La
loi El Khomeri sur la réforme du code du travail passée à coup de 49.3 au cours
de l’été est probablement le projet de trop pour un quinquennat finissant.
Sera-t-il la goutte d’eau qui fait basculer l’opinion des salariés ? Sera-t-il
la dernière erreur commise par un gouvernement en fin de mandat ?
Cette
loi, personne n’en veut et nous verrons très bientôt les effets néfastes
qu’elle va provoquer dans le monde du travail : licenciements,
augmentation de la durée du travail sans augmentation de salaire, détérioration
des conditions de vie des salariés.
Pourtant,
alors qu'augmentent la pauvreté, l’exclusion, les licenciements de masse
comme à Belfort chez Alsthom cette semaine, le chômage des jeunes et des plus
âgés qui sont le lot quotidien de millions de Français, oui malgré cette
réalité, la question économique et sociale n’a pas réussi à chasser à l’arrière
plan de l’actualité les débats sur l’identité, le fanatisme religieux, la
sécurité ?
Mais
le malaise en France est profond parce que les vraies questions ne sont jamais
posées.
Le
port du burkini, ce vêtement de plage que certains élus ont voulu interdire,
est resté le souci principal des médias au cours de l’été alors que les
questions sociales et écologiques sont si pressantes.
Il
est urgent de réinventer la politique au moment où l’horizon va être bouché des mois durant par l’échéance présidentielle avec son jeu de candidats
démagogues.
Car
en définitive ce qu’on nomme la tentation identitaire, le terrorisme, le fanatisme
religieux, ne sont tout compte fait que des symptômes ou des conséquences des
difficultés économiques et sociales qui traversent le monde aujourd’hui.
Un
peu comme si toutes ces questions identitaires n’étaient là que pour cacher
l’essentiel qui est la cause de tous les maux actuels : la pauvreté
grandissante et l’exclusion d’une partie de plus en plus importante de la
population, la précarité placée comme unique horizon pour la jeunesse, la
défiance à l’égard des salariés.
Depuis
une vingtaine d’années, on veut faire croire à l’opinion publique qu’en
libérant les entreprises de toutes contraintes, de tout contrôle, en rendant
précaire de plus en plus de monde, en sous-payant les salariés, en augmentant
la durée du temps de travail, en intensifiant la productivité, en méprisant toutes les revendications, en les considérant comme
infondées et même dangereuses pour l’avenir des entreprises, oui on veut faire
croire que tout cela gène le développement
économique, empêche la croissance, et en définitive provoque encore plus de chômage et de difficultés pour la population.
Ainsi
il est montré quotidiennement, notamment dans les grands médias, que les
salariés en France n’ont aucun courage, qu’ils ne comprennent pas les
difficultés des entreprises, qu’ils sont égoïstes, frileux et même pour la
plupart fainéants. Que ce sont des irresponsables prêts à sacrifier l’intérêt
général pour leur propre bien-être.
La
loi El Khomri résume en définitive toutes ces idées qui circulent depuis
tant d’années. L’idée selon laquelle les salariés en France sont les derniers
inadaptés de la société face au défi de la mondialisation.
Mais
le réveil sera difficile lorsque nous nous apercevrons dans quelques années, que
le droit du travail a définitivement disparu, que la France, nouveau désert
industriel et agricole, en proie au réchauffement climatique, est un pays tout
juste capable d’attirer quelques touristes surprotégés, à la recherche
d’exotisme.
François
Baudin
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