vendredi 25 septembre 2015

L’entreprise et la loi !

Comment qualifier l’acte commis par les dirigeants de Volkswagen ? Employer tel mot à la place de tel autre, c’est déjà choisir la façon dont vous allez considérer ce scandale. Est-ce une tricherie, une escroquerie, une tromperie, une fraude, une supercherie, du vol ? Vol punissable par la loi !

Est-ce une simple affaire, ce que certains experts appelle un accident industriel. Accident d’ailleurs vite oublié, comme nous avons oublié l’entente entre les banques sur la place de Londres pour tromper ses clients et les Etats, comme nous avons oublié les nombreuses tromperies meurtrières sur des médicaments fabriqués par des laboratoires, comme nous avons oublié les secrets mortifères de l’industrie chimique, de l’industrie agro alimentaire et ses milliers de poisons mis sur le marché...
Il semble bien que ce sont tous les secteurs industriels qui ont triché, qui trichent encore et qui tricheront pour gagner encore plus d’argent.

Depuis plusieurs jours la planète économique et industrielle est en émoi. Les bourses s’affolent. Les hommes et les femmes politiques jouent l’indignation.

Quoi ! Un des premiers fleurons industriels allemands, première entreprise mondiale du secteur automobile, représentant le sérieux et la qualité allemande, das Auto, qui d’après tout le gratin d’experts économiques fait le succès d’une société orientée uniquement vers la libéralisation des échanges, Volkswagen, oui Volkswagen a triché, a menti, a trompé les pouvoirs publics, a menti à ses clients, probablement aussi à un grand nombre de ses propres salariés qui se trouvent maintenant véritablement en danger, celui de perdre leur emploi.

Une entreprise s’est moquée comme d’une guigne des normes écologiques permettant de lutter contre la pollution, notamment la pollution due au diesel, cette invention d’un ingénieur allemand.
Si une entreprise a pu nous mentir à ce point, c’est probablement parce qu’elle s’en sentait intérieurement le droit. Qu’elle pouvait le faire. Que c’était légitime. Que son intérêt particulier devait passer avant l’intérêt général.
Alors on est en droit de douter d’un système qui n’a que faire de la morale, de la santé public et du bien commun.

Quand on laisse faire l’entreprise, celle-ci devient vite une zone de non droit. Un monde où c’est la loi du plus fort, du plus malin qui domine. Un monde de la concurrence de tous contre tous.
D’ailleurs la volonté farouche actuelle des dirigeants de sociétés privées aidées par de nombreux hommes politiques de réformer le code du travail en France dans le sens de sa disparition pure et simple renforce encore cette idée : l’entreprise doit se libérer de tout carcan, de tout contrôle et les pouvoirs publics doivent la laisser travailler comme bon lui semble.
Alors que sans cesse les entreprises demandent, exigent même des subsides, des aides nombreuses, des exonérations multiples, des privilèges toujours en augmentation, celles-ci ne doivent subir aucun contrôle de l’Etat !
Aujourd’hui l’idée dominante est de dire : moins il y a de contraintes, de contrôles sur l’économie, plus on libère l’entreprise de ses chaînes, de ce qui l’entrave, et plus on créé de la richesse et de l’emploi.
Chaque jour on se rend compte que cette idée est fausse, et que c’est même l’inverse qu’il faudrait dire.
Le bien commun exige que nous allions à contre courant de l’idéologie dominante du libéralisme qui ne mène qu’au désordre, à la guerre de tous contre tous, à la pauvreté, au non droit, aux crises sans cesse répétées comme si le système en vivait, s’y nourrissait.


François Baudin

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