La question de la laïcité hante
la France depuis des années. Et au cours des mois qui viennent, nous verrons le
débat se poursuivre de manière intense, notamment lors de la campagne pour les
élections présidentielles où chacun des candidats devra s’exprimer, donner son
point de vue, et pour certains proposer des évolutions plus répressives de la
loi de 1905.
On peut même penser que d’autres feront
de la question religieuse, la question principale car ils la renverront à un
des éléments essentiels de notre identité. L’identité de la France pouvant
alors se résumer à l’interdiction publique de la religion musulmane.
Donc trois interrogations
apparaissent en cette rentrée 2016 : quelle laïcité pour la France ?
Faut-il changer quelque chose dans la loi ? Et troisièmement la question
de la religion, est-elle la question principale aujourd’hui dans notre pays ?
L’Etat ne reconnaissant aucune
religion, aucun culte, mais garantissant à tous la liberté de croire ou de ne
pas croire, on aurait pu penser dans ces conditions que cette question était
aujourd’hui réglée.
Alors pourquoi tant de polémiques puisque
la laïcité a été conçue pour justement apaiser les conflits entre les Français,
et construire ainsi entre tous les citoyens une égalité qui permette à chacun
de vivre sa foi en toute tranquillité et dans le respect de la foi des autres.
C’est à la faveur d’évènements
qui viennent régulièrement ponctuer l’actualité, par exemple cet été le port du
burkini sur les plages, que la polémique s’enflamme, faisant la Une des
journaux pendant des semaines.
Nous devons tout d’abord rappeler
que cette question vestimentaire n’est pas nouvelle : dès avant 1905, elle
s’était déjà posée pour le législateur. Fallait-il alors interdire les soutanes
dans les rues, interdire aux religieuses le port de leur robe et de leur voile
dans l’espace public.
Après de vives discussions, c’est
la liberté vestimentaire qui a prévalu : la liberté de croire et de ne pas
croire devait obligatoirement s’étendre à la liberté vestimentaire dans l’espace
public. En aucun cas la loi de 1905 devait être liberticide, sinon le danger
était grand de voir naître des conflits sans fin.
La loi de 1905 est une loi de
liberté. Ainsi dans l’espace public les processions religieuses lors de fêtes
catholiques comme la Fête Dieu ou les Pardons en Bretagne, continuèrent d’être
autorisés.
Alors pourquoi cette
polémique ?
Même si beaucoup, et notamment
beaucoup des femmes pensent avec raison que c’est la condition féminine qui est atteinte
par des modes vestimentaires prônées par certains musulmans, faut-il pour
autant interdire ?
En un mot l’interdiction du
burkini n’est pas la solution, bien au contraire elle ne fait qu’attiser la
haine et provoquer la division entre les Français.
Ne cache-t-elle pas en définitive
une volonté d’exclure de la communauté française des millions d’individus,
devenant en quelque sorte des boucs émissaires.
Si on veut rétablir un peu de
calme et de réflexion, il est probablement urgent de ne rien faire relativement
à la loi de 1905, et ainsi ne pas agiter nos esprits, ne pas mettre de l’huile
sur le feu et nous diviser.
La question religieuse est-elle
la question principale dans notre pays ?
Quel est le lien entre une
religion et les tueries de masse que nous avons vécues au cours des derniers
mois ? On devrait bien se pencher sur cette question.
Ne s’agit-il pas plutôt d’une
instrumentalisation de la religion et de symptômes morbides de notre société en
déroute, uniquement orientée vers des valeurs individualistes de réussite,
alors que cette même société est en réalité une machine à exclure, à laisser
sur le bord du chemin des millions d’être humains.
Voilà en fait la question
principale que les candidats à la présidentielle devraient méditer :
Comment faire pour que notre société, notre République n’exclue pas des
millions d’individus qui sont en définitive ses enfants. Il y a urgence, car
certains d’entre eux peuvent devenir des monstres.
François Baudin
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