Plus de 3300 personnes dont
beaucoup de femmes et d’enfants sont mortes noyées en Méditerranée au cours des
10 premiers mois de 2014.
Depuis l’an 2000, 22000 êtres humains, on parle
même de plus de 40000, ont disparu en mer, au large de la Libye, de
l’Egypte, de l’Italie ou de la Grèce.
La Méditerranée est devenue le tombeau
où disparaissent des habitants des régions pauvres de la planète. C’est le prix
à payer pour le passage. La mort est au rendez-vous du
voyage.
Cette année le tribut a été plus
lourd que jamais. L’année 2014 a été la plus meurtrière.
L’épopée d’Ulysse en son
l’Odyssée prend à notre époque des allures de drames humains et de scandale que
les gouvernants de l’Europe veulent nous cacher soigneusement. Ce poème épique
d’Homère qui compte parmi les chefs d’œuvre fondateurs de l’Europe, de ce qu’on
nomme la civilisation européenne, devrait être revu et corrigé et nous raconter
l’horreur d’un voyage d'où on ne revient pas.
Cet afflux de migrants
sur le rives occidentales de la Méditerranée est le reflet de la situation du
monde : guerres dont la responsabilité principale revient à l’Europe et
plus globalement à l’Occident, crises et misère dues au pillage des ressources organisé par les grandes puissances au services des entreprises multinationales.
Face à ce drame de l’immigration,
l’Italie en 2013 avait mis en œuvre l’opération Mare Nostrum. 32 navires appuyés par des hélicoptères, des drones
et des avions furent mobilisés pour sauver des vies humaines de la noyade.
En un an, selon les autorités
italiennes, plus de 100 000 migrants ont pu être sauvés des eaux. Mais un
tel dispositif coûtait trop cher pour la seule Italie. L’Europe n’ayant jamais
accordé aucune aide.
L’Italie ne pouvait pas porter
seule la charge de sauver des vies en méditerranée. Elle a donc mis fin à cette
opération de sauvetage.
Depuis le 1er
novembre, l’opération Mare Nostrum
est remplacée par l’opération Triton
pilotée par l’Agence de sécurité européenne Frontex. Ce changement est
simplement le signe d’une orientation de plus en plus répressive de la
politique européenne. Triton est le joli nom d’un
contrôle renforcé aux frontières maritimes de l’Europe du Sud.
Dans
le système mondialisé actuel, les marchandises, les capitaux circulent sans contrainte
et sans contrôle. Mais pour les hommes et les femmes c’est autre chose. Alors
que nous Européens, nous nous permettons de voyager dans le monde entier comme touristes
et aussi parfois comme militaires en opération, presque tous les habitants
de la planète sont interdits de circulation.
L’Europe
est devenue cette forteresse ouverte à tous les vents de la marchandise et des
capitaux, mais fermée aux hommes et aux femmes qui sont les victimes de cette
même politique d’ouverture mondialisée du marché.
Cette
armée de pauvres qui campent et meurent aux portes des pays riches est
considérée comme une menace et aussi comme une armée de réserve dont on dispose
telle une marchandise permettant de mener une pression économique sur les
salariés de nos pays.
Il faut absolument sortir de
cette vision qui considère l’immigré comme une menace ou une marchandise à notre
disposition.
Il faut sortir de cette
opposition, artificiellement créée, entre migrants et nationaux, car notre humanité
est commune face à une mondialisation qui transforme l'homme marchandise ;
une marchandise qu’on peut laisser périr au large de nos côtes méditerranéennes.
François Baudin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire