur est actuellement proposé. Ecoutons-les, lorsque
parfois ils s’expriment à Dublin, à Bruxelles, ou encore cette semaine à
Athènes.
François Baudin
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