On nous répète tous les jours que
la situation économique exige de prendre des décisions douloureuses. Des
sacrifices sont demandés à la population, une politique de rigueur voire
d’austérité est mise en œuvre dans tous les pays et notamment en France. Il
n’est pas un jour sans que les médias nous expliquent qu’une chasse aux
fraudeurs est indispensable pour redresser les comptes sociaux.
Ainsi cette semaine, la cour de
justice européenne a confirmé que les Etats membres de l’Europe pouvaient
refuser l’octroi d’aides sociales aux ressortissants d’un autre pays européen
installés sur leur territoire mais ne cherchant pas de travail.
Ce rappel de l’Europe a servi de
prétexte pour relancer « une chasse aux migrants soupçonnés de profiter de
la « générosité » de la sécurité sociale », nous dit la
quotidien l’Humanité dans sa livraison
du Week-end. On parle ainsi de tourisme social. De migrants qui contribuent
fortement à pomper les caisses.
En réalité selon l’OCDE, il
s’agit d’un fantasme ou d’un mensonge, car les migrants européens ne
représentent que 1 à 5 % des bénéficiaires de prestations sociales. 1% pour le
chômage.
En fait le tourisme social est
une vue de l’esprit, une légende avancée par les politiques pour satisfaire et
même souvent développer au sein des opinions publiques, xénophobie et racisme.
Cette politique est porteuse d’un réel danger pour la paix sur notre continent,
lorsqu’un vent mauvais se met à souffler.
Par contre cette semaine on a à
nouveau eu la confirmation que le tourisme fiscal se porte bien. Chaque année des
milliards d’euros sont détournés des caisses des Etats.
Les migrants ou les globes
trotteurs fiscaux existent bel et bien. En France l’évasion fiscal coûte entre
50 et 80 milliards d’euros par an à l’Etat. A l’échelle mondiale on estime que
les sommes oscillent entre 17 000 et 26 000 milliards. La perte
s’élève à 1000 milliards chaque année en Europe.
On a du mal à imaginer ce que ça
représente.
Pour que des sommes pareilles
soient détournées, il doit bien y avoir des complicités : tout d’abord
celle des grandes banques. On peut dire que toutes les banques contribuent à
cette évasion.
Mais aussi les hommes politiques
et les gouvernants. Notamment ceux qui gouvernent des paradis fiscaux. On pense
immédiatement au Luxembourg, si proche de notre région, dont l’ancien Premier
ministre Juncker dirige aujourd’hui la commission européenne.
Le Luxembourg à lui seul
constitue un vrai scandale. Il y a quelques jours un collectif de journalistes
a démontré que 350 multinationales ont réduit voire annulé leurs impôts suite à
des accords secrets passés avec l’administration fiscale du Grand Duché. On ne
peut pas imaginer une seule seconde que l’actuel président de la commission européenne
et ancien Premier ministre, Juncker, n’était pas au courant de telles tractations
visant à éviter l’impôt. Entre 2002 et 2010 des milliards d’euros ont échappé
au budget français pour se retrouver dans les banques luxembourgeoises.
Cette semaine dans la revue « Alternatives
économiques », la question de savoir qui sont les vrais fraudeurs nous est
posée.
Sont-ils les chômeurs, ceux qui
abusent des prestations sociales comme semblent nous le dire les gouvernants
européens, avec tous les risques de dresser une partie de la population contre
une autre ?
Non, les grands et vrais
fraudeurs sont d’abord les entreprises qui cherchent par des moyens plus ou
moins légaux à échapper à l’impôt.
Actuellement les choses sont en
train de légèrement changé. Espérons le. Mais peut-on faire confiance au
président de la commission Junker pour que ça aille vite dans la réforme
fiscale ?
Si les peuples européens sont
prêts à comprendre que des efforts sont nécessaires, une meilleure solidarité
ne contribueraient-elles pas à les faire mieux accepter ?
D’ailleurs si une véritable
justice fiscale et sociale était mise en œuvre, des efforts supplémentaires
seraient-ils vraiment nécessaires pour l’ensemble de la population victime de
la crise ?
Probablement pas !
François Baudin
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