La démocratie face au
terrorisme : tel est le sujet suite au discours prononcé par François
Hollande jeudi dernier devant la Fondation Jean Jaurès.
Ce type de discussion sur la
démocratie a déjà eu lieu aux Etats-Unis après les attentats de septembre 2001.
Souvenons-nous que ce débat s’est soldé très rapidement par le « patriot
act » : loi
antiterroriste votée par le Congrès des États-Unis et signée par George W. Bush
le 26 octobre 2001. Quelques semaines à peine après le 11 septembre.
Dans
la pratique cette loi américaine formalise des statuts spéciaux pour certains
citoyens américains et étrangers considérés comme combattant ennemi et
combattant illégal, ce qui permet au
gouvernement de détenir sans limite et sans inculpation toute personne
soupçonnée de projet terroriste. Elle s’accompagne aussi d’un droit de ce qu’il
faut bien appeler torture :
interrogatoire musclé, même très musclé visant à détruire la personnalité du
suspect.
La
loi autorise aussi les services de sécurité à accéder aux données informatiques
détenues par les particuliers et les entreprises, sans autorisation préalable
et sans en informer les utilisateurs. L’arsenal juridique mis en place s’est donc accompagné d’une
surveillance généralisée pour la population américaine.
Or, tous
ces dispositifs sont déjà, ou presque, mis en place actuellement par le
gouvernement français. Lois antiterroristes, mesures sécuritaires, dispositifs législatifs
nouveaux, tous cela a été voté par le Parlement, surtout depuis la présidence
hollande.
La
surveillance généralisée est là et se développe légalement.
L’état
d’urgence qui devient un état permanent en France, voté et revoté après chaque
attentat, s’installe de notre paysage démocratique et vient l’assombrir.
Un
projet de déchéance de nationalité pour certains Français a failli être voté, mais
devant les difficultés juridiques et constitutionnelles pour le faire passer,
le président Hollande a dû renoncer.
A
l’époque il ne s’agissait pas d’un renoncement pour des raisons de droits
démocratiques, de libertés et d’égalité devant la loi, mais bien d’une
difficulté pratique constitutionnelle. Ce projet de déchéance de nationalité n’aurait
jamais pu obtenir une majorité suffisante pour passer au Parlement. Le
gouvernement a dû renoncer avant même de le présenter.
Donc
sur ce sujet de la démocratie face au terrorisme, le président Hollande a déjà
une longue pratique qu’il a confirmée suffisamment et reconfirmée.
Comment
comprendre alors le discours de jeudi dernier sur la démocratie face au
terrorisme ?
Comment
comprendre que le Président dise par exemple à propos de l’état
d’exception que :
« L’histoire nous enseigne que, face à des périls bien plus
graves, c’est quand la République a tenu bon qu’elle s’est élevée et c’est
quand elle a cédé qu’elle s’est perdue »
Mais
l’état d’urgence est un état d’exception. L’état d’exception est bel et bien
une réalité en France depuis François Hollande, même si la plupart d’entre
nous, dans notre vie quotidienne, ne sommes en aucune façon touchés par cette
exception.
Donc à
quoi peut bien servir ce discours prononcé par un homme qui sur de nombreux
sujets est en contradiction avec lui-même ?
Il
semble qu’il relève plus d’une stratégie électorale dont le but est de séduire
et capter une partie d’un électorat perdu depuis que ces projets et ces lois
ont vu le jour.
On peut
donc s’interroger sur la sincérité d’un tel discours.
Or sur
ces sujets touchant la démocratie, les libertés et l’égalité des citoyens, il
ne peut y avoir d’ambiguïté ; ambiguïté qui semble-t-il sera encore entretenue
au cours de la campagne électorale qui s’annonce.
François
Baudin
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